Vedette

allure (avoir de l'~) (loc. verb.)

Définition

Fam. (En parlant de qqch., le plus souvent avec ça comme sujet). Correspondre aux normes habituelles, être vraisemblable, acceptable, sensé. – (En parlant de prix). Être raisonnable. – Être bien, de bonne qualité, très satisfaisant, très convenable. – (Pour marquer la surprise, l'incrédulité, la consternation). Ça (n')a pas d'allure! – (Très fam.). Ça a-tu de l'allure! ça n'a pas de bon sens! – (Comme intensif). Il est bon, ça (n')a pas d'allure! Il fait froid, ça (n')a pas d'allure! c'est incroyable!
Faire des choses qui (n')ont pas d'allure.Des prix qui ont de l'allure. – Choisir qqch. qui a de l'allure. Trouver un appartement qui a de l'allure.Ça (n')a pas d'allure!Ça a-tu de l'allure!Il est bon, ça (n')a pas d'allure! Il fait froid, ça (n')a pas d'allure!
[État des données: avancé]

Variante(s) polymorphique(s)

être plein d'allure
Citation(s) Référence(s)
Vers le soir, il décida de se mettre au lit, parce que, dit-il, «mourir debout, ça n'a pas d'allure». Puis, à son instance, le Curé lui administra les derniers sacrements.
1944, A. Rivard, Contes et propos divers, p. 142.
[littérature]
Brigitte, mortifiée, quasi en larmes – Que ç'a donc pas d'allure, Seigneur!
1969, G. Dufresne, Cap-aux-Sorciers, p. 173.
[littérature]
Le ministre serait même opposé à ce que l'on discute de l'hypothèse pessimiste d'une élection référendaire. [ ... ] «Cette hypothèse n'a pas d'allure et elle est même dangereuse», note avec raison le député de Louis-Hébert.
1978, Le Soleil, 26 juillet, p. A5.
[presse, journaux, périodiques]
Quand je pense que la psychologue voulait que je le mette à la porte ou que je le force à travailler à l'épicerie. J'y ai dit à la psychologue : «C'est pas parce qu'y veut pas, y peut pas!» Elle voulait que Paul-Emile lui confie l'étalage des produits... transporter des grosses boîtes pesantes, ça a pas d'allure! Le pauvre petit, y s'essoufle à rien!
1990, M. Claudais, Comme un orage en février..., p. 268.
[littérature]
Le petit groupe de spectateurs [ ... ] laissait échapper des exclamations spontanées de surprise ou d'admiration. [ ... ] Du haut d'une échelle, Charles émergea. Il ne put s'empêcher de s'arrêter et de contempler la scène avec une fierté qui lui retournait le cœur. «Je vous l'avais dit que ça avait de l'allure; vous me croirez, la prochaine fois!»
1992, B. Renaud, Un homme comme tant d'autres, t. 1, p. 268-269.
[littérature]
(Pour la variante être plein d'allure). – Ti-Mousse : [ ... ] Ah! oui j'voulais te dire ça, Donalda. – Donalda : De quoi ? – Ti-Mousse : Ma femme va venir rester avec toi, le temps qu'on i sera pas. – Séraphin : C'est plein d'allure ça, mon Ti-Mousse. C'est ben correct.
1943, Cl.-H. Grignon, Un homme et son péché, 17 déc., p. 5; radio.
[radio-télévision]

Synonyme(s)

Origine

Innovation sémantique français du Québec

Historique

Depuis 1894 (Clapin : allure «bon sens», par ex. dans chanson sans allure, «qui n'a pas de sens commun, ou qui est chantée d'une voix molle et sans expression»). Ne paraît pas avoir été enregistré en France. Par ailleurs, comme l'expression avoir de l'allure n'a été relevée que tardivement en France en parlant d'une chose qui sort du commun (depuis Quillet 1937 : «Se dit parfois des choses. Ce monument a de l'allure»), et notamment en parlant de l'élégance d'un vêtement (depuis RobMéth 1982), on a signalé pendant longtemps cet emploi comme étant particulier au français du Québec (v. par ex. Clapin, GPFC, Bélisle-3).

Français de référence

Remarque(s)
En France, avoir de l'allure ne renvoie qu'à l'aspect extérieur d'une chose; par exemple une voiture qui a de l'allure suggère que la voiture impressionne par son apparence, alors qu'au Québec cela signifie le plus souvent qu'elle représente une bonne acquisition, sans être nécessairement impressionnante. Le sens usuel en France est cependant connu également au Québec (v. Étymologie/Historique).
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