Vedette

sou (n. m.)
[su]

Définition

(À partir du Régime anglais). Hist. Cette même unité monétaire ayant une valeur équivalente dans les trois systèmes alors en usage. Voir Encyclopédie.
(Par référence au système français). Livre de vingt sols, de 20 sous. Sol, sou français, de France. Sol, sou tournois. (Par rapport au système anglais dans lequel le sou est intégré). 8 livres (anglaises), 16 chelins (ou shillings), 20 sous. (Par rapport à la piastre espagnole). 2 piastres, 3 chelins et 35 sous.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[sɔl] (d'après la variante sol)

Variante(s) graphique(s)

sol (variante plus courante que sou dans les documents écrits)
Citation(s) Référence(s)
Il vous est enjoint et ordonné de paier au demandeur la somme de trois louis [livres anglaises] dix chelins et vingt sols.
1782, Québec, ANQQ, PJN 70e liasse, no 41, p. 2.
[archives et textes anciens]
La balance qu'il a produite etoit de vingt et une piastre, et vingt huit sols.
1820, Archives de la Fabrique de Saint-Vallier (Bellechasse), livre de comptes 1798-1845, 2 janvier, p. [45].
[archives et textes anciens]
Là, là! tout cet ouvrage pour demain! mais en revanche, douze sous par ici, douze sous par là; ça fait un chelin. C'est beaucoup pour moi. Je mets douze sous pour un repas, je n'en fais qu'un bon par jour, car j'ai un petit appétit; avec les autres douze sous j'achète une verge de ruban, de ce ruban rouge qui ressemble à une flamme de feu.
1849, E. L'Écuyer, «Une lingère de Montréal ou Les coïncidences», dans Le Moniteur canadien, Montréal, 7 déc., p. 1.
[littérature]
Lorsque le prisonnier allait sortir, le témoin lui fit rappeler qu'il n'avait pas payé; alors le prisonnier s'excusa; ensuite il tira un trente sous de sa poche et ne voulut pas reprendre le change.
1854, Le Canadien, Québec, p. 4 (relation d'un procès).
[presse, journaux, périodiques]
Un fumeur ordinaire brûle par jour trois sous de tabac, soit quatre livres [françaises] et dix sous par mois; si on ajoute une dizaine de sous par mois pour les pipes et les allumettes, on aura une somme d'au moins 60 francs [livres françaises] par année, sans compter le temps perdu et les hardes brûlées. Si une famille possède un père et deux fils fumeurs, voilà une somme de 180 francs passée en fumée.
1866, La Gazette de Joliette, 25 oct., p. [2].
[presse, journaux, périodiques]

Synonyme(s)

Origine

Innovation sémantique français de référence

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis le début du Régime anglais (v. Encyclopédie). D'après la documentation, sou s'emploie en rapport avec l'ancien système monétaire français de façon certaine au moins jusqu'en 1869 (dans un document notarié : livre de vingt sols, locution attestée depuis 1778), avec le système anglais jusqu'en 1879 (ANQQ, Cour d'appel, Québec, cause no 20, 1884, factum des appelants, p. 30 : mille quatre cent cinq louis, quatre chelins, vingt-deux sous), et avec la valeur de la cent-vingtième partie de l'ancienne piastre (espagnole) jusqu'à l'instauration du système décimal en 1858. Sol tournois (depuis 1798, réutilisé par les historiens à partir du XIXe s.).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.

Données encyclopédiques

Jusqu'à la création du nouveau système décimal canadien (1858), le sou réfère toujours à sa valeur de départ, soit la vingtième partie de la livre française. En conséquence de la valeur officielle que les dirigeants anglais donnent à la piastre espagnole, laquelle est mise en rapport avec la livre française (il en faut six pour faire une piastre) et le chelin (shilling) anglais (il en faut cinq pour faire une piastre, sauf pendant une courte période, entre 1759 et 1777, où sa valeur a fluctué), le sou devient en pratique une monnaie divisionnaire facilement transférable d'un système à l'autre. La valeur passe-partout du sou facilite les calculs pour la population qui doit se débrouiller avec trois systèmes monétaires et qui manipule des pièces d'origines variées. Si l'on prend en compte la situation à partir de 1777, il faut 20 sous pour faire une livre française, 24 sousBillet de vingt-quatre sous ou un chelin, 1837 (Musée de la civilisation, collection Archives nationales du Québec, S1993-02066-000) pour faire un chelin anglais et 120 sous pour faire une piastre. Après l'instauration du système décimal (voir sens 14.), les anciennes pièces demeurant en circulation, on continuera pendant quelque temps à utiliser le mot sou avec son ancien sens et on établira une équivalence entre le sou (ancien système) et le centin (nouveau système); c'est ce qui explique qu'on nomme les vingtièmes, dixièmes et quarts de dollar (cinq, dix et vingt-cinq cents) six, douze et trente sous. L'habitude de désigner la pièce de vingt-cinq cents par trente sous s'est conservée jusqu'à nos jours. – Ordonnance du gouverneur Carleton, 29 mars 1777, dans Ordonnances faites et passées par le gouverneur et le Conseil législatif de la province de Québec, 1795, p. 16; A. Shortt (éd.), Documents relatifs à la monnaie, au change et aux finances du Canada sous le Régime français, 1925; J. Hamelin, « À la recherche d'un cours monétaire canadien : 1760-1777», dans Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 15, no 1, 1961, p. 24-34; F. Ouellet, Histoire économique et sociale du Québec 1760-1850, 1966, p. 45-71, v. notamment p. 59 pour les ordonnances sous le Régime anglais; A.B. McCullough, La monnaie et le change au Canada, des premiers temps jusqu'à 1900, 1987, v. en particulier p. 18, 47-49, 80-86.
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