Vedette

sauvage (faire l'amour à la ~) (loc. verb.)
De nos jours, le mot prend la majuscule à l'initiale quand il est employé comme substantif désignant une personne (un Amérindien), mais l'usage a fluctué constamment depuis le XVIIe s., compte tenu notamment de la valeur générique que peut prendre le mot (on remarque souvent, à cet égard, que sauvage s'écrit avec la minuscule à l'initiale alors qu'Indien prend la majuscule dans les contextes où les deux appellations se côtoient).

Définition

Vieux Faire la cour en attirant l'attention par des artifices, mais sans parler, sans exprimer verbalement ses sentiments.
[État des données: avancé]

Variante(s) polymorphique(s)

faire l'amour en Sauvage
Citation(s) Référence(s)
Elle [la Toune] eut un jour pour pénitence, l'obligation de faire l'amour en sauvage avec celui qu'elle aimait le plus, et elle appela en minaudant le beau Toine, l'invitant à venir avec elle prendre place sur les deux chaises disposées en causeuse. Toine eut peine à dissimuler une grimace. Il interrogea de la tête la belle Toune, mais la Toune ne fit rien paraître sur son masque impassible, et s'arrangea les cheveux pour se donner une contenance [...].
1921, J. Tremblay, Trouées dans les novales, p. 158-159.
[littérature]

Synonyme(s)

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01.Faire l'amour à la sauvage (depuis 1723, dans le passage reproduit ci-dessous) et faire l'amour en Sauvage (depuis 1921) font allusion à un rituel amoureux typique de groupes autochtones de la Nouvelle-France et adopté par des Canadiens français, vraisemblablement comme jeu et non comme pratique intégrée à leur culture. Ce rituel a été observé chez les autochtones en 1723 par une hospitalière, mère Marie-Andrée Duplessis de Sainte-Hélène : «Les infidelles [c.-à-d. les Sauvages non chrétiens] se marient sans ceremonies quand ils se plaisent, et ils connoissent s'ils ont de l'amitié l'un pour l'autre sans se le dire ils font l'amour a la sauvage sans se parler, une de leur caresse par exemple c'est de se jeter une petite pierre, ou des grains de bled dinde, ou quelque autre chose incapable de blesser, et si c'est une pierre aussi tost quelle est partie le galand regarde d'un autre côte [= côté] comme si ce nêtoit pas luy qui l'eût jettée, quand la belle la luy rejette c'est une preuve que les cœurs sont en bonne intelligence, mais quand elle ne la renvoye point le pauvre amant est mal dans ses affaires et n'a qu'a se retirer [...].» (v. Nova Francia, vol. 3, no 1, 1927, p. 43-44; le même rituel avait déjà été décrit chez les Souriquois par le jésuite P. Biard, v. RJ 3, 1616, p. 98).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
QU: 2204