Vedette

sauvage (n. m.)
[sɔvaʒ]
De nos jours, le mot prend la majuscule à l'initiale quand il est employé comme substantif désignant une personne (un Amérindien), mais l'usage a fluctué constamment depuis le XVIIe s., compte tenu notamment de la valeur générique que peut prendre le mot (on remarque souvent, à cet égard, que sauvage s'écrit avec la minuscule à l'initiale alors qu'Indien prend la majuscule dans les contextes où les deux appellations se côtoient).

Définition

Vieilli Terme utilisé pour désigner toute langue propre aux Amérindiens.
Apprendre, écrire le sauvage. Chanter la messe en sauvage. Mot emprunté au sauvage, tiré du sauvage. – adj. Un nom, un terme sauvage. Les dialectes sauvages. (En fonction adv.). Parler, chanter sauvage.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

sauvaige, saulvaige (au XVIe s.)
Citation(s) Référence(s)
De vray, Monsieur de Biancourt, qui entend le sauvage le mieux de tous ceux qui sont icy, a pris d'un grand zele, et prend chaque jour beaucoup de peine à nous servir de truchement [«d'interprète»]. Mais, ne sçay comment, aussi tost qu'on vient à traitter de Dieu, il se sent le mesme que Moyse, l'esprit estonné, le gosier tary, et la langue nouée.
1612, dans RJ 2, p. 8.
[archives et textes anciens]
J'ay remarqué dans l'estude de leur langue qu'il y a un certain barragoin entre les François et les Sauvages, qui n'est ny François, ny Sauvage, & cependant quand les François s'en servent, ils pensent parler Sauvage, & les Sauvages en l'usurpant croyent parler bon François.
1634, dans RJ 5, p. 112 et 114.
[archives et textes anciens]
Qui pour Cacouna, qui pour Kamouraska, qui pour Rimouski, qui pour Restigouche... le lecteur va croire que je parle sauvage... tout le monde, c'est-à-dire tout Montréal, tout Québec et tout Ottawa, s'en vont «aux eaux », comme si les aqueducs étaient rares dans les villes avantagées d'un tarif de taxes.
1876, B. Sulte, Mélanges d'histoire et de littérature, p. 221.
[littérature]
Mais je n'ai point honte de mon sang mêlé. Il a, en ce pays-ci, plus de profondeur que le tien. Et c'est ce qu'on a dans les profondeurs du sang qui fait comprendre beaucoup, beaucoup de choses. [...] Bois-Brûlé! Sang mêlé! Mais au fond de ce sang, j'ai des mots sauvages que j'entends encore, et des désirs qui marchent et qui vont bien au delà de vos clôtures.
1965, F.-A. Savard, La Dalle-des-Morts, p. 46-47.
[littérature]
On n'était pas riche, mais on vivait bien dans ce petit lopin de la seigneurie des Chaillons. Et on était heureux. D'autant qu'à la veillée qui suivit le fils raconta force merveilles qu'il avait pu contempler du côté des Bastonnais; il décrivit les bêtes fabuleuses qu'il avait rencontrées dans les bois; il récita aussi quelques mots de sauvage qu'il avait appris ici et là dans les peuplades où il avait séjourné, où on l'avait reçu avec empressement et une hospitalité exquise.
1994, J. Marcel, Des nouvelles de Nouvelle-France, p. 152-153.
[littérature]

Synonyme(s)

Origine

Innovation sémantique français du Québec

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis 1612.

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
QU: 2198