Vedette

trempette (n. f.)
[tʀãpɛt]

Définition

(À la cabane à sucre). Morceau, tranche de pain que l'on trempe dans de l'eau d'érable bouillante qui commence à épaissir; mets composé de morceaux de pain ainsi trempés, parfois mélangés avec des oeufs. – Eau d'érable épaissie par évaporation mais n'ayant pas encore atteint la concentration en sucre du sirop.
Manger, déguster de la, une trempette. Boire de la trempette. Faire cuire des oeufs dans de la trempette. Crêpes arrosées de trempette. QU_e162
[État des données: avancé]

Variante(s) morphologique(s)

(variante suff.) trempine (vieilli)
Citation(s) Référence(s)
Oh! ici, tout près, perdue dans les bois, [...] il reconnaissait la cabane à sucre du père Legault. Il l'ouvrit [...] comme avec l'idée d'y surprendre dans les coins quelqu'ombre rajeunie de lui-même qui mangerait encore de la «trempette».
1899, E. Choquette, Claude Paysan, p. 100-101.
[littérature]
Mais, la bonne odeur et la tiédeur de la cabane nous accueillaient et on était vite à table pour dévorer des omelettes au lard et des oeufs cuits dans le sirop! Puis, pas besoin de vous parler du réduit ou de la trempette qu'on buvait à longs traits...
1948, É. Coderre, Rêveries de Jean Narrache, 30 mars, p. 4 (radio).
[radio-télévision]
De là la vogue des parties de sucre. Plusieurs semaines durant, les citadins envahissent par centaines les magnifiques érablières des alentours de Montréal, Québec, Trois-Rivières ou Sherbrooke. [...] ils prennent d'assaut les cabanes rustiques qui deviennent bientôt saturées d'alcool et de sirop, de babillages et de chansons. Le soir, en sortant de là, on sera repu de trempette, d'oeufs cuits dans le sucre brûlant, de sandwiches au jambon, de propos lestes.
1965, J.-Ch. Harvey, Des bois... des champs... des bêtes..., p. 23.
[littérature]
[...] la maîtresse d'école nous avait invités à former un grand cercle autour du chaudron plein de sève en ébullition et elle nous avait expliqué les différentes opérations conduisant à la fabrication du sucre du pays. Une première évaporation produisait un réduit légèrement sucré dans lequel nous avions fait une délicieuse trempette peu après notre arrivée. Ensuite, on obtenait le sirop; un prolongement de l'ébullition donnait de la tire qui se transformait en sucre à la fin du processus.
1981, L. Allard, Mademoiselle Hortense, p. 206.
[littérature]

Origine

Innovation sémantique français ancien et parlers régionaux de France

Historique

Découle du sens de « morceau de pain, de gâteau, etc., que l'on trempe dans un aliment liquide », attesté en français depuis 1611, mais aujourd'hui considéré comme vieux ou régional, sauf dans la locution faire trempette (voir sens 02., aussi faire la trempette, relevé comme familier en français du début du XIXe s.) «tremper du pain dans un aliment liquide, du sucre dans une boisson (une liqueur) avant de les manger » (v. FEW te+mpe+rare 13-1, 171a, GLLF, Hachette 1980 et Robert 1985). Trempine (depuis 1862; A. Gérin-Lajoie, «Jean Rivard, le défricheur canadien», dans Les Soirées canadiennes, vol. 2, p. 129) a été relevé dans les parlers de l'Ouest de la France au sens de « pain trempé dans du vin, du lait» (v. FEW id., 171b).

Étymon du FEW

temperare

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
QU: 2167