Vedette

montagne (n. f.)
[mőtaɲ]

Définition

Pâturage de haute altitude, dans le Jura ou dans les Alpes, appartenant à une collectivité ou à un particulier et où l'on emmène séjourner les troupeaux à la belle saison.
Louer une montagne; location de montagnes. Le propriétaire d'une montagne. Mettre des vaches, des génisses à la montagne. Un fromage de montagne; du gruyère de montagne..
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Urgent! A louer pour cause imprévue [/] belle montagne précoce, pour env. 500 moutons ou 100 génisses.
1973, Nouvelliste et Feuille d'Avis du Valais, 10 mai, p. 30.
[presse, journaux, périodiques]
Lorsqu'un marchand avait acquis un stock de fromages, lorsqu'il avait «acheté une montagne», on arrêtait le jour de la pesée [en ital. dans le texte], qui avait généralement lieu dans la seconde moitié de septembre, et toujours au chalet.
1975, P. Hugger, Le Jura vaudois, p. 186.
[littérature]
[...] la coutume de fabriquer un fromage de montagne ou d'alpage s'est perpétuée, et c'est ainsi qu'est né ce fromage de La Chaux-d'Abel qui est encore, par un de ses producteurs en tout cas, préparé de façon tout à fait artisanale [...].
1975, J. Montandon, Le Jura à table, p. 83.
[littérature]
On cherche BERGER pour petite montagne des Préalpes, 30 génisses, accès facile, électricité.
1975, Le Sillon romand, 7 février, p. 29.
[presse, journaux, périodiques]
On cherche à placer 12 à 15 GÉNISSES sur bonne montagne.
1977, La Gruyère, 26 février, p. 11.
[presse, journaux, périodiques]
Jour de liesse, mi-septembre, au chalet de la Rougemonne sur Provence (1349 m), proche du Solliat et du Creux-du-Van, où le berger, sa famille,le propriétaire de la montagne et ses amis fêtaient la nouvelle jeunesse d'un chaudron centenaire.
1987, Yverdon-Revue, octobre.
[presse, journaux, périodiques]
Au début des années soixante déjà, je me souviens que la fabrication [des fromages] a été peu à peu abandonnée dans de bonnes montagnes. La plupart des jeunes ne savent tout simplement plus fabriquer.
1994, La Liberté, 29 mars, p. 15.
[presse, journaux, périodiques]
Au Jura, les paysans qui mettent leurs vaches à la montagne fromagent rarement [= fabriquent rarement le fromage] eux-mêmes. Ils n'en ont pas le temps, car leur ferme en plaine est généralement assez grande pour les occuper à l'année. Au mieux, c'est un membre de leur famille qui s'occupe de la montagne. Pour eux, la montagne représente plutôt un revenu d'appoint.
1995, Le Sillon romand, 7 septembre, p. 14.
[presse, journaux, périodiques]

Commentaires

Les termes montagne et alpage renvoient au même référent, mais montagne est le terme populaire (v. GPSR 1, 312a).

Synonyme(s)

Répartition

  • s01 - Suisse romande
  • s10 - + Savoie

Origine

Emprunt d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) dialectes de France

Historique

Première attestation (en SR) : 1761 (montagne à vaches, v. Pier). Dialectalisme; type largement attesté dans les patois du Jura français, du Jura et des Alpes suisses, des Alpes françaises, et de quelques points du Massif central et des Pyrénées (v. FEW). En français régional, en plus de la Suisse romande, il a été relevé dans le Jura (fr.), en Savoie, à Clermont-Ferrand (en 1861), ainsi que dans l'Aveyron, l'Aude et l'Ariège. Sur le passage sémantique du sens de «mont» au sens de «pâturage de montagne», cf. K. Baldinger : "«Aus der grundbed. ‘berg' ergab sich leicht eine zweite bed. ‘alpweide', denn diese ist das einzige, was den bauern am berge interessiert» (FEW 6, III, 104a). — GuilleNeuch 1829-32; «pâturage situé sur les montagnes élevées» MègeClermF 1861; BonNeuch 1867; «propriété située sur les hauteurs où l'on conduit les troupeaux en alpage (Annecy)» ConstDésSav 1902; FrançJJRouss, p. 53-54; "«chaque division de la région des hauts pâturages» OdinBlonay 1910, p. 224a, 365b; Pier; Br 6, II, 1245 (cite Rousseau); ZumthorGingolph 1962, p. 261; «le mot fr. rég. [...] n'a jamais le sens français, mais exclusivement celui de ‘alpage'» SchüleNendaz 1963; FEW 6, III, 103a, *montanea 2; «dans les Alpes» GLLF 1975; «régional [Savoie et Suisse; Cantal]» TLF 11, 1037a s.v. montagne II B; «(usuel) pâturage naturel» DurafHJura 1986; GuichSavoy 1986; BessatGMtBl 1991; «pâturage d'été en altitude (Ariège, Aude, Aveyron)» BoisgontierMidiPyr 1992; «alpage, pâturage de haute altitude» GagnySavoie 1993; ChambonMatAuv; DSR 1999; DRF 2001.

Étymon du FEW

*montanea

Francophonie

Commentaire(s) intrazone
FRANCE: Selon le DSR cet emploi est relevé dans le Jura (fr.), en Savoie, à Clermont-Ferrand (en 1861), ainsi que dans l'Aveyron, l'Aude et l'Ariège. Le DRF cite deux emplois similaires: montagne dans le sens d'«alpage comprenant prés et pâturages, sur lequel est souvent édifié un châlet», attesté dans le Jura, la Haute-Savoie, la Savoie, les Hautes-Alpes; la même forme avec le sens de «pâturage d'altitude» dans la Loire, l'Isère, la Drôme, les Hautes-Alpes, la Provence, l'Ariège, l'Aveyron, la Lozère, l'Ardèche, la Haute-Loire et l'Auvergne.
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