Vedette

crêt (n. m.)
[kʀɛ]
Très fréquent dans des constructions toponymiques, avec majuscule (v. GPSR) ou minuscule.

Définition

Élévation de terrain (monticule, colline, sommet, proéminence); pente plus ou moins raide, terrain escarpé.
Descendre le crêt.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[kʀa] (var. cras JU)

Variante(s) polymorphique(s)

Région. cras (JU)
Citation(s) Référence(s)
Dans la descente des «crêts», le char de foin peut pousser, il [le cheval] se raidit sur ses jambes.
1959, W. Dubois, En poussant nos clédars, p. 22.
[littérature]
Les corbeaux tournoient loin dans le vent. Le ciel fond. Le soleil crépite dans les chardons griffus des crêts.
1962, J. Chessex, La Tête ouverte, p. 71.
[littérature]
On les avait regardés faire, on se détournait d'eux pour mieux rire. On déclarait à la cantonade qu'ils étaient un peu fous. On leur avait vendu, pour trois fois rien, tout le crêt qui n'était à l'époque qu'un immense pierrier [= champ de pierres].
1976, A. Layaz, Malvallée, p. 70.
[littérature]
Puisqu'il y avait des crêts, le village de Liddes, selon l'usage et les nécessités de l'époque, a sans doute été bâti sur la calotte ou sur les flancs de l'un de ceux-ci. [...] Le paysage que nous admirons aujourd'hui serait encore celui de ce temps-là avec le bourg de Liddes sur son crêt et l'Herbière sur l'autre rive, si la Dranse avait coulé toujours bien sagement dans son lit.
1976, V. Darbellay et al., Liddes, p. 187-188.
[littérature]
M. J. B., 70 ans, ancien maire qui circulait à vélomoteur au village descendant un crêt a vu ses freins lâcher et a terminé sa course contre une barrière de pâturage.
1976, L'Impartial, 7-8 août, p. 7.
[presse, journaux, périodiques]
La Marie Bouchère habitait Sur-la-Hade, un crêt d'où la vue embrasse le village avec son église et s'étend jusqu'au poste de douane de Beurnevésin-Pfetterhouse.
1985, B. Chapuis, Une de Bonfol, p. 88.
[littérature]
L'endroit domine les pâtures du crêt de l'Envers et toutes les maisons de la paroisse.
1975, J.-P. Monnier, L'Allègement, p. 91.
[littérature]
[Pour la variante cras] [...] au bas du cras du Soleil [...]
1995, Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], nº 18, p. 33.
[presse, journaux, périodiques]

Commentaires

Très fréquent dans des constructions toponymiques.

Antomyme(s)

Commentaire géolinguistique

Dans JU, aux côtés de la forme crêt, on trouve aussi très fréquemment la forme cras, empruntée au patois.

Répartition

  • s01 - Suisse romande
  • s08 - Jura

Historique

Régionalisme de statut. Doublet masculin de crête; type attesté comme appellatif dans le français régional d'une grande partie de l'est du domaine galloroman (Franche-Comté, Suisse romande, Savoie, Lyonnais), avec des sens moins techniques qu'en français de référence (pour des exemples, voir Francophonie). Comme appellatif dialectal ou comme toponyme, ce type connaît une extension qui déborde le domaine galloroman («du Massif Central aux Alpes grisonnes et des Vosges à l'Italie septentrionale» GPSR). — GuilleNeuch 1829-32; PeterCacol 1842; HumbGen 1852; BonNeuch 1867; GrangFrib 1868; BeauquierDoubs 1881; PuitspeluPatLyon; PuitspeluLyon 1894; Lar 1900, 1929; ConstDésSav 1902; VachetLyon 1907; WisslerVolk 1909; OdinBlonay 1910, p. 290a; Pier, PierSuppl; CollinetPontarlier 1925; BoillotGrCombe 1929; MiègeLyon 1937; FEW 2, 1352a, cr?sta I 2 b; DRG 4, 185a; Lar 1961; GPSR 4, 531a-532b; GLLF 1972; PR 1972; Lexis 1975; RobSuppl 1976; CasaBevaix, p. 123; TLF 6, 469b; PR dp. 1984; GR dp. 1985; GassmannVully 1989; MartinPilat 1989; DromardFrComt 1991; Fr. Lassus, Th. Brossard, «Analyse systématique et microtoponymie. Les géomorphonymes jurassiens combe, creux, cul, crêt, mont», NRO 17/18 (1991), 41-60; VurpasMichelBeauj 1992; Acad 1992; Lexis 1992; DuchetSFrComté 1993; VurpasLyonnais 1993; NPR 1993; Lengert 1994; SalmonLyon 1995; DSR 1999; Garino 2003.

Étymon du FEW

crista

Bilan métalinguistique

Emploi critiqué par les cacologies qui le taxent de «pas français». — GuilleNeuch 1829-32, p. 274; PeterCacol 1842; GrangFrib 1868.

Français de référence

Remarque(s)
En français de référence, crêt est un technicisme des géologues et des géographes, défini comme un «escarpement monoclinal, en structure sédimentaire généralement plissée correspondant à la superposition d'un ensemble de couches résistantes (calcaires, grès, etc.) à des couches tendres sous-jacentes» (TLF). Ce terme, introduit dans la nomenclature géologique par J. Thurmann en 1832, ne correspond que rarement à l'acception traditionnelle du terme dans les régions où il est autochtone. Toutefois, le terme régional, dûment marqué comme tel, fait son apparition relativement tôt dans la lexicographie française; cf. Lar 1900 : «crêt ou crest [...] Montagne; sommet. (Se dit dans quelques départements.)».
Mot particulier
Emploi particulier par son statut (registre d'emploi, domaine d'emploi, fréquence relative ou connotation).

Francophonie

Commentaire(s) intrazone
FRANCE: Différents sens selon les régions : Pontarlier «lieu plus élevé que les autres; petite colline»; Annecy, Albertville «rocher saillant, mamelon; ressaut de montagne; renflement de terrain sur une colline»; Lyon «montagne, sommet d'une montagne»; Beaujolais «sommet, hauteur, mont»; Pilat «petite montagne».
SU: 18058