Vedette

morue (petite ~) (loc. nom.)

Définition

Vieilli ou région. Nom donné au poulamon.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

mourue, mol(l)ue, moulue(anciennement, v. Étymologie/historique)

Variante(s) polymorphique(s)

petite morue des chenaux (variante d'auteur, d'après petit poisson des chenaux)
Citation(s) Référence(s)
De la petite Moulue. Ce poisson est ainsi appellé à cause du grand raport et de l'entiere ressemblance qu'il a avec la grande moulue et plusieurs pensent que veritablement c'est cette telle moulue qu'on prent en tant d'endrois du Canada, qui venant de la mer ce vient renger sous nos glaces du Canada pendant le plus grand froit de ce pays en sorte que depuis 3 ou 4 ans on en a descouvert la pesche qui se fait sous la glace depuis Baptiscan jus[ques] au 3 Rivieres dans l'espace de 6 a 7 lieues [...] de maniere q[ue] beaucoup d'habitans, s'ils s'attachent a cette pesche, ne manquent pas d'en saler des barriques entieres.
1675 env., L. Nicolas, Traitté des poissons, ANC, ms. 12223, fo [80].
[archives et textes anciens]
[...] vers les Trois-Rivières on prend un petit poisson qui est très-bon en friture, que l'on appelle petite morue; on le dit de même espèce que les grandes morues; je ne le crois pas.
1757, le comte de Bougainville, «Mémoire sur l'état de la Nouvelle-France», dans RAPQ 1923-1924, p. 56.
[archives et textes anciens]
La petite morue, à cause de sa petite taille et de la nature molle de sa chair, n'est pas susceptible d'être transformée en préparations salées. Elle doit, par conséquent, être mangée fraîche, et pour cette raison ne peut souffrir un transport éloigné pendant la saison de l'été. Il n'y a qu'en hiver, lorsqu'elle est gelée et qu'on l'éloigne autant que possible du contact de l'air, qu'elle est susceptible de se conserver tant que la température de l'air se tient basse.
1864, P. Fortin, dans Appendices des pêcheries du rapport annuel pour 1863, p. 74.
[textes administratifs ou officiels]
A Québec, la pêche à la petite-morue commence aux Rois, comme à Trois-Rivières, mais elle ne se fait qu'à la ligne, dans la petite rivière Saint-Charles, depuis son enbouchure [sic] jusqu'à l'hôpital de la Marine. Le poisson arrive à heure fixe, avec une exactitude quasi officielle. Vous l'attendez à coup sûr, dans une maisonnette chaudement installée sur la glace, au milieu d'un groupe d'amis, ou en famille, distribués dans deux ou trois pièces meublées, qui jouant aux cartes, qui devisant de politique, qui vidant un verre, à côté des pêcheurs de vocation occupant en vis-à-vis deux bancs de dix à douze pieds de longueur, donnant sur une coupe de même longueur et d'une largeur d'un peu plus d'un pied, pratiquée dans la glace.
1897, A.-N. Montpetit, Les poissons d'eau douce du Canada, p. 169.
[études scientifiques]
(Pour la variante petite morue des chenaux). Aux aliments végétaux [consommés par les Amérindiens] s'ajoutaient le gibier [...] et les nombreux poissons d'eau douce, sans oublier la petite morue des chenaux que l'on pêchait l'hiver à travers des trous dans la glace.
1957, J. Rousseau, dans Les Cahiers des Dix, no 22, p. 195.
[études scientifiques]
On irait fére des tours à l'Île-aux-Grues, pis on irait à pêche. On ramènerait d'la p'tite morue en masse à maison.
1981, M. Laberge, C'était avant la guerre à l'Anse à Gilles, p. 64.
[littérature]

Commentaire géolinguistique

Notamment dans la région de Québec.

Répartition

  • Côte-Nord

Origine

Innovation sémantique français ancien

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis 1675 environ. Petite morue a été relevé en France au XIXe s. comme appellation pouvant s'appliquer à différentes espèces de poissons de petite taille de la même famille que la morue (v. RollFaune 11, p. 218-219; Dupiney 1864, s.v. gadoïdes : «Le Dorsch, ou Petite Morue, appelé à Paris Faux Merlan [...]»; Larousse 1866; Besch 1892); le fait que petite morue soit relevé au Québec depuis le XVIIe s. (en parlant du poulamon) indique qu'il s'agit d'une appellation ancienne en France. Son existence en français du Québec a été remarquée au XVIIIe s. par Duhamel du Monceau, inspecteur général de la marine de France, qui a décrit, dans son Traité général des pesches (3e section, 1769, p. 19), la pêche au petit poisson ainsi désigné qui se pratiquait au Canada : «Pêche qui se fait dans le Fleuve S. Laurent, au-dessus de Quebec, pour prendre un petit poisson gros comme un Eperlan, que les habitants nomment petite Morue. Cette Pêche se fait dans le courant du mois de Janvier.»

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
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