Vedette

oser (v. trans.)
[oze]

Définition

(Emploi critiqué). Avoir la permission de, avoir le droit de, être autorisé à, pouvoir (dans des tournures interrogatives où l'on sollicite une permission, où l'on s'enquiert de la possibilité de se livrer à une activité quelconque).
Maman, j'ose avoir des bonbons ? On ose faire du snowboard dans cette station ?
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Est-ce qu'on ose dire des bêtises au confessionnal ? Sûrement pas... la confession, c'est sérieux, donc pas de bêtises!
1997, A. Maillard, C'était au milieu du siècle, p. 123.
[littérature]
Autant dire que ce canton affiche une santé financière éclatante. Dans celui de Neuchâtel, où le compte ordinaire navigue sur des recettes comparables [...], nos conseillers d'Etat osent faire ce qu'ils veulent, ou presque.
1997, L'Express, 24 mars, p. 3.
[presse, journaux, périodiques]
Les conditions se durcissent pour les étudiants «passerelles». Ils n'oseront plus doubler l'année d'entrée en filière de maturité. Le Conseil d'Etat neuchâtelois a révisé le règlement des lycées en ce sens.
2007, L'Express, 5 juin, p. 5.
[presse, journaux, périodiques]

Commentaires

Les différents emplois de ce mot sont critiqués (voir Bilan métalinguistique), mais extrêmement fréquents dans l'usage oral de toute la Suisse romande. Les écrivains doivent toutefois être conscients du caractère non normatif de cet usage, car on ne le rencontre guère dans la littérature.

Renvoi(s) à d'autres langues

Correspond à l'allemand: dürfen, v.

Répartition

  • s01 - Suisse romande

Origine

Emprunt d'un sens allemand

Historique

Première attestation en Suisse romande : 1724 (PierSuppl); en France : 1794 (Ban-de-la-Roche, Bas-Rhin; v. Br 9, 239). Il semble bien s'agir d'un germanisme, également attesté en français d'Alsace; il a en outre été relevé à Metz et dans l'est de la Wallonie (voir Francophonie). Cet emploi de oser reproduit une partie des sens de l'all. dürfen (alors que oser avec le sens de «se risquer à, avoir l'audace de» correspond plutôt à l'all. wagen). On rencontre toutefois en français de référence des emplois très proches de celui classé ici sous 01. (voir Français de référence). — Ces emplois manquent à FEW 1, 184a, et 25, 1041b, ausare 1. — GrangFrib 1864; Pier, PierSuppl; Br 9, 239; «en forte décroissance» RobillotMetz 1936, p. 54; «beaucoup plus courant et plus répandu en SR qu'en Belgique» Pohl 1950, p. 19 s.v. oser 2; MeijerEnq 1962, p. 176; WolfFischerAlsace 1983; PLi dp. 1989; SkupienPurisme 1994; FrancardBastogne 1994 s.v. wazèr; DSR 1999; DRF 2001; HenriCompl 2001, p. 64; Garino 2003; «Région. (Suisse)» NPR 2007.

Bilan métalinguistique

Emploi critiqué. — Emploi critiqué par les cacologies. Il est souvent considéré comme un germanisme (Plud'hun, Quinche, Dudan), voir Historique. Défense du français considère ce terme comme du «language parlé et très romand». Henry le cite comme un «germanisme déguisé»— FichFrBE nº 284, septembre 1966; Défense du français nº 334, novembre 1993. — Quinche 1909, p. 316; Adout 1986. — GrangFrib 1864; PludFranç 1890, p. 8; DudanPaille 1948, p. 48; DudanFranç4, p. 40-41; SkupienPurisme 1994, p. 85; HenryCompl 2001, p. 64.

Français de référence

Remarque(s)
Le mot est bien sûr aussi employé en Suisse avec le sens qu'il a dans les autres pays francophones («se risquer à, avoir l'audace de»). On rencontre en français de référence des emplois très proches de celui classé ici sous 01. : cf. GLLF 1976 («dans des formules de politesse ou de précaution oratoire» s.v. oser 3), GR 1985 («dans des formules de courtoisie, en manière de précaution oratoire» s.v. oser 4) et TLF («dans des tours euphémiques, par précaution oratoire, surtout à la 1re pers.» s.v. oser A). Mais les exemples illustrant ces emplois se trouvent toujours dans des constructions performatives (du type j'ose espérer) ou conditionnelles (du type si j'ose dire), et jamais dans des constructions interrogatives pour solliciter une permission ou s'enquérir de la possibilité de se livrer à une quelconque activité, comme c'est le cas en français de Suisse romande.

Francophonie

Commentaire(s) intrazone
FRANCE: Également attesté en français d'Alsace; il a en outre été relevé à Metz et dans l'est de la Wallonie (Pohl, mais aussi comm. pers. de Michel Francard, 15 août 1997, qui l'atteste au sens 01 pour le fr. rég. de Bastogne). Le DRF le relève en Moselle (est) et en Alsace avec le sens de «avoir le droit de, la permission de, être autorisé à» en construction interrogative et négative.
SU: 18991