Vedette

Bonjour la visite! (loc. interj.)

Définition

Pour signifier un départ précipité, une disparition soudaine, inattendue, ou encore pour clore abruptement une discussion dont on ne voit plus l'intérêt.
[État des données: avancé]

Variante(s) polymorphique(s)

Bonjour la compagnie! (vieilli); (plus rarement) bonsoir la visite, (vieux) bonsoir la compagnie (v. Étymologie/Historique)
Citation(s) Référence(s)
Combien fus-je ainsi de temps sans connaissance, connais pas. Seulement, quand je pus ouvrir les yeux, il faisait petit jour [...]. Je vis alors à côté de moi et garotté [sic] ainsi que j'étais, ce pauvre petit Pierre Mathurin qu'ils [des Indiens] avaient aussi pris. Apparemment que les blessures dont il était criblé l'avaient fait évanouir car il ne répondit pas aux paroles que je lui adressai. Pour moi, la caboche me faisait un mal d'enfer : ça me cognait en dedans, toc, toc, ça me faisait si mal, si mal, que je tombai de nouveau en faiblesse, et bonjour la compagnie.
1866, J. Marmette, «Charles et Éva», dans Revue canadienne, t. 4, 1867, p. 334.
[littérature]
En arrivant a la plaine, on marchait tranquilement, tout a coup deux beaux bocs dans le chemin, on se preparait pour tirer, le maudit chien arrive comme une flèche et le chevreuil fait un bon de coté et bonjours la visite. Le maudit, il a danser, une de ses raclée don parle les St écritures, croyez moi.
1957, 29 nov., île d'Anticosti (Saguenay), Journal manuscrit.
[autres textes écrits]

Origine

Maintien d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) français ancien

Historique

Bonjour la compagnie!, depuis 1866; bonjour la visite!, depuis 1957 (les variantes bonsoir la compagnie et bonsoir la visite sont attestées depuis les années 1930, la seconde étant la seule relevée par la suite). Ces locutions se rattachent directement à des usages attestés en France au XIXe et au XXe s. TLF (s.v. bonsoir) relève bonsoir la compagnie au XIXe s. (exemple d'Alexandre Dumas) comme locution signifiant qu'une personne ou, par analogie, une chose a péri, disparu. Cet emploi découle de l'utilisation de la locution comme formule de salutation familière à l'adresse d'un groupe de personnes en partant le soir ou avant d'aller se coucher, puis pour signifier «qu'on se désintéresse de la question, qu'une affaire est réglée ou risque de l'être aux dépens de l'interlocuteur» (ibid.; ces données du TLF sont appuyées par des exemples de FRANTEXT qui s'échelonnent des années 1840 aux années 1930). Le mot bonjour (employé seul) est attesté avec ce sens dès le XVIIe s., chez Boursault (passage cité par Dochez 1860, où l'on voit que bonjour met un terme abrupt à une rencontre, ce qui confirme en outre l'ancienneté de l'emploi examiné sous le sens 01. : Il plait à mon destin que je vous plante là. [...] Et ne me forcez pas d'en dire davantage... Rendez-moi seulement mes deux mille louis : Et bonjour). Cet emploi de bonjour, enregistré par certains lexicographes du XIXe s. (Boiste 1834 et Landais 1853, qui le glosent par «terme de négation, de refus»), figure au XXe s. dans Larousse 1928 et 1960 avec l'exemple suivant (non repris dans Larousse 1982 ni dans Lexis) : Vous allez faire ceci, ou alors bonjour! Ces données concordent avec la remarque de TLF selon lequel les Français disent plus couramment bonsoir dans ce cas (PRobert 1993 n'enregistre que le second : Bonsoir les corvées!).

Français de référence

Remarque(s)
En France, comme d'ailleurs aussi au Québec, on trouve de nos jours bonsoir et bonjour dans des emplois semblables (v. Étymologie/Historique).
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