Vedette

Brandons (n. m. pl.)
[bʀɑ̃dő]
Parfois avec minuscule.

Définition

Région. Fête traditionnelle, à l'époque du Carnaval, lors de laquelle on met le feu à un mannequin, dit Bonhomme Hiver, pour célébrer la fin de la saison hivernale.
La fête des Brandons, le feu des Brandons, le dimanche des Brandons, le journal satirique des Brandons, le bal des brandons.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
La malice existe, rusée, amusée, cruelle, et même sévère elle fait rire. Malice des surnoms, malice des jeux, et celle du Redzipet [journal satirique] des Brandons de Payerne, dont chacun a peur dans la Broye, malice des chansons, des insinuations, des traquenards.
1969, J. Chessex, Portrait des Vaudois, p. 57.
[littérature]
Après la Réformation, les pasteurs virent du plus mauvais œil les réjouissances carnavalesques. Par des lois consistoriales de Berne, notamment en 1640, on tenta de mettre de l'ordre à ces «excès»: «Defendons les feux et masquerades payennes qu'on faisait le jour des Brandons». Dans une large mesure, le but fut atteint. Le rite des flambeaux disparut des villes, mais se maintint jusqu'à notre siècle en quelques régions, telles le Jorat ou le pied du Jura. Ces «brandons» sont au cœur de la tradition vaudoise du carnaval.
1984, Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud, vol. XI, Vie quotidienne 2, p. 215.
[études scientifiques]
Les Brandons ont attiré enfants et parents. Alors que les premiers perpétuaient la tradition en tournant [= en faisant tournoyer] les fèyes enflammées, afin de repousser l'hiver pour de longs mois, les seconds sympathisaient autour du feu ou de la cantine.
1991, Le Pays, 18 février, p. 5.
[presse, journaux, périodiques]
Chaque année après Carnaval, le lieu-dit des Eschaimés à Delémont s'illumine des superbes flammes du feu des Brandons. [...] Cette coutume remonte au temps du paganisme, aux cérémonies que les Celtes célébraient en l'honneur de l'astre du jour, de la vie et de la fécondité.
1991, Le Pays, 18 février, p. 6.
[presse, journaux, périodiques]
Ils étaient plusieurs milliers à s'être rendus dans les rues de la cité d'Othon [= Grandson] pour brûler le Bonhomme Hiver [...]. C'est par un coup de canon tiré samedi en début de soirée depuis les murailles du château que l'ouverture de cette 6e édition des Brandons (nouvelle formule) a été officiellement annoncée.
1993, 24 heures, 17 février, p. 1 (Supplément).
[presse, journaux, périodiques]
Une des veillées importantes de l'année est celle des Brandons. Les jeunes filles «vont au feu» et, ensuite, invitent les garçons à venir finir la soirée chez leurs parents. La maison embaume. Les ménagères ont confectionné pieds-de-chèvre, oriates [= sorte de beignet], crapés [= sorte de beignet] et autres striflates.
1993, Le Pays, 26 février, p. 9.
[presse, journaux, périodiques]
C'est de 1895 en effet que date le plus vieux journal des brandons archivé.
1994, La Liberté, 17 février, p. 21.
[presse, journaux, périodiques]
Brandons Payerne. Entrée cortège. Soutenu par Coop Naturaplan : 10 ans déjà. Et ce n'est qu'un début!
2003, billet d'entrée au carnaval de Payerne, 8-9 mars.
[autres textes écrits]

Commentaires

Si la dénomination Brandons est attestée dans JU, VD, GE et VS, la coutume est connue ailleurs également sous d'autres noms (v. Synonymes).

Synonyme(s)

Région. Carimentran (JU); région. Bögg (BE); région. Hiver-le-Vilain (VD); Région. Poutratze (VS); région. Rababou (FR). Cette coutume est connue ailleurs également sous la forme brûler le Bonhomme Hiver, attestée çà et là et à valeur générique.

Commentaire géolinguistique

Particulièrement la Broye et le Nord Vaudois. v. Journal de Genève, 17 mai 1989; StRobert. v. MüllerMarécottes

Répartition

  • s08 - Jura
  • s02 - Vaud
  • s04 - Genève
  • s03 - Valais

Origine

Maintien d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) français ancien

Historique

Première attestation en français de Suisse romande : 1458 (v. PierSuppl). Ellipse de dimanche des Brandons, premier dimanche de carême où l'on allume des torches dites brandons. Le syntagme dimanche des Brandons «premier dimanche de carême» est attesté en français dp. 1367 (seul TLF indique l'ellipse Brandons, sans date, pour référer à la fête). Il est marqué comme vieux dp. Ac 1740; toutefois, on peut supposer qu'il s'est maintenu longtemps dans les zones rurales; on le relève encore au XXe siècle dans l'Allier, en Bourgogne, dans l'Ain et en Isère. — Ac 1740; PuitspeluLyon 1894; BGPSR 1907, p. 3-14; Pier, PierSuppl; BrunetFranchesse 1937 s.v. brandonner; GPSR 2, 726b-728b; MüllerMarécottes 1961; FEW 15, I, 243b, brand 1 b a b'; TLF; GR dp. 1985; RobezVincenot 1985; TavBourg 1991; StRobert 1993; BlancRouatVill 1993; Lengert 1994; FréchetAin 1998; DSR 1999.

Étymon du FEW

brand

Francophonie

Commentaire(s) intrazone
FRANCE : On relève encore le syntagme dimache des Brandons au XXe siècle dans l'Allier, en Bourgogne, dans l'Ain et en Isère.

Données encyclopédiques

Les Brandons ont lieu, traditionnellement, le premier dimanche de carême (parfois une semaine avant); ils se déroulent tantôt indépendamment du carnaval, tantôt intégrés aux festivités de ce dernier, le Bonhomme Hiver se trouvant alors en tête du cortège de carnaval qui le mène au bûcher; dans certaines localités, le carnaval lui-même porte le nom de Brandons, cf. par ex. les Brandons de Payerne. On constate qu'en pays catholique, Brandons et Carnaval restent deux fêtes beaucoup plus distinctes qu'en pays protestant.
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