Vedette

valeur (de ~) (loc. adj.)
[dvalœʀ]

Définition

Vieux Qui nécessite, entraîne des dépenses considérables, importantes. – Fig. Qui est pénible, difficile, malaisé (à faire).
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

d'valeur (souvent, d'après la prononciation)
Citation(s) Référence(s)
Il y a aujourd'huy une an que nous sortime de la Galissonière pour venir issy, mais il fezès bien plus beaux, car il fait froit autant, je croy, quand [= qu'en] Canada et il est de valeure [sic] de s'y chaufer par la chaeretez du bois.
1750, É. Bégon, dans RAPQ 1934-1935, p. 252.
[archives et textes anciens]
Vers le 15e de mars nous commençâmes le sucre [...]. Vers la moitié des sucres, les Sauvages arrivèrent pour la dernière fois, où je fus mal payé. [...] Ils insistèrent pour que je revinse, me disant qu'ils me payeroient à mon retour. Je leur dis que c'étoit de valeur, que le portage étoit trop long.
1830 env., dans L.-P. Cormier (éd.), Jean-Baptiste Perrault, marchand voyageur, 1978, p. 92.
[archives et textes anciens]
(Ouest du Canada). C'est un nom de valeur [...] à prononcer.
1910, L.-A. Prud'homme, «Expressions dont se servait naguère l'ancienne population du Nord-Ouest», dans Les Cloches de Saint-Boniface, suppl. au vol. 9, n-o 24, p. 332.
[études scientifiques]

Origine

Innovation sémantique français de référence

Historique

La locution adjective de valeur n'a pas été relevée ailleurs qu'en Amérique et son originalité, qui n'a pas manqué d'être très tôt signalée, a donné lieu à diverses interprétations étymologiques. Selon les témoignages les plus anciens, tels ceux de Frontenac, de d'Aleyrac (Aventures militaires au XVIIIe siècle, éd. de 1935, p. 31 : « L'expression la plus ordinaire [parmi les Canadiens] est : de valeur, pour signifier qu'une chose est pénible à faire ou trop fâcheuse. Ils ont pris cette expression aux sauvages»), ou de Bossu (v. sens 6, ex. de 1768), il s'agirait d'un emprunt aux langues amérindiennes; comme l'interprétation de ces témoignages n'est pas aisée (v. A. Fauteux, dans BRH 36/10, 1930, p. 595-596, et BovProc 75-77), cette explication demeure hypothétique. Selon d'autres sources (Dunn, Clapin et Barbeau-2 67), de valeur serait plutôt d'origine française et figurerait même dans l'œuvre de Montaigne, mais aucune citation ne permet d'accréditer ce point de vue. Enfin, selon GPFC, de valeur pourrait encore être « une déformation de la locution de male heure, qui était usitée dans l'ancien français avec le sens de malheureusement » ; le moyen français atteste en effet de malheur avec ce sens, mais il s'agit d'une locution adverbiale et non d'une locution adjective, ce qui enlève du poids au rapprochement suggéré. Dans l'état actuel des recherches, il est plus juste de penser que les emplois particuliers de la locution de valeur relevés au Canada se sont développés à partir du sens de «très précieux (en parlant d'un objet)», attesté en français depuis Fur 1690 (v. FEW valor 14, 152a), comme le suggère d'ailleurs le relevé du père Potier qui fait figurer le sens canadien de «difficile» à la suite du sens français (v. ci-dessous). – Depuis 1743-1744 (PotierH 28 : Cela est de valeur... 1- de prix... 2- difficile).

Étymon du FEW

valor
QU: 2031