Vedette

épinette blanche (loc. nom.)
Parfois au masculin dans la langue populaire.

Définition

Vieux (Dans une ancienne nomenclature populaire, pour désigner une espèce indigène, par oppos. à épinette rouge). Nom donné à toutes les espèces de l'épinette (Picea) qui poussent dans l'Est nord-américain, au bois blanchâtre.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

Voir sens 01.

Origine

Innovation lexématique, syntagmatique, phraséologique français du Québec

Historique

Pour l'origine de la forme épinette, voir sens 01. – Depuis 1680 (ANQQ, Québec, gr. P. Duquet, 23 janvier : Cent pieds D'arbres de bois despinette blanche), d'après la couleur du bois qui est presque blanc. Au cours de son histoire, épinette blanche s'est inscrit dans deux systématiques distinctes, l'une, d'origine populaire, et l'autre, d'origine savante. D'abord, pendant tout le Régime français (et même au-delà), la langue populaire s'en est servie comme générique pour désigner toutes les espèces de conifères du genre Picea connues dans l'Est nord-américain, comme on peut le constater dans cet extrait du médecin du roi, J.-Fr. Gaultier, en 1749 : L'Epinette blanche a au moins deux especes ou varietés dont l'une est brune par l'écorce et l'autre blanche (J.-Fr. Gaultier, 1749, ANQQ, ms. «Description de plusieurs plantes du Canada», fo 260); à cette époque, épinette blanche s'opposait donc exclusivement à épinette rouge, appellation réservée à un conifère du genre Larix dont l'écorce et le bois sont de couleur rougeâtre. C'est à partir de Linné (milieu du XVIIIe s.) que s'installe progressivement la taxonomie botanique moderne qui est à l'origine de la distinction que pratiquent les spécialistes américains entre trois espèces du genre Picea appelées white spruce, black spruce et red spruce (white spruce depuis 1810 d'après le botaniste français Fr.-A. Michaux, Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, t. 1, p. 18 et 133; black spruce depuis 1765 d'après Craigie; red spruce depuis 1801 d'après DictCan dont l'exemple de 1777 réfère sans doute au mélèze plutôt qu'à l'épinette). De la traduction de ces termes anglais découlent les appellations québécoises épinette blanche désignant exclusivement l'espèce Picea glauca, épinette noire désignant l'espèce Picea mariana, et épinette rouge désignant l'espèce Picea rubens. Bien que le botaniste français Fr.-A. Michaux (ouvr. c.) signale dès 1810 les deux premières de ces appellations, cette nomenclature n'est attestée sous la plume de spécialistes québécois qu'à partir de 1856 (v. J.-Ch. Taché, Le Canada et l'Exposition universelle de 1855, p. 50, qui atteste épinette blanche et épinette noire); épinette rouge ne fait son apparition dans les textes qu'en 1870 (v. L'Ordre, Montréal, 23 nov., p. 2 : sirop de gomme d'épinette rouge, contexte qui permet de confirmer qu'il ne s'agit pas du mélèze; chez Taché, cette appellation ne renvoyait encore qu'au mélèze). L'implantation progressive, et chez les spécialistes avant tout, de la nouvelle terminologie explique que celle qui avait cours antérieurement se soit maintenue dans le peuple jusqu'au XXe siècle, en même temps que s'implantait une autre terminologie populaire dans le milieu des forestiers.

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.

Données encyclopédiques

Voir sens 01.
QU: 2911