Vedette

Iroquois, oise (n. pr.)
[iʀɔkwɑ, wɑz]

Définition

Hist. Amérindien appartenant à l'une ou l'autre des cinq nations iroquoiennes qui, à l'époque de la colonisation, occupaient le sud et le sud-est du lac Ontario et formaient une importante ligue amérindienne (général. appelée Ligue ou Confédération des Cinq-Nations) contre laquelle la colonie française et ses alliés amérindiens ont souvent été en guerre (v. Encyclopédie).
Les Iroquois d'Agnié, du canton d'Agnié (agnier). Les Iroquois de Caughnawaga, du lac des Deux-Montagnes (mohawk). Le pays des Iroquois. (Dans la toponymie anc.). La rivière des Iroquois (auj. rivière Richelieu). Le lac des Iroquois (auj. lac Champlain). (Dans des contextes exprimant le point de vue des historiens traditionnels). Expéditions, guerres contre les Iroquois. Les attaques, embuscades, incursions des Iroquois. Massacré, tué par les Iroquois. (En appos.). Les Sauvages Iroquois. (Au sing. avec valeur de collectif). La peur de l'Iroquois.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

Hiroquois, Irocois, Yroquois, etc. (au XVIIe s.)
Citation(s) Référence(s)
Monsieur de Montmagny [...] dit à Mr de Maison Neufve dans sa première visite : «Vous savez que la guerre a recommencé avec les Yroquois [...]. Il n'y a pas d'apparence que vous songiez à vous mettre dans un lieu si éloigné [...]». A ces paroles, Mr de Maison Neufve lui répondit en homme de cœur et du métier : «Mr, ce que vous me dîtes serait bon si on m'avait envoyé pour délibérer et choisir un poste, mais, ayant été déterminé par la Compagnie qui m'envoie que j'irais au Montréal, il est de mon honneur et vous trouverez bon que j'y monte pour y commencer une colonie, quand tous les arbres de cette île se devraient changer en autant d'Iroquois.»
1672 env., Fr. Dollier de Casson, dans M. Trudel et M. Baboyant (éd.), Histoire du Montréal, 1992, p. 64.
[études scientifiques]
Nos Indiens amis comptaient malheureusement des ennemis puissants : les Iroquois. Or, en s'alliant aux Hurons, aux Montagnais et aux Algonquins, Champlain devenait, du même coup, l'ennemi des Iroquois. [...] Avec les années, les Iroquois devinrent si terribles qu'ils semaient partout l'épouvante. A ce seul nom : Les Iroquois! hommes, femmes, enfants, se sauvaient « comme un troupeau timide poursuivi par les loups».
1952, G. Laviolette, Les pionniers, p. 29.
[études scientifiques]
D'un coup de pied joyeux j'arrache les couvertures de flanelle qui recouvrent ton corps et c'est la mer à l'infini qui houle à mes côtés. Je lève le store et te voici toute embrasée comme si les Iroquois d'une légende avaient revêtu la mer d'écorces et d'aiguilles sèches de cèdre pour en faire une flambée!
1970, P. Châtillon, Le journal d'automne de Placide Mortel, p. 24-25.
[littérature]
À partir de Manhattan et de Hartford, ouverts en 1624 et 1633, les Hollandais cherchèrent, par Iroquois interposés, à attirer vers leurs comptoirs les fourrures que les Hurons faisaient parvenir aux établissements français de la vallée du Saint-Laurent.
1982, R. Savard et J.-R. Proulx, Canada. Derrière l'épopée, les autochtones, p. 25.
[études scientifiques]
En effet, si les Iroquois ont fait peur, cette phobie, à son tour, a produit des stéréotypes de cruauté qui ont été utilisés non seulement pour rehausser les qualités des pionniers, mais aussi pour créer des spectres absolument négatifs autour des Iroquois. Or, une fois la situation coloniale maîtrisée, notre histoire a retenu les stéréotypes et ce sont ceux que l'on a appris sur les bancs d'école et que l'on y enseigne encore [...].
1989, N. Clermont, dans Recherches amérindiennes au Québec, vol. 19, nos 2-3, p. 117.
[études scientifiques]

Origine

D'origine obscure

Historique

Depuis 1603 (Irocois, dans S. de Champlain, Des Sauvages, p. 5, cité sous montagnais). Mot d'étymologie obscure. Selon l'explication du père de Charlevoix, souvent reprise jusqu'au XIXe s., iroquois aurait été formé par les Français à partir de deux mots iroquois (« Hiro, ou Hero, qui signifie, J'ai dit : & par lequel ces Sauvages finissent tous leurs discours» et « Koué, qui est un cri, tantôt de tristesse [ ... ] & tantôt de joye», v. Histoire et description générale de la Nouvelle France, t. 1, 1744, p. 270-271). Selon l'hypothèse la plus largement répandue depuis la fin du XIXe s., iroquois aurait plutôt été emprunté à une langue algonquienne, probablement le montagnais; comme forme d'origine, on a notamment proposé irinakhoiw «vrai serpent» et irnokué «homme redoutable, à craindre» (v. ChambInd-6, p. 293, HIC, et G.M. Day, dans E. Tooker (ed.), Iroquois Culture, History, and Prehistory, 1967, p. 57-60). Enfin, d'après une hypothèse récente, iroquois signifierait littéralement «tueurs, assassins» et serait issu du pidgin basque-algonquien qui, au cours du XVIe s., servait aux échanges entre les marins européens et les Amérindiens dans le golfe du Saint-Laurent (v. P. Bakker, dans Man in the Northeast, no 40, 1990, p. 89-93; v. aussi D. Delâge, dans Recherches amérindiennes au Québec, vol. 21, nos 1-2, 1991, p. 59). Le mot figure dans les dictionnaires français depuis Trévoux 1721; il a pénétré en anglais dès la seconde moitié du XVIIe s. (v. Craigie et OEDSuppl 1976).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.

Données encyclopédiques

Au XVIIe s., les Iroquois comptaient cinq nations qui, à l'époque, étaient généralement connues des Français sous les noms de Agniers, Onneiouts, Onontagués, Goyogouins et Tsonnontouans; de nos jours, sous l'influence des auteurs américains, on donne plus souvent à ces nations les noms de Mohawks, Oneidas, Onondagas, Cayugas et Senecas. Dans les relations du XVIIe s., la nation des Agniers (ou Mohawks), qui était établie au sud de Montréal dans la partie la plus orientale du territoire iroquois, était aussi appelée Iroquois inférieurs ou d'en bas, par opposition à Iroquois supérieurs ou d'en haut qui faisait référence aux autres nations iroquoises. Au XVIIIe s., une sixième nation amérindienne, les Tuscaroras, est venue s'ajouter à la Ligue iroquoise ou Confédération des Cinq-Nations qui a alors pris le nom de Confédération des Six-Nations.
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