Vedette

tourtière (n. f.)
[tUʀtˢjɜʀ]

Définition

Tourtière au lard ou tourtière au porc. Morceau, pointe de tourtière. Faire des tourtières pour les fêtes. (Vieilli) Tourtière canadienne.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

tourquière (parfois, jusqu'au milieu du XXe s., d'après une prononciation vieillie)
Citation(s) Référence(s)
[...] ces billots [sur lesquels les enfants prenaient leur repas] suppléaient dans l'occasion à la rareté des chaises; et servaient aussi à débiter et hacher la viande pour les tourtières (tourtes) et les pâtés des jours de fêtes.
1863, Ph. Aubert de Gaspé, Les anciens Canadiens, p. 409.
[littérature]
Pourquoi ça donc, mémère Angèle, que t'appelles-ça [sic] des tourquières, toi, des pâtés à la viande ? – Ben Dame, mes enfants, en v'là une question ? Pourquoi que tu t'appelles Alice, toi ? On appelle ça des tourquières parce que c'est des tourquières, quoi...
1925, Le Terroir, juin-juill., p. 36.
[presse, journaux, périodiques]
Ça s'appelle encore des tourtières, malgré que c'est fait avec de la viande ordinaire; à c't'heure, c'est rien qu'un pâté à la viande. Mais avant c'était pas de même. Il y avait des oiseaux qu'on appelait des tourtes, qu'étaient ce qu'y a de meilleur au monde à manger.
1938, Ringuet, Trente arpents, p. 111.
[littérature]
Il avait à peine grignoté la pointe de tourtière chaude, se contentant d'avaler le café qu'on leur servait sans lésiner cette nuit-là.
1975, A. Major, L'épidémie, p. 165.
[littérature]
[...] les tourtières connurent le triomphe absolu : dorées, odorantes, suintantes de graisse, elles étaient au dire de tout le monde dignes de la couverture d'une encyclopédie de madame Benoît.
1986, M. Tremblay, Le cœur découvert, p. 296.
[littérature]

Commentaire géolinguistique

Général sur tout le territoire du Québec à l'exception de Charlevoix et du Saguenay-Lac-Saint-Jean où l'on dit plutôt pâté à la viande, lequel est également employé un peu partout.

Origine

Maintien d'un sens parlers régionaux de France

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis 1841 (Maguire 170). Cet emploi a été critiqué au XIXe s. (de Maguire à Rinfret), ce qui révèle qu'il était répandu dès cette époque. Par ailleurs, les premières attestations font voir que le mot désignait aussi bien un mets salé qu'un mets sucré, d'où les appellations de tourtière à la viande (déjà chez Maguire), tourtière aux patates et tourtière aux oignons d'une part, tourtière aux pommes (également chez Maguire) et tourtière aux bleuets d'autre part, qui sont toutes vieillies de nos jours (v. les sens 03. à 05.). Il doit s'agir là d'usages anciens puisque l'ustensile appelé tourtière pouvait servir au XVIIe s. à faire des mets sucrés (Trente une tourtiere a biscuit, 25 avril 1689, gr. A. Adhémar, cité dans R.-L. Séguin, La civilisation traditionnelle de l'«habitant» aux 17e et 18e siècles, 2e éd., 1973, p. 626; cp. encore au XXe s. tourtière à gâteau, dans Le Soleil, 19 avril 1913, p. 14).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
QU: 1553