Vedette

chasse-galerie (n. f.)
L'orthographe chasse-galerie est bien établie depuis le XIXe s.

Définition

(Dans une légende). Bande de bûcherons qui traverse bruyamment le ciel dans un canot volant pour aller faire la fête avec leurs amoureuses, leurs proches, après avoir conclu à cet effet un pacte avec le diable. – (Par méton.). Moyen qui permet de se déplacer rapidement dans les airs (habituellement un canot).
Se promener, partir, voyager en chasse-galerie.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

chasse galerie; chasse(-)gallery, chasse(-)Gallery (v. Étymologie/Historique)
Citation(s) Référence(s)
Tout le monde a entendu parler de la Chassegalerie [sic]; presque tous nos grands pères en ont vu passer au-dessus de leur maison entre dix et onze heures du soir; un de mes oncles avait appris une chanson sur l'aviron de ces étranges canotiers; enfin nos grands pères ont couru la Chasse-galerie. [...] On procédait comme suit: Dans un chantier où se trouvaient une vingtaine d'hommes, il y en avait un qui proposait un voyage de quelques cents lieues, aller et retour en une seule veillée. La proposition était acceptée, pourvu qu'on fût voir un parent, un ami, une amante. Les conditions faites, on embarquait dans un canot et l'on se mettait à ramer, sans sortir du chantier. Bientôt on voyait ce qu'on voulait voir et le voyage était fait.
1875, C. Lépine, «La chassegalerie», dans L'Opinion publique, Montréal, 19 août, p. 394.
[littérature]
Si vous savez pas ce que c'est que la chasse-galerie, les enfants, c'est moi qui peux vous dégoiser ça dans le fin fil [«d'une façon précise»], parce que je l'ai vue, moi, la chasse-galerie. Oui, moi, Jos Violon, un dimanche midi, entre la messe et les vêpres, je l'ai vue passer en l'air, dret devant l'église de Saint-Jean-Deschaillons [...]! C'était comme qui dirait un canot qui filait, je vous mens pas, comme une ripouste [«comme un coup de vent»], à cinq cents pieds de terre pour le moins, monté par une dizaine de voyageurs en chemise rouge, qui nageaient [«pagayaient»] comme des damnés, avec le diable deboute sus la pince de derrière, qui gouvernait de l'aviron.
1900, L. Fréchette, La Noël au Canada, p. 220-221.
[littérature]
«Qu'est-ce qu'on va faire demain, c'est Noël?», ou ben «c'est le jour de l'An? [...] Je voudrais ben aller voir mon amie tout d'un coup.» Il y en avait un qui était plus agressif que les autres. Il disait: «Veux-tu, on va y aller? Embarque avec moi, on va y aller [...] avec la chasse-galerie.» Alors il prenait un gros madrier quelconque ou une bille de bois et puis il dit : «On va embarquer là-dessus [...].» Il y avait trois, quatre mots à dire, trois, quatre signes à faire pis ça partait. Tout le monde était surpris quand il les voyait arriver.
1972, Giffard (Québec), AF, F. Bernier 9.
[enquêtes]
C'est moi l'plus jeune des dix / Dans ce canot maudit / Volant par maléfice / Au-dessus de vos vies / Épargnez vos prières / Mes parents mes amis / Je suis un beau tord-vis / Martin de la Chasse-Galerie /Vous connaissez l'histoire: / Nous bûchions au chantier / Loin de nos êtres chers / Dix gars ben esseulés / Dans notre désespoir / Le soir du jour de l'An / Nous avons fait Ciboire / Un pacte avec Satan / Dans le ciel du pays / Le canot fendit l'air / Et nous mena ravis / Aux maisons de nos pères.
1994, M. Rivard, «Martin de la Chasse-Galerie», disque compact La Mistrine de La Bottine Souriante (chanson).
[source orale]

Origine

Innovation sémantique français du Québec

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis 1875. Découle d'une adaptation canadienne de la légende (v. sous 01. Encyclopédie).

Données encyclopédiques

Voir sens 01.
QU: 2879