Vedette

token (n. f.)
[tokən]
Aussi au masculin (rare).

Définition

Vieux Terme générique utilisé pour désigner les pièces de monnaie de peu de valeur, ou encore les jetonsJeton commercial en cuivre ou token émis par la Quebec Bank Token, 1852 (S1991-02569-000) émis par des compagnies et des commerçants, échangeables contre de la marchandise ou des services.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[tɔkɛn]

Variante(s) graphique(s)

tokenne (parfois)
Citation(s) Référence(s)
Sir Hugh Allan ne m'a jamais dit qu'il lui avait restitué ses $32.000. Tu sais qu'on n'entre jamais dans le ciel avec une token qui appartient aux autres.
1881, Le Vrai Canard, Montréal, 5 mars, p. [2].
[presse, journaux, périodiques]
Les monnaies en circulation à Montréal en 1820 étaient : le souverain, le demi-souverain, la couronne, (crown), le chelin, le demi chelin, le penny, le demi penny. La Banque de Montréal émettait une monnaie fractionnelle d'un sou et d'un demi sou, cette monnaie s'appelait token.
1884, La Patrie, Montréal, 24 déc., p. [4].
[presse, journaux, périodiques]
L'émission de ces jetons ou tokens fut particulièrement exploitée par les marchands, tels que les boulangers, bouchers, traversiers, taverniers, et surtout les associations de clubs, qui les utilisaient à titre de réclame ou comme «bons» dans leurs transactions commerciales.
1952, V. Morin, dans Les Cahiers des Dix, no 17, p. 77.
[études scientifiques]
M'man disait pas un mot... Enfin, j'ai cru qu'elle disait rien... Elle avait la bouche ouverte comme ça, t'nez! [...] Comme ça, à partir du Pont-Jacques-Cartier, quand p'pa a frôlé la rampe du pont, alors qu'il cherchait ses «tokens»... par terre!
1963 env., A. Brie, Chez Miville, sketch «Prosper (Québec et voyage) », p. 6 (radio).
[radio-télévision]
– Tiens, bois ça. Tu me dois six tokens. [.../] L'étranger remercia d'un signe de tête. Il se leva, avala son verre d'un trait et posa trois pièces de deux sous sur la table.
1981, L. Caron, Le canard de bois, p. 213 (l'histoire se passe vers 1837).
[littérature]

Commentaires

1. Se rencontre surtout dans la langue orale et dans les textes qui en rendent compte. 2. On trouve encore de nos jours chez les spécialistes le mot token pour désigner toutes les petites pièces qui avaient cours au XIXe s., avant la création de la monnaie décimale (1858).

Synonyme(s)

coppe; sou; jeton (plus soigné)

Origine

Emprunt d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) anglais

Historique

La graphie tokenne est attestée depuis 1936 (exemple cité sous le sens 06.) et le genre masculin depuis 1952 (R. Choquette, Le curé de village, 24 janvier (radio), p. 5 : Cinq piastres! Pas un token de plus !). – Attesté depuis 1881 dans des énoncés, mais figure sur des piècesToken de la Bank of Montreal, 1837 (Musée de la civilisation, S1991-02622-000) anglaises en circulation au Québec depuis au moins 1815 (v. Encyclopédie). En anglais, le mot token se dit de toute pièce métallique de l'apparence d'une pièce de monnaie, frappée par des particuliers, des compagnies ou des institutions et servant de monnaie d'échange pour l'acquisition de biens ou de services (v. notam. Webster 1986, s.v. token, sens 7, et s.v. token-money, sens 2; OED, s.v. token, sens 11, et s.v. token-money, sens b; v. également DictCan, s.v. beaverskin token, beaver token, Hudson's Bay token, made-beaver token, trade token, etc.).

Données encyclopédiques

Au début du XIXe s., la guerre anglo-américaine (1812-1814) amplifie le problème du manque de numéraire au Canada; viennent alors s'ajouter aux trop rares pièces de monnaie anglaises et américaines des jetons de cuivre qui arrivent de Grande-Bretagne, comme par exemple les pièces à l'effigie du général britannique Wellington sur lesquelles on retrouve, comme sur les autres qui suivront, l'inscription «one penny token ». Outre les espèces importées, d'autres jetons sont fabriqués, en conformité avec certaines lois, par des particuliers. Tous ces jetons servent de monnaie et valent généralement un demi-penny, c'est-à-dire un sou de l'époque. «À Montréal, entre 1820 et 1837, tout ce qui en a les mêmes dimensions peut tenir lieu de demi-penny » (v. L'encyclopédie du Canada, 1987, s.v. monnaie). Les jetons sont en si grand nombre et en si mauvais état que, vers 1836, les banques, qui commencent à fabriquer des pièces, n'acceptent les jetons qu'en fonction de leur valeur en métal. La popularité des tokens des institutions bancaires (notamment la Banque de Montréal, la première à en émettre en 1835), dont la valeur est indiquée «en sous» dans les inscriptions françaises, est due, outre leur valeur intrinsèque, aux gravures originales, et parfois engagées, qui les ornent (qu'on pense au sou de la Rébellion de 1837 dont l'avers présente les symboles révolutionnaires des Patriotes). Après l'Acte d'Union (1841) et jusqu'à la fin du XIXe s., les jetons privés continuent de circuler abondamment mais ne sont plus échangeables qu'auprès de ceux qui les émettent pour payer des biens et des services, notamment le transport (parmi les tokens les plus répandus, on peut signaler celui du chemin de fer du canal LachineToken en cuivre du chemin de fer du canal de Lachine, vers 1847 (Musée de la civilisation, S1991-02571-000)Token en cuivre du chemin de fer du canal de Lachine, 1947 (Musée de la civilisation, S1991-02572-000)). Ce sont les banques qui assurent dorénavant l'émission de la monnaie. – P. N. Breton, Histoire illustrée des monnaies et jetons du Canada, 1894 (en partic. p. 37 et 111); Histoire de la monnaie au Canada, 1955, p. 14; A. B. McCullough, La monnaie et le change au Canada, des premiers temps jusqu'à 1900, 1987 (en partic. p. 69-71, 82-86); Catalogue des monnaies du Canada, 11e éd., 1992, p. 170-193; D. Labbé, «Les jetons coloniaux, monnaie de nos ancêtres», dans Les Monnaies, avril 1996, p. 7-12.
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