Vedette

pinte (n. f.)
[pɛ̃t]

Définition

Région. Café, bistrot offrant des boissons alcoolisées mais aussi une restauration simple et bon marché; débit de boisson (éventuellement dans une auberge, un hôtel).
Une pinte accueillante. La pinte du quartier, du village. La pinte communale. Le tenancier, la tenancière, le patron, la patronne d'une pinte. Le comptoir d'une pinte. Tenir une pinte. Boire un verre à la pinte. Jouer au jass à la pinte. Fréquenter, courir les pintes. Faire le tour, faire la tournée des pintes. Traîner de pinte en pinte.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[pɛ̃tavɛ̃] (var. pinte à vin)

Variante(s) polymorphique(s)

(lexie complexe) pinte à vin
Citation(s) Référence(s)
Je revois la «Mäherstübeli» à la Tschaux [= La Chaux-de-Fonds], le grand centre d'embauche au seuil de la fenaison; toute la place était pleine d'attelages et à l'intérieur de la pinte, dans la fumée âcre et le bruit des voix, les faucheurs s'engageaient en vidant un dernier verre offert par le paysan.
1959, W. Dubois, En poussant nos clédars, p. 48.
[littérature]
C'est comme ça que je conçois une pinte, avec une jolie musique, avec du bon vin et aussi une jolie patronne.
1972, A.-L. Chappuis, Le Troupeau errant (1re éd. 1962), p. 36.
[littérature]
On veut vendre au mieux, et acheter de même, et puis on finit tout de même par s'entendre, chaque partie ayant cédé un peu de ses prétentions. Le marché conclu, on se retrouve à la pinte, à l'une des pintes, bourdonnantes ce jour-là comme des ruches d'abeilles.
1964, A.-L. Chappuis, À petit feu, p. 67-68.
[littérature]
Le Général [Guisan] était vaudois, son portrait est dans toutes les pintes avec la petite armoire à tabac, l'horaire des cars postaux et le cheval blanc des Rössli [= marque de cigares].
1969, J. Chessex, Portrait des Vaudois, p. 74.
[littérature]
Dans la petite pinte où un gai soleil pénétrait, le syndic et la plupart de ceux qui avaient tenu à accompagner au cimetière le vieux Samuel buvaient un verre...
1973, A. Belperroud, Les toutes bonnes du syndic, p. 52.
[littérature]
Bon, les pintes! A chacune son visage, son odeur, son grégorien, sa servante de cure, son bon Pasteur au nez rouge, ses généraux empaillés et la patronne aux jambes qui gonflent : «Qu'est-ce que c'est pour ces Messieurs ?» Il paraît qu'elle a déjà fait trois fois le tour du monde, sur dix mètres carrés, à force d'aller et venir. Dis-moi la pinte que tu hantes, je te dirai qui tu es.
1975, É. Gardaz et al., Le Vin vaudois, p. 29-30.
[littérature]
L'accueil dans le vignoble vaudois ne saurait être complet sans les fameuses «pintes» si chères à Gilles! [/] Ces «pintes recommandées» situées sur le parcours des chemins du vignoble ne sont pas des «boîtes à touristes», mais le fief où l'on cultive la récolte locale, le «secret» d'une cuisine originale et authentique et dans lequel l'on vous sert, en toute simplicité, trois ] de blanc ou de rouge de qualité. Dans ces pintes, vous sentirez l'ambiance du village, vous y côtoierez les vignerons de l'endroit et y entendrez de bonnes histoires vaudoises!
1975, Trente jours, 10 octobre.
[presse, journaux, périodiques]
Les spécialités du «Petit Louis» – dans le Lavaux, les patrons des pintes sont souvent appelés par un surnom – sont savoureuses, faites par la patronne avec les légumes tout frais du jardin et une charcuterie qui doit tout au tour de main du patron.
1977, Le Nouvel Illustré, 20 avril, p. 104.
[presse, journaux, périodiques]
Pour regarder Lausanne au fond des yeux, il faut pousser la porte des «pintes» [en ital. dans le texte]. L'équivalent des «bouchons» [id.] lyonnais. Cuisine vaudoise garantie pour des prix abordables.
1992, Supplément de L'Est Républicain, 16 août, p. 11.
[presse, journaux, périodiques]
[Pour la variante pinte à vin] Il se voyait patron d'une petite «pinte à vin», une petite pinte où l'on ne fait pas de grande restauration, mais juste des assiettes froides, juste de la soupe pour midi, une petite pinte qui vendrait un bon vin, dont la renommée serait justement de vendre du bon vin et qui prendrait alors cette dénomination de pinte à vin.
1972, A.-L. Chappuis, Le Troupeau errant (1re éd. 1962), p. 151.
[littérature]
[Pour la variante pinte à vin] Cherchons un couple de gérant[s] avec patente pour pinte à vin à Lausanne.
1977, 24 heures, 8 août, p. 20.
[presse, journaux, périodiques]
La Pinte à fondue de retour sur ses terres [titre].
2003, La Liberté, 31 janvier, p. 14.
[presse, journaux, périodiques]
Quand nos petits enfants nous demanderons en regardant la carte de géographie, dans vingt ans: "mais comment avez-vous pu croire que vous pourriez vous passer des autres, jouer seuls, si petits dans cette si grande cour de récréation?", nous répondrons: "c'est une vieille idée d'une vieille époque de 39-45 où nos édiles et commerçants trafiquaient avec le Reich et instruisaient le bon peuple à planter des patates dans ses géraniums pour entretenir le mythe d'une mini-nation qui pouvait faire la nique aux grands, avec [...] un général d'opérette qui trônait dans son cadre sous verre dans toutes les pintes, surveillant nos soldats qui s'imbibaient d'alcool en jouant au yass.
2004, Chat de l'émission Infrarouge, TSR, 26 mars. (Internet — [autres textes écrits]
Et la Poste, pour ces petits vieux, ce n'était pas ce bureau éclairé au néon caché derrière une lourde porte métallique et fait de guichets derrières lesquels une dame prenait nos sous... Non, leur Poste à eux ressemblait comme deux gouttes d'eau à une pinte à vin.
2002, P. Hoffer, On m'a dit... sur la Côte, p. 9.
[littérature]

Renvoi(s) à d'autres langues

Le mot dans cet emploi est passé dans quelques parlers suisses alémaniques (v. SteinerLehnw 1921 et FEW 8, 525b, note 9). Cf. aussi Pinte n. f. «Lokal, Kneipe (nordd[eutscher Sprachgebrauch,] gespr[ochene Sprache])» LangenscheidtGroß 1993.

Commentaire géolinguistique

Surtout Surtout Très peu employé

Répartition

  • s02 - Vaud
  • s06 - Neuchâtel
  • s04 - Genève

Historique

Première attestation : 1681, NE (v. PierSuppl). Innovation sémantique suisse romande, aussi attestée dans les patois; métonymie sur fr. pinte n. f. «mesure de capacité; vase ayant cette capacité; son contenu» (dp. 1260, v. FEW). Le mot dans cet emploi est passé dans quelques parlers suisses alémaniques (v. SteinerLehnw 1921 et FEW 8, 525b, note 9). Il est intéressant de noter que certaines variétés d'allemand septentrional, sans contiguïté géographique avec la Suisse, connaissent exactement le même type : cf. Pinte n. f. «Lokal, Kneipe (nordd[eutscher Sprachgebrauch,] gespr[ochene Sprache])» LangenscheidtGroß 1993. D'après Kluge22, «nach der Kanne als Wirtshausschild» (d'après les enseignes de cabaret en forme de pinte); le mot français aurait d'abord été emprunté, au XVe s., avec le sens de «mesure de capacité; vase», puis la métonymie aurait eu lieu en allemand. Pour une autre métonymie où pinte évoque un endroit où l'on vend et consomme de l'alcool, cf. frm. la Grand' Pinte «partie de la banlieue de Paris dont les cabarets étaient autrefois très fréquentés» (Besch 1845–Lar 1874, v. FEW). — DeveleyVaud 1808, nº 126; DeveleyVaud 1824; GuilleDial 1825, p. 46; PeterVoc 1828; GuilleNeuch 1829-32; PeterCacol 1842; HumbGen 1852; CalletVaud 1861; GrangFrib 1864; BonNeuch 1867; LittréSuppl 1877; OdinBlonay 1910, p. 417a; Pier, PierSuppl; FEW 8, 523b, p?ng¯re I 2; MeijerEnq 1962, p. 132; IttCons 1970; DFV 1972; SchüleListeLar 1978; Lar 1979; PLi dp. 1980; GR 1985; TLF; «Région. (Suisse)» NPR 1993-2007; Lengert 1994; DSR 1999.

Étymon du FEW

pingere

Bilan métalinguistique

Emploi critiqué dans les cacologies. — DeveleyVaud 1808 nº 126; Dumaine 1810; DeveleyVaud 1824 nº106; PeterVoc 1828; GuilleNeuch 1829-32, p. 166; PeterCacol 1842; CalletVaud 1861 s.v. cabaret; GrangFrib 1864.
SU: 19067