Vedette

sauvage (partir en ~) (loc. verb.)
De nos jours, le mot prend la majuscule à l'initiale quand il est employé comme substantif désignant une personne (un Amérindien), mais l'usage a fluctué constamment depuis le XVIIe s., compte tenu notamment de la valeur générique que peut prendre le mot (on remarque souvent, à cet égard, que sauvage s'écrit avec la minuscule à l'initiale alors qu'Indien prend la majuscule dans les contextes où les deux appellations se côtoient).

Définition

(Souvent (mais surtout autrefois) par allusion aux Amérindiens, vus à travers le prisme de stéréotypes négatifs). (Dans une locution où l'allusion aux Amérindiens était particulièrement sentie autrefois). Fam. Partir subitement, sans saluer, ou (vieilli) sans prendre le temps de s'attarder (après un repas, au cours d'une soirée, etc.).
[État des données: avancé]

Variante(s) polymorphique(s)

partir comme un sauvage, comme des sauvages; (plus rarement) quitter, déguerpir, etc. en sauvage, comme un sauvages, comme des sauvages
Citation(s) Référence(s)
– Assez, mon ami, assez. Je m'aperçois que tu es en veine de m'égrener toute une litanie de jérémiades, et je te préviens que je n'aime pas les gens plaignards. Aussi, je m'empresse de te souhaiter bonne nuit et bonne chance. – Pars don pas comme un sauvage, ni ainque [= rien que] su'une jambe. Tiens, j'vas te servir une autre lampée de mon vin de rhubarbe. [...] Si t'étais ben aimable, supplia tout-à-coup le maître de céans, tu passerais la soirée avec moi.
1904, R. Girard, Marie Calumet, p. 26-27.
[littérature]
(Dans une variante). – Le Survenant est parti! [/] Pendant que les marches geignaient sous son pas pesant, Didace ne faisait que dire : – Ça se peut pas! Ça se peut pas! [/] Alphonsine cria comme une perdue : – Oui, oui, il est parti. Quand je vous le dis... [/] Parti, le Survenant! Sans un mot. Sans un signe. Sans un geste de la main. [/] Encore essoufflée d'avoir monté si vite, Alphonsine s'indigna : – Un vrai sauvage, quoi! Ces survenants-là sont presquement pas du monde. Ils arrivent tout d'une ripousse [«en coup de vent»]. Ils repartent de même. C'est pire que des chiens errants.
1945, G. Guèvremont, Le Survenant, p. 234-235.
[littérature]

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – L'expression partir en sauvage est attestée sous diverses variantes depuis le XIXe s. : quitter (un lieu) comme des sauvages (chez H. Beaugrand, «La chasse-galerie», dans La Patrie, Montréal, 31 déc. 1891, p. 2), s'en aller comme un sauvage (W. Larose, Variétés canadiennes, 1898, p. 182), partir comme un sauvage (chez R. Girard, 1904, exemple cité), etc. Ces locutions font référence à une façon d'arriver ou de prendre congé qu'avaient les autochtones de la Nouvelle-France et qu'ont rapportée quelques auteurs, dont le jésuite P. Le Jeune : «[...] ils [les Sauvages] entrent par tout sans dire mot, ny sans vous salüer [...].» (v. RJ 5, 1634, p. 122); néanmoins, s'en aller comme un sauvage a été relevé sous la plume de l'écrivain français G. de Maupassant, dans une œuvre de 1888 (cité dans Robert 1953-1985, PRobert 1993), et partir comme un sauvage figure dans Larousse 1982.

Français de référence

Remarque(s)
Voir sens 25.
QU: 2216