Vedette

traversier (n. m.)
[tʀavɛʀsje]

Définition

Vieux Personne dont le métier consistait à transporter d'une rive à l'autre (d'un fleuve, d'une rivière), au moyen d'une embarcation (le plus souvent un canot), des personnes, des animaux, des marchandises.
Traversier licencié. Les traversiers de la Pointe-Lévis.
[État des données: avancé]

Variante(s) morphologique(s)

(variante suff.) traverseux (rare)
Citation(s) Référence(s)
Nous continuâmes avec promptitude notre route, et de retour chez la bonne femme du traversier, là nous pûmes au moins avoir du lait, du pain et des grillades de lard, que nous mangeâmes de grand appétit et le plus lestement du monde : après quoi, on se chargea de notre petit bagage, on mit pied dans la barque, et, à 7 heures du soir, nous étions au bout de l'Ile, dans une espèce de petit village, où nous observâmes d'assez bonnes maisons.
1809, W. Berczy, dans Le Canada français, vol. 26, 1938, p. 389 (lettre).
[archives et textes anciens]
L'officier avait délié sa bourse, et les traversiers s'étaient élancés hardiment sur le fleuve, au refrain d'une chanson de voyageur. Leurs voix s'éteignirent bientôt; car, à mesure qu'ils avançaient, de gros glaçons, entraînés par un courant rapide, venaient frapper le canot, et menaçaient à chaque instant de le renverser. [...] Les canotiers faisaient des efforts inouïs pour avancer, l'eau se congelait sur les bords du canot qui devenait de plus en plus lourd, et l'aviron, revêtu d'une croûte de glace, échappait des mains des traversiers, engourdies par le froid.
1847, G. Lévesque, «Vœux accomplis», dans Album littéraire et musical de La Revue canadienne, janvier, p. 14.
[littérature]
Toute personne agissant comme traversier sur une traverse sous le contrôle du conseil municipal, sans licence obtenue du dit conseil, ou au-delà des limites prescrites dans telle licence, encourra une amende de vingt chelins courant pour chaque personne ou chose qu'elle aura ainsi traversée.
1855, Acte des municipalités et des chemins de 1855, p. 48.
[textes administratifs ou officiels]
La première année de leur mariage, ils louèrent une modeste maison sur le bord du fleuve, et comme il importait avant tout, à un homme marié, d'avoir une position sociale, Martin qui avait toujours beaucoup aimé l'aviron et la grand'rivière, et qui de plus, possédait deux canots, se fit traversier.
1859, P. Stevens, «Esquisses de mœurs», dans L'Écho du Cabinet de lecture paroissial de Montréal, 15 mai, p. 150.
[littérature]
Pendant ce colloque, Jules part comme un trait au devant de deux hommes s'avançant à grands pas, le long de la cathédrale, avec chacun un aviron sur l'épaule droite. L'un d'eux porte le costume des habitants de la campagne : capot d'étoffe noire tissée dans le pays, bonnet de laine grise, mitasses et jarretières de la même teinte, ceinture aux couleurs variées et gros souliers de peau de bœuf du pays, plissés à l'iroquoise. Le costume de l'autre est à peu près celui des deux jeunes voyageurs, mais beaucoup moins riche. Le premier, d'une haute stature, aux manières brusques, est un traversier de la Pointe-Lévis.
1863, Ph. Aubert de Gaspé, Les anciens Canadiens, p. 12-13.
[littérature]
(Pour la variante traverseux). Souvent, on devait naviguer dans un frasil épais [« masse de petits corps de glace»] et il fallait procéder à une manœuvre destinée à empêcher le canot de coller sur place; les traverseux lui communiquaient alors un violent mouvement de roulis, tout en continuant de travailler à l'aviron.
1969, J. Des Gagniers, L'Île-aux-Coudres, p. 99 et 102.
[littérature]

Synonyme(s)

canotier

Origine

Maintien d'un sens parlers régionaux de France

Historique

Depuis 1809; n'est plus attesté après 1910, sinon par référence au passé (par ex. chez F. Leclerc, Adagio, 1943, p. 10, qui fait parler un homme âgé : C'est moi qui étais traversier). Se rattache sans doute à un usage régional de France; cp. maître traversier «pilote» relevé dans un document saintongeais de 1772 (v. MussSaint). Traverseux, depuis 1969; cet emploi est sans doute ancien puisqu'on relève dans le même sens la variante traverseur en 1803 dans un document du Missouri : D[oi]t M[onsieu]r Aug[us]te Chouteau a J[ean-]B[aptis]te Belland, traverseur de S[ain]t-Charles, pour 2 traverses a M[onsieu]r Bellé, son fermier... 5 [livres]. (24 janvier, Saint Charles, Missouri Historical Society (Saint Louis), The Chouteau Collection).

Français de référence

Remarque(s)
On trouve dans le même sens le mot passeur (surtout dans des textes littéraires au Québec).
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