Vedette

sou (n. m.)
[su]

Définition

(Par extension, du sens 03.). Vieux (Par rapport au système monétaire canadien institué en 1858). La cent-vingtième partie de la nouvelle piastre décimale (aussi appelée dollar).
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Une bonne vache ordinaire, bien soignée, donnera au moins 150 livres de beurre par année. Six de ces vaches donneront 900 livres par année, ce qui, à 18 sous, formera la somme de $135 [piastres]; tandis qu'à 30 centins [centième partie de la piastre décimale], le prix en gros du beurre salé de premier choix, on aurait $270. Voilà donc, sur le produit de six vaches seulement, $135 de perdues, chaque année, pour la masse des cultivateurs. Y avez-vous songé, mères de famille qui ne savez comment doter vos filles ? Enseignez-leur donc à faire du beurre de première qualité; ce sera déjà une source de fortune pour les heureux cultivateurs qui les épouseront.
1875, É. A. Barnard, Causeries agricoles, p. 86.
[études scientifiques]

Origine

Innovation sémantique français du Québec

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis 1867 (ANQQ, Québec, gr. L. Bégin, 2 nov. : un garibaldi 40 sous... 0.33 [cents], où l'on voit que le sou vaut la cent-vingtième partie de la piastre décimale canadienne).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.

Données encyclopédiques

Jusqu'à la création du nouveau système décimal canadien (1858), le sou réfère toujours à sa valeur de départ, soit la vingtième partie de la livre française. En conséquence de la valeur officielle que les dirigeants anglais donnent à la piastre espagnole, laquelle est mise en rapport avec la livre française (il en faut six pour faire une piastre) et le chelin (shilling) anglais (il en faut cinq pour faire une piastre, sauf pendant une courte période, entre 1759 et 1777, où sa valeur a fluctué), le sou devient en pratique une monnaie divisionnaire facilement transférable d'un système à l'autre. La valeur passe-partout du sou facilite les calculs pour la population qui doit se débrouiller avec trois systèmes monétaires et qui manipule des pièces d'origines variées. Si l'on prend en compte la situation à partir de 1777, il faut 20 sous pour faire une livre française, 24 sous pour faire un chelin anglais et 120 sous pour faire une piastre. Après l'instauration du système décimal (voir sens 14.), les anciennes pièces demeurant en circulation, on continuera pendant quelque temps à utiliser le mot sou avec son ancien sens et on établira une équivalence entre le sou (ancien système) et le centin (nouveau système); c'est ce qui explique qu'on nomme les vingtièmes, dixièmes et quarts de dollar (cinq, dix et vingt-cinq cents) six, douze et trente sous. L'habitude de désigner la pièce de vingt-cinq cents par trente sous s'est conservée jusqu'à nos jours. – Ordonnance du gouverneur Carleton, 29 mars 1777, dans Ordonnances faites et passées par le gouverneur et le Conseil législatif de la province de Québec, 1795, p. 16; A. Shortt (éd.), Documents relatifs à la monnaie, au change et aux finances du Canada sous le Régime français, 1925; J. Hamelin, « À la recherche d'un cours monétaire canadien : 1760-1777», dans Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 15, no 1, 1961, p. 24-34; F. Ouellet, Histoire économique et sociale du Québec 1760-1850, 1966, p. 45-71, v. notamment p. 59 pour les ordonnances sous le Régime anglais; A.B. McCullough, La monnaie et le change au Canada, des premiers temps jusqu'à 1900, 1987, v. en particulier p. 18, 47-49, 80-86.
QU: 2254