Vedette

voyageur (n. m.)
[vwajaʒœʀ]

Définition

(Par extension, du sens 03.). Hist. Travailleur qui montait annuellement dans des exploitations forestières, ou « chantiers», et qui était employé principalement à la coupe et au flottage du bois.
Les voyageurs partis pour les chantiers. Un voyageur de chantier. Les voyageurs qui hivernent dans les chantiers. Les voyageurs du Saint-Maurice, de l'Outaouais. Des voyageurs qui manoeuvrent une cage de bois (ou cageu, ou raft), un train de bois de flottage. Le métier de voyageur. Le chant des voyageurs. Une chemise de voyageur.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

voiageur (parfois, dans les textes anciens)
Citation(s) Référence(s)
On entendait le chant plaintif et monotone des voyageurs descendant le fleuve sur leurs cageux.
1859, N. Opan, «Un épisode de 1812», dans La Ruche littéraire, mars, p. 13.
[littérature]
C'est une rude chose que la descente des bois, à travers les remous et les rapides de l'Ottawa et du St. Laurent. Dans les endroits difficiles, tous les hommes sont mis en réquisition et les longues rames qui dirigent la cage battent l'eau sans relâche. Plus d'un voyageur, emporté par la vague, tombe dans un remous et y perd la vie.
1873, N. Legendre, «Le voyageur», dans Album de La Minerve, Montréal, 27 mars, p. 196.
[littérature]
Le canot s'éloigna du rivage. Les voyageurs, le coeur gros, donnèrent le premier coup d'aviron, et la légère embarcation, faisant tête au courant, se dirigea vers Montréal. Quinze jours plus tard, on était à Bytown, maintenant Ottawa, et quelques jours encore et les hardis bûcherons attaquaient de la cognée les géants des forêts du Nord.
1878, H. Beaugrand, Jeanne la fileuse, p. 22.
[littérature]
Le langage des hommes de chantier était métissé de mots anglais, apprêtés à la canadienne, et chez bon nombre, libéralement assaisonné de jurements. Les missionnaires qui visitaient chaque hiver les camps de bûcherons du St-Maurice et les curés de paroisses, ne cessaient de prêcher contre les blasphèmes des voyageurs qui scandalisaient leurs paroissiens et se répandaient comme une mauvaise herbe.
1962, Sylvain, Horizons mauriciens, p. 124.
[littérature]

Synonyme(s)

coureur de bois; homme de chantier; cageur; cageux; draveur; homme de cage; raftsman (ou raftman) (en parlant de son travail de flottage du bois)

Origine

Innovation sémantique français du Québec

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis 1859. Le remplacement progressif de la traite des fourrures par l'industrie forestière comme activité économique de première importance au XIXe s. ainsi que la similarité de certains aspects du travail effectué dans les deux domaines (particulièrement le transport fluvial et l'absence saisonnière des travailleurs, loin de leur foyer) expliquent ce développement sémantique.

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
QU: 2115