Vedette

cyprès (pin ~) (loc. nom.)

Définition

(Sous le Régime français, dans la langue des charpentiers de la marine). Nom donné au pin rigide (Pinus rigida, fam. des pinacées), conifère de l'est des États-Unis que l'on ne rencontre au Québec que dans l'extrême Sud-Ouest, aux aiguilles groupées par trois, au bois autrefois estimé pour la mâture.
Les cyprès du lac Champlain, de la rivière Sénaranac.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

cyprez, ciprez, cyprés, ciprés (généralement, du XVIe s. jusqu'au XVIIIe s., voir Étymologie/Historique)

Variante(s) polymorphique(s)

cyprès (absol.)
Citation(s) Référence(s)
Le charpentier que j'ay mené avec moy m'a aydé a faire la visite des chesnes et abbattre des arbres d'une nouvelle qualité pour mature, beaucoup audessus des pins rouges. Le malheur est qu'ils ne sont pas en grande quantité, mais j'espere en tirer des mats de hune pour tous les vaisseaux que je construiray, et peut estre d'autre mature aussi. Le grain en est extremement fin et plus il approche du coeur et plus il est serré, je vous en porteray des echantillons, vous n'avez pas vû de bois du Nord si fin n'y si gommeux [...]. Ce bois s'appelle Ciprés en ce pays, mais il ressemble peu a celuy d'Europe. C'est Joseph Corbin qui les a decouvert dans la nouvelle piniere de la Riviere Senaranac ou au [roignoz ?], prés du cap Scononton, il s'en trouve aussi quelques uns a Missiskoüi.
1744, ANQQ, Archives des colonies, Correspondance générale (Canada), vol. 81, fo 222 (lettre de R.-N. Levasseur, chef de la construction navale à Québec, à l'intendant G. Hocquart; à propos du travail de repérage qu'avait effectué Joseph Corbin dans la région, v. DBC 3, p. 148-149).
[archives et textes anciens]
Du Pin Cyprés. Comme je ne me suis point trouvé a portée d'observer ce Pin [...], je me contenterai de transcrire ici mot a mot la description que M. le M[arqu]is de la Galissoniere Commandant general en Canada en a fait sur quelques branches et sur quelques fruits et morceaux de bois de ce pin qu'on luy a apportés pendant l'hiver. [...] M. le M[arqu]is de la Galissoniere remarque fort bien qu'au lieu de nommer ce pin, Pin Cyprés, on doit l'appeller Pin du Canada a feuilles triples et fruit epineux [...], son tronc a peu de branches et peu d'aubour, ce qui rend ce pin fort bon pour faire la mature des navires [...], on en fait des mats de hunne pour des vaisseaux de 70. pieces de canon, on ne commence a trouver de ce pin que dans le lac Champlain, dans la riviere de Katarakoui et meme dans la continuation du fleuve S[ain]t Laurent jusqu'au fort de frontenac [au bord du lac Ontario].
1749, J.-Fr. Gaultier, ANQQ, ms. «Description de plusieurs plantes du Canada» fos 533-536.
[archives et textes anciens]
On fait à savoir par le présent, à tous ceux qui possédent des terres sur le Lac Champlain hors des limites de cette province [...] Qu'il leur est défendû par le Présent de couper, ou détruire de quelque maniere que ce soit, aucuns Pins blancs, Pins rouges, Cyprès ou Chênes blancs sur les terres ci-dessus mentionnées.
1768, La Gazette de Québec, 8 déc., p. 3 (compte tenu de la localisation, cyprès ne peut s'appliquer qu'au pin rigide).
[presse, journaux, périodiques]

Origine

Innovation sémantique français de référence

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – De 1744 à 1768. Découle sans doute, par extension, de l'emploi que l'on fait du mot cyprès en France (v. sens 01.).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
QU: 2887