Vedette

cheni (n. m.)
[ʃni]

Définition

Fam. Poussière, balayures; débris, déchets, détritus.
Il faut balayer, jeter tout ce cheni.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[ʃəni]

Variante(s) graphique(s)

chenis; chenil; chenit
Citation(s) Référence(s)
[Pour la variante chenil] Qui de vous ne connaît pas un lieu pareil ? qui de vous n'a pas regretté de voir un site, un coin enlaidi par un amoncellement de boîtes, de tessons, enfin de toute la ferraille possible. Peut-on critiquer les uns ou les autres ? Non. Il faut bien jeter ce «chenil» à une place, là où il n'y a pas de ramassage de balayures [...].
1959, W. Dubois, En poussant nos clédars, p. 99.
[littérature]
[Pour la variante chenit] Cela n'avait pas duré, mais on avait retrouvé un tonneau oublié sous du chenit dans une remise [...].
1975, A. Itten, R. Bastian, En çà... en là!, p. 251.
[littérature]
Voilà une dizaine de jours que ce «chenis» traîne à la surface de la Sarine.
1976, La Liberté, 14-15 août, p. 7.
[presse, journaux, périodiques]
Mais il arrive, ô surprise, que les verres rapportés dépassent la capacité des conteneurs aux abords desquels cartons et bouteilles s'accumulent en vrac. Un vrai «chenis» qui invite à chercher un autre emplacement.
1992, L'Objectif Fribourg, 24 janvier.
[presse, journaux, périodiques]
[Pour la variante chenit] Si ça continue, ils vont payer la commune pour avoir le droit de récolter notre chenit.
1994, Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], nº 17, p. 18.
[presse, journaux, périodiques]
[Pour la variante chenit] Ça ne m'intéresse pas d'aller à la décharge. Ce chenit est aussi bien là. De toute façon, il suffit de recouvrir tout ça et on n'y verra plus rien.
1994, La Liberté, 20 mai, p. 23.
[presse, journaux, périodiques]
[Pour la variante chenit] Nous avons eu beaucoup de chenit à débarasser, deux bennes de 40 m3, mais rien n'était neuf ou ne pouvait être conservé.
2001, La Liberté, 12 janvier, p. 21.
[presse, journaux, périodiques]
A. tu nettoyes directement. Faut pas laisser tout ce cheni par terre.
2008, Peintre en bâtiment d'origine espagnole, la trentaine, Neuchâtel (NE), 20 février.
[source orale]

Commentaires

En Suisse romande, ce mot d'une fréquence très élevée est senti comme totalement distinct de frm. chenil n. m. «lieu où on loge les chiens»; ce dernier se prononce [ʃɾ´ɟnil], ce qui n'est jamais le cas de cheni «poussière; désordre» (même chez ceux qui choisissent de l'orthographier chenil).

Synonyme(s)

Répartition

  • s01 - Suisse romande
  • s09 - + Franche-Comté
  • s10 - + Savoie

Origine

Emprunt d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) dialectes de France

Historique

Première attestation : 1864 (ne faites pas tant de chenil «ne faites pas tant de saleté» GrangFrib). Du patois tseni n.m. «balayures, décombres», qui appartient à un type très bien attesté dans les dialectes de Wallonie, de Lorraine, du Bourbonnais, de Bourgogne, de Champagne, de Franche-Comté et de Suisse romande (v. FEW). — Ce dérivé de CANIS est à distinguer de frm. chenil «lieu où on loge les chiens», représentant héréditaire de CANILE. La graphie en -is que l'on relève dans certaine sources pourrait être due à une analogie avec d'autres substantifs en -is désignant «un ensemble d'éléments en désordre» (TLF s.v. -is), cf. cafouillis, éboulis, fouillis, grouillis, margouillis, ramassis, etc. Mais il s'agit de dérivés sur base verbale et non substantivale. Toutefois, le suffixe -is est aussi attesté en français dans des «dér. à valeur collectives sur des bases subst.» (ibid.) : châssis, lattis, paillis. Quoi qu'il en soit, les formes wallonnes telles que liég. tchinis' n. m. «balayure» (encore vivant en français régional de Wallonie orientale et méridionale; cf. en outre le dérivé tchinisrîe'; v. FrancardBastogne 1994) semblent indiquer qu'il s'agit bien d'un type suffixé en -is (<-ICIUS). — BrunFrComté 1753; SchneiderRézDoubs 1786; MulsonLangres 1822; GranFrib 1864; GasconDôle 1870; TOubinJura 1869-70; BeauquierDoubs 1881; CorbisBelfort 1883; CarrezHJura 1901, 1906; OdinBlonay 1910; Pier, PierSuppl; CollinetPontarlier 1925; Mâcon 1926; BoillotGrCombe 1929; FEW 2, 190a, CANILE et 193a, CANIS I 1; BiseHBroye 1939; DurafVaud 1941; FleischJonvelle 1951; GPSR 3, 504ab; MeijerEnq 1962; ZumthorGingolph 1962, p. 256; Adout 1971, p. 49; Schüle 1971, p. 18-20; DondaineAuth 1976, p. 57; TLF; SchüleListeLar 1978; RLir 42 (1978), p. 164; Lar 1979; DoillonComtois 1980; PLi dp. 1980; RouffiangeMagni 1983; Pid 1983, 1984; PR dp. 1984; GR dp. 1985; DurafHJura 1986; GuichSavoy 1986; ChapuisMots 1988; ChambonHSaône 1989 [1812], p. 137; TavBourg 1991; DromardFrComt 1991; DondaineMadProust 1991, p. 69; ColinParlComt 1992; Lexis 1992; DuchetSFrComté 1993; GagnySavoie 1993; NPR 1993-2007 «Région. (Centre-Est; Suisse)»; Lengert 1994 ;FrancardBastogne 1994; «courant dans tout le Haut-Jura» RobezMorez 1995; FréchetAin 1998; DSR dp. 1999; HenriCompl, 2001 p. 9; DRF 2001; Garino 2003.

Étymon du FEW

canile ; canis

Bilan métalinguistique

Voir le sens 04.

Francophonie

Commentaire(s) intrazone
FRANCE: Dans l'usage régional contemporain, le mot est attesté en Franche-Comté, dans l'Ain, en Savoie et dans la Côte-d'Or (Magny) (DSR). Pour l'emploi «poussière; brindilles, épluchures; balayures», le DRF ajoute la Bourgogne à cette liste. D'autres sens sont également attestés dans le français régional de France (voir les fiches respectives).
SU: 17859