Vedette

mayen (n. m.)
[majɛ̃]

Définition

Région. Pâturage ou pré d'altitude moyenne (entre la plaine et les alpages) où les troupeaux séjournent au printemps et en automne et sur lesquels ont été édifiés des bâtiments rudimentaires.
Monter, aller aux mayens. Redescendre des mayens. Posséder un mayen. Le propriétaire d'un mayen.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Les mayens [en ital. dans le texte] ce sont nos prés bénis dans des clairières enveloppées de forêts, dernière étape de notre ascension avant l'alpage. Ces paysans nomades, au fur et à mesure que l'année mûrit, montent des terres basses vers les villages, courent de la vigne vers les névés. Fin mai, début de juin, quand l'herbe devient foin aux altitudes médianes, ils poussent leurs troupeaux vers les hauts.
1968, M. Zermatten, Les Sèves d'enfance, p. 71.
[littérature]
Où déceler les causes de la stagnation économique, et des conflits sociaux qui, de 1815 à 1848, perturbèrent le Valais ? On imagine difficilement un paysan conchard ou viégeois, jalouser son pareil sédunois ou hérensard, qu'il rencontrait du reste rarement et dont il ne causait pas la langue. Et cet Entremontant, d'un nomadisme se déroulant du village au mayen; du mayen aux coteaux de Fully, qu'avec patience et ténacité, il défrichait et convertissait en vignes, ne troublait certes pas les insomnies de ses nuits [...].
1976, V. Darbellay et al., Liddes, p. 49-50.
[littérature]
Autrefois, il y avait le paysan, l'écurie près de sa cave, ses prairies près de ses vignes, son jardin près de sa maison et plus haut, les mayens, les forêts et plus haut encore, les alpages à fromages. Il se déplaçait à tous les étages de ce vaste pays, sac au dos, pain, fromage et baril, sur son territoire à lui. Sans hâte, passant de la vigne au mayen, entre fatigue et repos, de la chaleur des canicules à la fraîcheur, à l'ombre des sapins et tout le long des bisses.
1977, J. Follonier et al., Vins du Valais, p. 71.
[littérature]
Et y avait les mayens de printemps et les mayens d'automne, tu as pas connu ça, toi Bertrand; non, non, quand tu étais petit, ç'avait déjà changé. Du temps de papa, i' restaient beaucoup plus longtemps au mayen, i'passaient presque plus de temps au mayen qu'à la maison! Au printemps, avant de mettre le bétail à la montagne, on restait un bon mois avec les vaches; là-haut qu'on était bien, au frais, sous les sapins! Et en automne, quand les vaches redescendaient de l'alpage, c'était la même chose. Ah! ces mayens, ça c'était du bon temps; tu t'en souviens, Célestine ?...
1977, G. Clavien, Châtaignerouge, p. 253.
[littérature]
Au printemps, c'était différent. L'école, on n'en parlait plus! Vers le 15 mai, le village se vidait. Il allait aux mayens pour un mois et demi, deux mois. Les découvertes que j'ai faites là-haut m'ont marqué pour la vie. Quand j'ai eu mes quinze ans, c'était tout à fait fini. Je n'y suis plus retournée. Le départ pour les mayens, en mai, était un spectacle extraordinaire.
1980, M. Métrailler, La Poudre de sourire, p. 140
[littérature]
Tous les mayens du canton n'ont pourtant pas été mangés par le tourisme. De grandes étendues de prairies, pâturages et forêts subsistent au fond des vallées, parsemées de raccards ou de granges-écuries dont beaucoup tombent en ruine. Beaucoup de Valaisans possèdent leur mayen; les habitants de Grimisuat, dans le vallon de Réchy, ceux de Brigue, dans la vallée de Conches. Mais le recul de l'agriculture entraîne une désertification de ces régions. Les mayens ont perdu leur vocation, pastorale.
1994, Le Nouveau Quotidien, 18 janvier, p. 8.
[presse, journaux, périodiques]

Renvoi(s) à d'autres langues

Correspond à l'allemand CH Maiensäss n. n. et au tessinois maggenghi n. m. pl. (BGPSR).

Commentaire géolinguistique

Connu dans le reste de la Suisse romande, mais en référence au Valais.

Répartition

  • s03 - Valais
  • s01 - Suisse romande

Historique

Premières attestations : d'abord dans un nom propre, vers 1250 (Petrus dol Mayench; v. MDR XXIX, t. I, p. 456), puis comme appellatif en 1304, dans un texte en latin médiéval (v. MDR XXXI, t. III, p. 87 [maeyns], 89 [mayens], 90 [maeyns, maeyens]). À l'époque contemporaine, le mot n'est vraiment bien attesté qu'à partir de 1812, sous la forme mayen («belles montagnes printannières ou Mayens pour y mettre les vaches au printemps» H. Schiner, Desc. Dpt du Simplon, p. 475). Reflet d'un dér. de lat. maius «mai» (suff. -inc-), bien représenté dans les patois valaisans. — LittréSuppl 1877; BGPSR 7 (1908), 27-30; FEW 6, I, 62a, maius I 1 d d; MüllerMarécottes 1961, p. 45, 53; Lar 1963; GLLF 1975; SchüleListeLar 1978; Lar 1979; TuaillonSurv p. 21 (correspond en Savoie à montagnette); PLi dp. 1980; MartinAost 1984; TLF; GR 1985; DudenSchweiz 1989; BessatGMtBl 1991; Lengert 1994; OffScrabble 1995; DSR 1999; «Région. (Suisse)» NPR 2007.

Étymon du FEW

maius

Francophonie

Commentaire(s) intrazone
FRANCE: connu dans un point savoyard (Vallorcine). Correspond en Savoie à montagnette (TuaillonSurv p. 21).
SU: 18860