Vedette

allure (avoir de l'~) (loc. verb.)

Définition

Fam. (En parlant de qqn, souvent en tournure négative). Avoir du jugement, du bon sens, du savoir-vivre. – Dégager une impression d'honnêteté, de sincérité, de sérieux.
Il (n')a pas d'allure! C'est qqn qui a bien de l'allure. QU_e203
[État des données: avancé]

Variante(s) polymorphique(s)

être plein d'allure
Citation(s) Référence(s)
J'ai une grande nouvelle à vous apprendre. Imaginez-vous que j'ai un nouveau voisin dans la personne d'un monsieur Tranchemontagne. [ /... ] C'est un homme qui a de l'allure et qui va réussir, par rapport qu'il est secondé par une femme dépareillée [ /... ] et par des enfants qui ont du cœur.
1938, Cl.-H. Grignon, Le déserteur, 14 nov., p. 4 (radio).
[radio-télévision]
Si tu veux t'en souvenir, c'est pour cela que le baril de clous pour bâtir, ça ne m'a jamais coûté de le donner. C'est comme un élan à ceux qui ont de l'allure et du cœur à l'ouvrage.
1950, Fr. Gaudet-Smet, Racines, p. 115.
[littérature]
«Al'arait jamais dû se marier, ta sœur.» «Dites pas ça, on a faite un mariage double pis quand j'vois comment c'est que ça va mal entre eux autres, j'ai peur que ça nous arrive, à nous autres itou...» «Fais-toé-z'en pas pour ça, Gaby, même si y'a pas inventé la lumière, ton Mastaï, y'a plus d'allure que son Roland.»
1978, M. Tremblay, La grosse femme d'à côté est enceinte, p. 155.
[littérature]
«[ ... ] on avait un jeune candidat qui avait de l'allure et qui, sans doute, va devenir, le 5 juillet prochain, député», a reconnu le ministre [ ... ].
1993, Le Soleil, 20 mai, p. A5.
[presse, journaux, périodiques]
(Pour la variante être plein d'allure). J'ai un chum de 28 ans, qui est intelligent, plein d'allure et capable de grande générosité; sa blonde vient de le planter là [ ... ].
1989, Le Soleil, 30 août, p. A5
[presse, journaux, périodiques]

Origine

Maintien d'un sens parlers régionaux de France

Historique

Depuis 1905 (FSPFC). Probablement hérité des parlers de France si l'on considère que l'expression avoir de l'allure est relevée dans des parlers voisins, ceux de la Wallonie, dans des emplois très proches de ceux qui ont cours au Québec (v. HanseDiff-2 : «avoir du savoir-faire, de l'ordre, dans son activité ménagère ou manuelle», par ex. cette mère de famille n'a pas d'allure ou ce jeune apprenti a déjà de l'allure; v. aussi FrancBast, s.v. alure). Cp. également, toujours en wallon, alure «ordre, adresse» (dans DeprWall qui donne l'exemple : S'il avoût d'l'alure doûla on gangn'roût dès liards come dou fiér «s'il avait de l'allure là on gagnerait des liards comme du fer»). Le fait qu'on trouve en Acadie et en Louisiane le même emploi qu'au Québec confirme l'hypothèse d'un héritage de France (v. par ex. HurstStCh : il n'a pas d'allure «common sense»; v. aussi GuilbLaf et PoirierG). Par ailleurs, l'expression avoir de l'allure au sens d'«avoir de l'élégance, de la distinction dans le maintien, etc.» n'a été enregistrée dans les dictionnaires de France qu'à partir de Quillet 1937, ce qui explique qu'elle ait été signalée comme une particularité de l'usage québécois à la fin du XIXe s. et au début du XXe (v. Clapin, Dionne et GPFC); TLF confirme que cet emploi était connu au XIXe s. en France.

Français de référence

Remarque(s)
En France, avoir de l'allure renvoie à l'apparence d'une personne, à ce qu'elle dégage extérieurement (élégance, distinction); cet emploi est également usuel au Québec (v. Étymologie/Historique).
QU: 210