Vedette

Abénaquis, ise (n. pr.)
[abenaki, iz]

Définition

Amérindien appartenant à une petite nation algonquienne établie principalement sur la rive sud du Saint-Laurent, dans la région du lac Saint-Pierre, mais qui était autrefois beaucoup plus nombreuse et vivait près de la côte atlantique, dans l'actuelle Nouvelle-Angleterre, où elle s'est vivement opposée à la colonisation anglaise avant de venir se réfugier près du Saint-Laurent et de ses alliés français.
Les Abénaquis d'Odanak et de Wôlinak (ancienn. de Saint-François et de Bécancour).
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

1. Abénakis, ise (plus rare de nos jours). 2. Ab(e)naquis, Ab(e)nakis (ancienn.). 3. Masculin en i et féminin en ie (parfois).

Variante(s) morphologique(s)

(Variantes du XVIIe s.) : Abnaquiois (parfois Abenaquiois, ou autres variantes graphiques chez Champlain); Abnaquinois (rare).
Citation(s) Référence(s)
(En appos.). Nous avons enchore une bande de cent cinquante sauvages abnaquis qui sont des peuples qui habitent pres de la nouvelle Angleterre. La Providence divine s'est servie pour le salut de ces pauvres ames abandonnées d'une cruelle guerre qui s'est allumée entre les nations des Loups, abnaquis, Socoquis et autres peuples et les Anglois de Boston et de toute la nouvelle Angleterre.
1676, dans RJ 60, p. 132.
[archives et textes anciens]
[ ... ] il fallait faire les derniers efforts pour empêcher qu'ils [ les Iroquois ] ne ruinassent les nations comme ils ont fait ci devant les Algonquins, les Andastaz, les Loups, les Abénaquis et autres dont nous avons les restes ès habitations de Sillery, de Laurette, du Lac Champlain et autres répandues parmi nous.
1682, dans RJ 62, p. 160.
[archives et textes anciens]
Les nations, les tribus, les villages se distinguaient par des armoiries. En 1736, les Abénaquis, de Saint-François et de Bécancourt, avaient pour signes héraldiques la tourterelle et l'ours; quelques familles avaient la perdrix et le castor.
1859, Fr.-X. Garneau, Histoire du Canada, 3e éd., t. 1, p. 92.
[études scientifiques]
Au sud, les Abénaquis étaient agriculteurs, complétant leur vivre par la pêche et la chasse. Avec leurs fourrures de qualité supérieure, les Montagnais pouvaient acheter chez eux le maïs et le tabac [ ... ]. Plus facilement que toutes les autres tribus du nord, ils pouvaient aussi trouver chez les Abénaquis une marchandise encore plus précieuse, [ ... ] celle que les Français appelleront porcelaine ou rassade, et les Anglais wampum.
1979, L. Campeau (éd.), Monumenta Novæ Franciæ, t.2, p. 82 (introduction).
[études scientifiques]
Ma mère, une Amérindienne de la tribu des Abénakis, avait rencontré mon père par l'entremise d'une amie et l'avait épousé contre le gré de la tribu. C'est pourquoi ils sont allés vivre à Montréal, où la belle Anaïs a toujours souffert du sobriquet de «sauvagesse», dont les voisins l'affublaient sans même se donner la peine de la connaître.
1990, M. Claudais, Comme un orage en février..., p. 291-292.
[littérature]
(Pour une variante). Ce Sauvage Erouachy nous dit qu'il avoit passé quelque mois parmy une natio[ n ] de Sauvages qui sont comme au midy de nostre habitation environ de 7. à 8. journées, appelés Obenaquiouoit, qui cultivent les terres, lesquels désiroient faire une estroitte amitié avec nous, nous priant de les secourir contre les Yrocois [ ... ].
1632, Les voyages de la Nouvelle France occidentale, dicte Canada, faits par le Sr de Champlain, 2e partie, p. 176.
[archives et textes anciens]
(Pour une variante graphique). Que si lesdits Abenaquioicts avoient desir de nous donner de leurs bleds d'Inde ou traitter [ ... ].
1632, Les voyages de la Nouvelle France occidentale, dicte Canada, faits par le Sr de Champlain, 2e partie, p. 191.
[archives et textes anciens]
(Pour la variante Abnaquinois). Le P. Druillettes arriva a la pointe de Lauzon avec Jean Guerin, apres bien des fatigues; retournans de la Nouvelle Angleterre & de la Mission des Abnaquinois.
1652, RJ 37, p. 94 (aussi RJ 36, 1651, p. 128).
[archives et textes anciens]

Origine

Emprunt d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) amérindien

Historique

Depuis 1676 (abnaquis; abénaquis, depuis 1682). D'un mot algonquien auquel on attribue généralement le sens littéral de «(ceux de la) terre de l'aurore, de l'est», attesté à la même époque sous la forme montagnaise wabanaki (et variantes) (v. Fabvre, s.v. 8abanA+ki, Silvy, s.v. 8abanatchi8, et Laure, s.v. Abénaqui; v. en outre HIC, s.v. Abnaki, et P.-A. Sévigny, Les Abénaquis : habitat et migrations (17e et 18e siècles), 1976, p. 17-18). La variante ancienne abnaquiois, attestée dès 1632, est sans doute d'origine montagnaise; Champlain l'emploie au moment où il rapporte les paroles d'un Montagnais, et sa façon d'écrire le mot (Abenaquioicts et Obenaquiouoit) semble rendre compte du pluriel du mot en montagnais (cp. 8abanA+ki8ek, selon Fabvre, et uabenatkiuets, selon Laure). Abénaquis figure dans bon nombre de dictionnaires français depuis Trévoux 1721 (d'abord sous la forme abnaquis). Le mot est passé en anglais sous les formes Abnaki et Abenaki (v. Mathews et Webster 1986; v. aussi HNAI 15, p. 159).

Avis et recommendation(s)

L'OLF a confirmé les orthographes abénaquis (au pluriel) et abénaquise (au féminin) dans une recommandation (v. OLFAvis-4, no 1656).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
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