Vedette

loup-marin (n. m.)
[lumaʀẽ]

Définition

(Surtout dans la langue des pêcheurs). Nom donné au phoque (fam. des phocidés), en partic. au phoque commun (Phoca vitulina) qui abonde dans l'estuaire du Saint-Laurent.
Chasser, pêcher le loup-marin. La chasse aux loups-marins. Huile de loup-marin. Peaux de loups-marins. QU_e216
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

loup marin (souvent, surtout anciennement)
Citation(s) Référence(s)
Ilz [les Amérindiens] ont des barques en quoy ilz vont par la mer qui sont faictes d'escorche de bouays de boul [«bouleau»] o [«avec»] quoy ilz peschent force loups marins.
1536 env., J. Cartier, dans M. Bideaux (éd.), Relations, 1986, p. 101.
[archives et textes anciens]
Le Loup Marin doit son nom à son cri, qui est une espece de hurlement; car dans sa figure, il n'a rien du Loup, ni d'aucun Animal terrestre, que nous connoissions. [...] Les Pêcheurs distinguent plusieurs especes de Loups Marins [...]. Il y en a, qui ne font que fretiller dans l'Eau; nos Matelots les appellent Brasseurs, ils ont donné à une autre espece le nom de Nau [...] à une autre, celui de Grosses Têtes.
1744, Fr. X. de Charlevoix, Histoire et description générale de la Nouvelle France, t. 3, p. 143-144.
[archives et textes anciens]
Vers le soir, tout ce monde piailleur et paillard se rassemble pour la nuit dans les anses abritées ; si la marée baisse, les loups-marins se hissent sur les pierres à mesure que le reflux les découvre : petits loups-marins d'esprit à fourrure tachetée, et gros loups-marins à tête de cheval. Au travers des cris adoucis des goélands, on perçoit leurs plaintes d'enfants et le clapotis de l'eau, où ils se laissent glisser par manière de jeu.
1920, Frère Marie-Victorin, Croquis laurentiens, p. 127.
[littérature]
Je veux dire ta façon De tuer un loup-marin Pour la peau Et la chair pour les chiens Et jamais pour le sport Et jamais pour rien.
1964, G. Vigneault, Balises, p. 89 (poème).
[littérature]
(Acadie). Le sang commençait à bouillir dans les veines des chasseurs; on apercevait enfin ce que tout chasseur souhaite voir au moins une fois dans sa vie : «la grande mouvée», c'est-à-dire des milliers et des milliers de loups-marins sur la glace. Malgré leur grande fatigue, ils commencèrent leur chasse avec en tête une seule idée : tuer autant de loups-marins qu'ils pouvaient en emporter.
1975, A. Harvey, Les contes d'Azade, p. 152.
[littérature]

Commentaires

Longtemps d'usage général, mais fortement concurrencé par phoque de nos jours.

Historique

Depuis 1536 environ, en référence à des phoques d'Amérique du Nord (Cartier); mais cette appellation, qu'on explique généralement par un rapprochement entre le cri du phoque et le hurlement du loup (v. exemple de Charlevoix), avait déjà cours dans la langue des navigateurs français depuis le XVe s. (v. FEW lu+pus 5, 459b; RollFaune 8, p. 165). Loup-marin figure dans la plupart des grands dictionnaires français depuis Cotgrave 1611 (s.v. loup et le plus souvent écrit sans trait d'union), mais son usage en France ne semble pas avoir été aussi fréquent qu'au Canada où il est longtemps demeuré le seul terme usuel (v. BrassSPM; v. aussi Besch 1847 et Quillet 1937, s.v. loup). Le mot est attesté chez quelques auteurs canadiens-anglais (v. DictCan).

Étymon du FEW

lupus

Français de référence

Équivalent(s)
veau marin (très rare au Québec)
Mot particulier
Emploi particulier par son statut (registre d'emploi, domaine d'emploi, fréquence relative ou connotation).
QU: 2488