Vedette

adieu (interj.)
[adjø]

Définition

Région. Formule de salutation employée en abordant ou en croisant quelqu'un que l'on tutoie, en particulier un enfant.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Je lui dis : «Adieu, ça va, la vie ?»
1962, M. Ph. Meijer, Enquête sur le français d'enfants lausannois, thèse, p. 68.
[enquêtes]
Lorsqu'on salue un copain qui vient vous rendre visite, on a coutume de dire, en Suisse romande : «Adieu! Comment ça va ?» Le mot «adieu» est ainsi utilisé dans un sens d'accueil, et non pas seulement dans une idée de séparation.
1976, La Liberté, 14-15 août , p. 2.
[presse, journaux, périodiques]
[...] le cordial salut genevois: - Adieu técole [= toi], quand repars-tu ?
1993, La Suisse, 20 septembre.
[presse, journaux, périodiques]

Renvoi(s) à d'autres langues

Le mot est passé à la Suisse alémanique (SteinerLehnw), où on l'emploie couramment pour prendre congé.

Commentaire géolinguistique

Très courant. Connu. Connu. Connu. Peu connu.

Répartition

  • s03 - Valais
  • s02 - Vaud
  • s06 - Neuchâtel
  • s07 - Berne
  • s08 - Jura
  • s09 - + Franche-Comté
  • s10 - + Savoie

Origine

Emprunt d'un sens dialectes de France

Historique

Les plus anciennes attestations de adieu en Suisse romande remontent à 1808 (DeveleyVaud), 1820 (GaudyGen) et 1825 (GuilleDial). Selon A. Thibault (DRF), il s'agit d'un «calque de l'usage correspondant, ou emprunt à l'usage méridional dans les zones où cet emploi ne peut reposer sur le substrat dialectal», cet emploi se trouvant sur une large zone couvrant une grande partie des domaines francoprovençaux et d'oc (voir Francophonie). — DeveleyVaud 1808 nº 391; GaudyGen 1820, 1827; DeveleyVaud 1824; GuilleDial 1825, p. 5; PeterCacol 1842; HumbGen 1852; CalletVaud 1861; GrangFrib 1864; BonNeuch 1867; DupertuisVaud 1892; ConstDésSav 1902; SteinerLehnw 1921; Pier; GPSR 1, 119 s.v. adieu 1º; FEW 3, 58a, deus 2; BrunMars 1931; MiègeLyon 1937; MichelCarcassonne 1949, p. 11; TLF 1, 667ab; RLiR 42 (1978), p. 155; NouvelAveyr 1978; RézeauOuest 1984; BouvierMars 1985; GR dp. 1985; TuaillonSurv; GuichSavoy 1986; DurafHJura 1986; MartelProv 1988; SuireBordeaux 1988; CampsLanguedoc 1991; BoisgontierAquit 1991; BoisgontierMidiPyr 1992; «salut, bonjour; globalement connu» FréchetMartVelay 1993; «expression courante autrefois» RobezMorez 1995; «employé par tous les informateurs» FréchetAnnonay 1995; DSR 1999; «rég. (Sud de la France) bonjour ou au revoir»; DRF 2001.

Étymon du FEW

deus

Bilan métalinguistique

Adieu comme formule de salutation est abondamment critiqué dans les cacologies. Certains auteurs, tel Dudan, le taxent à tort de germanisme (voir Historique). — DeveleyVaud 1808, nº391; GaudyGen 1820; DeveleyVaud 1824, nº366; GuilleDial 1825, p. 5; GuilleNeuch 1829-32, p. 125; PeterCacol 1842; HumbGen 1852; CalletVaud 1861; GrangFrib 1864; DupertuisVaud 1892, p. 39; PludFranç 1918, p. 51; «germanisme» DudanFranç2, p. 49; DudanFranç4, p. 35

Français de référence

Équivalent(s)
salut
Remarque(s)
Adieu est concurrencé en SR par les formes du français de référence bonjour, bonsoir et surtout salut (qui, comme adieu, est restreint au tutoiement). — Adieu était non marqué en France jusqu'à la fin du XIXe siècle (v. Littré; cf. TLF 1, 667ab : «Au revoir dont Littré ne parle pas sous adieu, l'a peu à peu supplanté du moins dans l'usage courant, adieu étant réservé à la séparation définitive au ton quelque peu sollennel ou d'une intense affectivité.) Le sens de «salutation employée en prenant congé de quelqu'un qu'on ne pense plus revoir» est aussi connu en Suisse romande, cf. Citations, sens 02. (IttCons 1970) qui joue sur les deux emplois du mot.
Mot particulier
Emploi particulier par son statut (registre d'emploi, domaine d'emploi, fréquence relative ou connotation).

Francophonie

Commentaire(s) intrazone
FRANCE: L'emploi de adieu pour au revoir et pour bonjour est attesté sur une grande partie du domaine galloroman : en plus de la Suisse romande, on le rencontre dans le Haut-Jura, en Savoie, dans tout le Midi et jusqu'en Charente-Maritime. Rézeau précise que l'on trouve ce mot «surtout au sud d'une ligne allant des Charentes au Haut-Doubs par la Dordogne, le Lot, l'Aveyron, la Lozère, la Haute-Loire, le Rhône, l'Ain et le Jura» et le note comme familier (DRF 2001).
SU: 17247