Vedette

gruau (n. m.)
[ɡʀyo]

Définition

Bouillie épaisse de flocons d'avoine que l'on sert chaude, général. au petit déjeuner.
Un bol, une assiettée de gruau.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[ɡʀyjo]
[ɡʀeo] (vieilli)
[ɡʀijo] (vieilli)
Citation(s) Référence(s)
On assure qu'il y a une personne [...] qui depuis plus de sept ans n'a mangé ni pain, ni viande, ni fruit, ni légumes, et n'a bû ni eau, ni bierre, ni eau-de-vie, ni rum, ni vin; toute sa nourriture (si l'on peut l'appeller ainsi) est un peu de gruau, après quoi elle boit un verre de Genevre [...].
1768, La Gazette de Québec, 5 mai, p. 1.
[presse, journaux, périodiques]
Après son gruau quotidien, le Capitaine Charles a revêtu son vieux veston, tâté la poche intérieure pour s'assurer que son cahier de mouches est bien là, et rempli son sac à tabac. Sur la véranda il a décroché ses deux lignes, puis il descend posément l'escalier.
1940, Sylvain, Dans le bois, p. 90.
[littérature]
Voici le café d'orge qui fume et le gruau raboteux, couleur de tweed, sous des ruisseaux de lait frais. Les toasts beurrés embaument. Le jeûne est rompu.
1975, A. Hébert, Les enfants du sabbat, p. 89.
[littérature]
Nous, nous trouvons délicieux le sirop d'érable, le beurre d'arachides et le gruau. Seulement ce sont des produits invendables dans beaucoup de pays. Le gruau par exemple ne se vend qu'en pharmacie en France sous le nom de «quaker».
1979, Le Devoir, 21 sept., p. 11.
[presse, journaux, périodiques]
Le matin avec son menu de gruau granuleux était arrivé sans que Jan ait eu le temps de se dévêtir. Il ouvrit les yeux et fut soulagé de constater que son mal de tête avait pâli en même temps que les étoiles.
1992, A. Cousture, Ces enfants d'ailleurs, t. 1, p. 316.
[littérature]

Synonyme(s)

Origine

Maintien d'un sens français ancien

Historique

Depuis 1768 (dès 1758 dans un récit concernant la Louisiane, en parlant d'une bouillie à base de maïs, v. Le Page du Pratz, Histoire de la Louisiane, t. 3, p. 345 : la Sagamité, qui est du Gruau cuit à l'eau ou au bouillon gras). Emploi attesté en français depuis le XVIIIe s., v. Ménage 1750 : «On appelle ainsi à Paris, en Anjou, au Maine, en Normandie, & en plusieurs autres lieux de France, la farine d'avoine, avec laquelle on fait une sorte de bouillie délicieuse, appellée aussi GRUAU»; de nos jours, encore relevé dans certains dictionnaires («plat à base de gruau», v. Robert 1985 et PRobert 1993) bien que cet emploi soit pour ainsi dire inusité (absent de TLF, de PLar 1993). Le sens de «bouillie» découle de celui de «grain d'avoine (ou d'une autre céréale) grossièrement moulu, sans trace de son», attesté en français depuis le XIIe s. (d'abord gruel, v. TLF; emploi attesté au Québec depuis 1690). La bouillie à base de gruau, qui occupe aujourd'hui peu de place dans l'alimentation des Français, a eu une importance plus grande jadis, v. par ex. Fur 1690 : «On fait de la bouillie excellente avec le gruau, en le faisant cuire dans du lait & fort lentement» (v. aussi Ménage 1650, Trévoux 1721-1771, Littré). Cette habitude alimentaire s'est mieux conservée dans les colonies (v. la remarque de Dupiney 1864 : «[Le gruau] remplace le pain dans les colonies. On en fait une bouillie qui se mange avec tous les mets [...]») ainsi que dans les pays anglo-saxons, ce qui explique qu'elle soit encore bien implantée au Québec.

Français de référence

Remarque(s)
Le mot gruau est peu usuel en France de nos jours; on le connaît en parlant du grain d'avoine (ou d'une céréale quelconque), mais surtout de façon passive; pour désigner le plat fait de flocons d'avoine, plat qu'on associe d'ailleurs souvent à une habitude anglo-saxonne, on dit soupe ou bouillie aux (de) flocons d'avoine, ou encore porridge.
Mot particulier
Emploi particulier par son statut (registre d'emploi, domaine d'emploi, fréquence relative ou connotation).
QU: 1251