Vedette

pive (n. f.)
[piv]

Définition

Fruit des conifères; (en partic.) cône de pin ou de sapin.
Pives de pin, de sapin, d'arolle, de mélèze. Sec comme une pive. Ramasser des pives pour allumer un feu. Des pives et de la darre comme décorations de Noël. Déraper, glisser sur des pives. Se lancer des pives.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Il y a aujourd'hui un an que la mère d'Aloïs est morte. Thérèse porte une couronne rustique qu'elle a faite de branches de sapin et de pives sur la tombe d'Elvine. Elle dépose aussi une petite croix sur celle du père.
1961, A.-L. Chappuis, La Moisson sans Grain (1re éd. 1955), p. 105.
[littérature]
A gauche et à droite de la barrière s'élèvent les sapins, espacés, d'abord, de sorte que le soleil fait des taches légères à leurs pieds dans la mousse semée de pives, de fragments d'écorces, de cailloux, de fougères desséchées, puis ils se regroupent, semblent se presser jusqu'à se confondre bientôt en un rideau sombre où bute le regard.
1967, J. Chessex, Reste avec nous, p. 38-39.
[littérature]
Je fais demi-tour entre les arbres crispés, sous les feuilles rouillées de l'automne dernier. Il y a des pives toutes pourries, noires et cariées.
1975, A.-L. Grobéty, Zéro positif, p. 54.
[littérature]
A l'entrée d'Anzère, des sapins forment une haie d'honneur, exhibant leurs rangs de «pives» comme de glorieuses décorations.
1975, Nouvelliste et Feuille d'Avis du Valais, 4 mars.
[presse, journaux, périodiques]
Le saviez-vous ? Il faut trois ans pour qu'une «pive» prenne l'aspect brun clair qu'on lui connaît avant de tomber dans la mousse de la forêt. [...] La première année, la «pive» fleurit. La seconde, le fruit mûrit et prend une couleur rouge-violette [...]. Enfin, la troisième année, elle tombe de l'arbre.
1975, Nouvelliste et Feuille d'Avis du Valais, 24 juin.
[presse, journaux, périodiques]
Le tronc de l'arole, solidement attaché, était large et court. Les premières branches, retombant aux extrémités, écrémaient presque le sol. Les épis, plantés large, s'allongeaient sur plusieurs centimètres. On aurait cru voir des aiguilles fichées dans un pouf. Les pives pendaient un peu à la dérive, brunes.
1976, M. Métral, Un Jour de votre vie, p. 66.
[littérature]
Longtemps à l'avance, nous préparions ou plus exactement bricolions de petites garnitures à suspendre à l'arbre : pives vernies, noix dorées, angelots découpés dans du papier de fête. Nous décorions la pièce avec du gui, du houx, du sapin blanc, de belles pommes vigoureusement astiquées.
1976, Femina, 8 août, p. 101.
[presse, journaux, périodiques]
J'ai dévalé le sentier si roide qu'on y glisse sur les pives rondes des pins, à toute vitesse, jusqu'à l'entrée d'un tunnel de vernes si bien embroussaillé qu'on n'y voit plus rien.
1980, C. Bille, Le Bal Double, p. 128.
[littérature]
Un ciel fragile, plus tourmenté qu'ailleurs, rempli du va-et-vient turbulent de courants contraires, où le bleu casse pour un rien, suspend au-dessus de la forêt de constantes menaces; il tient en réserve l'orage et la foudre, les nuées rapides gonflées d'une eau abondante qu'elles précipitent au sol, mais aussi la brume perlée, qui reverdit feuilles, mousses et lichens, et clôt par miliers les paupières brunes des pives tombées.
1980, A. Rivaz, Ce Nom qui n'est pas le mien, p. 208.
[littérature]
Les graines mûres [du mélèze] essaiment durant le printemps qui suit l'année de floraison. Puis, ces petites pives demeurent attachées encore bien longtemps à leurs branches.
1986, La Liberté, 23 avril.
[presse, journaux, périodiques]
[commentaire métalinguistique] Parfois l'idée le traverse d'en faire quelque chose d'utile. Il s'y essaye, s'écarte des chemins, pénètre dans la forêt. Ramasser des champignons? Il n'est pas mycologue. Cueillir des framboises, des noisettes? Est-ce bien la saison? Il s'est muni d'un sac qu'il remplit de «pives», comme on appelle dans le Jura les cônes de sapins. Cela servira à allumer le feu.
2005, G. Piroué, Tu reçus la naissance, p. 155.
[littérature]

Commentaires

Romandisme emblématique.

Répartition

  • s01 - Suisse romande
  • s09 - + Franche-Comté
  • s10 - + Savoie

Historique

Première attestation en Suisse romande : 1713, v. Pier; le mot se trouve déjà dans Cotgr 1611, mais on ne peut malheureusement en retrouver (ni localiser) la source. Romandisme emblématique («terme presque officiel en Suisse romande» Voillat; selon Dromard, il désignerait même les «ressortissants suisses» en Franche-Comté!); d'origine dialectale, il s'est imposé en français régional même dans les régions qui connaissaient un autre type («Le Valais abandonne le patois vats÷la pour adopter le français régional pive» Voillat). En France, on retrouve une forte concentration d'attestations de ce type dans le Doubs et le Jura, dans les patois (v. FEW) comme en fr. rég. (v. bibliographie ci-dessous et Francophonie). — GuilleDial 1825, p. 81a; PeterVoc 1828; GuilleNeuch 1829-32; PeterCacol 1842; CalletVaud 1861; BonNeuch 1867; BeauquierDoubs 1881; «Genève; Albertville» ConstDésSav 1902; WisslerVolk 1909; OdinBlonay 1910, p. 408b; Pier, PierSuppl; CollinetPontarlier 1925; BoillotGrCombe 1929, p. 243; FEW 8, 551b, *p©pa I 2; ZumthorGingolph 1957, p. 169; ZumthorGingolph 1962, p. 262; MeijerEnq 1962, p. 28, 68, 72, 133; IttCons 1970 (> DFV 1972, CuenVaud 1991); Voillat 1971, p. 229, 234, 235; SchüleListeLar 1978; Lar 1979; PLi dp. 1980; «régional. romand» Alpha 1982; «Suisse» PR dp. 1984; «région. (Doubs, Haute-Savoie, Suisse)» GR 1985; DurafHJura 1986; «région. (Doubs, Haute-Savoie, Suisse)» TLF; DromardFrComt 1991; ColinParlComt 1992; «Suisse» NPR 1993-2007; DuchetSFrComté 1993; «pivote» GagnySavoie 1993; Lengert 1994 (où la datation «Anfang 16. Jh. (GR)» est erronée); KublerExpr 1995, p. 275; OffScrabble 1995; RobezMorez 1995 (où la suggestion étymologique est erronée); DSR 1999; DRF 2001; Garino 2003.

Étymon du FEW

*pipa

Bilan métalinguistique

Emploi critiqué dans les cacologies. — GuilleNeuch 1829-32, p. 27; PeterCacol 1842; CalletVaud s.v. cône et pigne; DupertuisVaud 1892, p. 31; «neuchâteloisisme» PludFranç 1918, p. 59.

Français de référence

Équivalent(s)
pomme de pin
Remarque(s)
L'équivalent du fr. de réf. n'est guère utilisé en Suisse romande à l'oral, mais on le rencontre à l'occasion dans la littérature. Cf. Voillat 1971, p. 229; «dans les régions où on sait encore distinguer le pin du sapin, pomme de pin n'est pas recevable».

Francophonie

Commentaire(s) intrazone
FRANCE: On retrouve une forte concentration d'attestations de ce type dans le Doubs et le Jura, (v. bibliographie); en Haute-Savoie, c'est plutôt le dér. pivot(t)e qui domine, mais on retrouve pive dans certains points non éloignés de la frontière suisse. Dans le Haut-Doubs, on donne par plaisanterie le nom de Pives aux ressortissnts de la Confédération hélvetique (DRF 2001). — équivalents régionaux: sud de la Loire pigne n. f. «cône de pin, en particulier du pin pignon»; Vosges cocot(t)e n. f. «pomme de pin» (tous les deux TLF); Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Centre-Ouest, Saône-et-Loire, pine n.f. «cône des conifères, et particulièrement du pin, formé d'écailles ligneuses qui protègent les graines»; Loire, Isère (Vienne), Drôme (nord), Ardèche, Haute-Loire (Velay), Puy-de-Dôme (Ambertois), babet «cône des conifères, et particulièrement du pin, formé d'écailles ligneuses qui protègent les graines» (tous les deux dans DRF 2001).
Renvoi(s) aux autres zones francophones
AMÉRIQUE DU NORD: Canada cocot(t)e n. f. «pomme de pin» (TLF; en fait, au Canada, cocot(t)e ne désigne pas que les cônes de pin, mais les fruits de tous les conifères).
SU: 19079