Vedette

venir (v. intrans.)
[veniʀ]
Verbe d'état s'employant avec un attribut.

Définition

Fam. Devenir.
Venir fatigué. Il est venu médecin. Ça vient gonfle. Ça vient humide au galetas. L'eau est enfin venue chaude. Ça vient tout trempe. Il est venu tout rouge de honte. Tu viens pénible. Il y a de quoi venir fou! Ils sont venus amis, ils se sont liés d'amitié. Ces enfants-là sont venus grands, ils ont grandi. Il est venu gros, il a pris du poids. Venir vieux, vieillir. Venir amoureux, tomber amoureux.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Plus on vient vieux, plus le chemin monte.
1966, M. Métral, L'Avalanche, p. 25.
[littérature]
«Mon homme, qu'elle disait, je sais pas ce qu'il a... Plus il vient vieux, plus il vient fou!»
1970, A. Itten, R. Bastian, Santé! Conservation..., p. 30.
[littérature]
Je crois que je viens amoureux fou.
1974, C. Bille, La Demoiselle sauvage, p. 86.
[littérature]
Après cet accident, elles sont venues beaucoup plus craintives.
1976, Attestation orale (NE Le Landeron).
[source orale]
Mon père n'était pas paysan. Je suis venue paysanne en me mariant.
1976, RSR, 10 septembre.
[radio-télévision]
La terre vient empoisonnée par ces engrais.
1977, RSR, La Première, 2 juin.
[radio-télévision]
Une petite noix de beurre, une giclée de lait... une petite giclée , là! pas trop! sinon ça vient trop épais.
1977, RSR, La Première, 4 juin.
[radio-télévision]
On rentrera du foin qui est sec parce que si jamais il vient mouillé eh bien, vous voyez ce que c'est, c'est quand même une grosse perte.
1984, Chr. Détraz, Ph. Grand, Contes et légendes de Fribourg, p. 46.
[littérature]
[...] la maison était à mon frère, celui qui est venu médecin, on l'avait instruit.
1984, Chr. Détraz, Ph. Grand, Contes et légendes de Fribourg, p. 188.
[littérature]

Commentaires

Très fréquent à l'oral; plutôt rare à l'écrit.

Répartition

  • s01 - Suisse romande
  • s09 - + Franche-Comté
  • s10 - + Savoie

Historique

Emploi attesté en français de 1405 à 1690, chez des auteurs qu'il faudrait pouvoir localiser (v. FEW – qui cite entre autres Pierrefleur, auteur vaudois du XVIe s.). Les attestations dialectales laissent entrevoir quant à elles une certaine spécialisation géographique : Nantes, Nord, Picardie, Lorraine, Bas-Rhin, Franche-Comté, SR, Savoie, Ain, Loire, Bouches-du-Rhône, Gard, Lozère, Aveyron, Gironde (v. FEW). L'aire du mot en fr. rég., d'après nos données (v. bibliographie), ne coïncide pas exactement avec l'aire dialectale, mais est tout aussi vaste : des attestations ont été relevées en Belgique, Champagne, Lorraine, Franche-Comté, SR, Savoie, Ain, Saône-et-Loire (Mâcon), Rhône, Loire, Auvergne, Isère, Hautes-Alpes, Ardèche, Provence, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées (selon les sources, il peut s'agir d'emplois plus ou moins figés; venir vieux est la collocation la plus souvent citée). S'il est vrai qu'il s'agit d'un emploi appartenant essentiellement à la langue parlée et populaire, il n'en reste pas moins limité sur l'axe diatopique : le français du nord, du centre et de l'ouest de la France ne semble pas partager cet usage, qui est en revanche très courant en français québécois. Son absence totale de tout dictionnaire de langue générale (dp. Fur 1690) constitue une véritable lacune de la lexicographie française, si l'on considère l'aire immense sur laquelle il est attesté. — SchneiderRézDoubs 1786; MichelLorraine 1807; PeterCacol 1842; HumbGen 1852; CalletVaud 1861; GrangFrib 1864; BonNeuch 1867; PuitspeluLyon 1894; Pier; Mâcon 1926; GPFC 1930; BrunMars 1931; Pohl 1950 s.v. venir 5a; SéguyToulouse 1950; FEW 14, 240b-241a, v¯n©re I; Voillat 1971, p. 225; DondaineAuth 1976, p. 60; EscoffStéph 1976, p. 370; «faire venir chèvre» BonnaudAuv 1976; «Ardèche, Is., Sav., S.-O., Allier» RLiR 42 (1978), p. 186; ALEC, q. 851, 1144x, 2089x; BergeronQuéb 1980; DondaineAuth 1981, p. 458; TuaillonVourey 1983; GononPoncins 1984; BouvierMars 1985; RézeauBibl 1986 (ex. de J. Anglade, Thiers, Puy-de-Dôme); MartinPilat 1989; LanherLitLorraine 1990; BrassChauvSPM 1990 s.v. carrelet; BlanchetProv 1991; «du catalan venir [sic!]» CampsRoussillon 1991; CampsLanguedoc 1991; TamineArdennes 1992; MazaMariac 1992; BoisgontierMidiPyr 1992; «fam.» DQA 1992; «encore courant dans le Midi et au Québec» GrevisseGoosse13, § 242 b 1º; TamineChampagne 1993; DuchetSFrComté 1993; GagnySavoie 1993; FréchetMartVelay 1993; VurpasLyonnais 1993; «attesté» MichelNancy 1994; KublerExpr 1995, p. 282; RobezMorez 1995; «globalement bien connu» FréchetAnnonay 1995; ThibQuébHelv 1996, p.341-342; GermiChampsaur 1996; FréchetAin 1998; DSR 1999; HenriCompl 2001, p. 59; «Région. (Belgique, Suisse, Canada, Algérie)» NPR 2007.

Étymon du FEW

venire

Bilan métalinguistique

Emploi critiqué par les cacologies. — PeterCacol 1842; GrangFrib 1864; DupertuisVaud 1892, p. 65; PludFranç 1918, p. 62; DudanFranç 2, p. 28; HumbCult, p. 17.

Français de référence

Équivalent(s)
devenir, v. intrans.
Mot particulier
Emploi particulier par son statut (registre d'emploi, domaine d'emploi, fréquence relative ou connotation).

Francophonie

Commentaire(s) intrazone
FRANCE: Des attestations ont été relevées en Champagne, Lorraine, Franche-Comté, Savoie, Ain, Saône-et-Loire, Rhône, Loire, Auvergne, Isère, Hautes-Alpes, Ardèche, Provence, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Le DRF ajoute à cette listele Nord, les Côtes-d'Armor, le Finistère, le Centre-Ouest, l'Indre-et-Loire, la Drôme, la Lozère, l'Auvergne, le Limousin et la Gironde. BELGIQUE: attestations. (voir Historique).
Renvoi(s) aux autres zones francophones
AMERIQUE DU NORD : très courant en français québécois.
SU: 19587