Vedette

épinette à la bière (loc. nom.)
Parfois au masculin dans la langue populaire.

Définition

(Dans un nom populaire, d'après les propriétés de l'épinette; v. Encyclopédie). Vieilli Nom donné à toute espèce d'épinette sans valeur marchande, considérée comme uniquement bonne à faire de la bière d'épinette.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

Voir sens 01.

Variante(s) polymorphique(s)

épinette à bière
Citation(s) Référence(s)
– Q. : Quelle est la qualité du bois sur cette terre-là ? – R. : C'est du bois qui n'a aucune valeur; c'est de l'épinette à bière[,] des branches de sapin, etc.
1880, ANQQ, Cour d'appel (Québec), cause no 11 (1882), factum de l'appelant, p. 13.
[archives et textes anciens]

Origine

Calque anglais

Historique

Pour l'origine de la forme épinette, voir sens 01. – Parallèlement à la terminologie scientifique moderne, il s'est développé, dans le contexte des chantiers forestiers, une nomenclature populaire qui réfère à des espèces ou à des formes écologiques des espèces de l'épinette. Celle-ci repose sur un découpage de la réalité distinct de celui qui guide les spécialistes dans l'établissement de leur taxonomie; elle exprime notamment les variations dans la couleur, la dureté et l'apparence qu'on observe chez les arbres d'une même espèce, variations qui s'expliquent par leurs conditions de croissance (habitat, ensoleillement, altitude, etc.) ou leur nature génétique (sur les procédés de formation des noms d'arbres au Québec, v. AugArbr 1169-1171). – Épinette à (la) bière, depuis 1810 (d'après le botaniste français Fr.-A. Michaux, Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, t. 1, , p. 18 : «Epinette noire, et Epinette à la bière, par les François-Canadiens»; v. aussi p. 123); d'après l'anglais beer spruce (v. Craigie, qui l'atteste depuis 1787).

Bilan métalinguistique

PPQ 1640A

Données encyclopédiques

Dans le passé, bon nombre de commentateurs ont essayé d'associer les noms populaires de l'épinette à l'une ou l'autre des espèces de ce conifère, telles que la systématique moderne l'entend, ce qui a parfois donné lieu à des interprétations très différentes. En fait, ces noms s'appliquent souvent non pas à des espèces particulières, mais bien à des formes écologiques de l'épinette, c'est-à-dire à toute épinette – quelle qu'en soit l'espèce – présentant des caractéristiques observables qui sont généralement en rapport direct avec son habitat (lieux marécageux, lieux exposés aux vents, etc.). C'est ce qu'avait déjà reconnu le frère Marie-Victorin en 1927, époque où il avait cependant estimé – peut-être un peu trop hâtivement – que ces noms servaient tous à désigner des formes de la seule épinette blanche (Picea glauca) : «L'espèce se présente sous des formes très diverses, généralement ignorées des taxonomistes, mais que les forestiers ont depuis longtemps distinguées et nommées. [...] L''Épinette jaune' ne se distingue apparemment que par des particularités d'écorce et de couleur du bois. L''Épinette de savane' est la forme caractéristique des lieux très humides. L''Épinette grise' ou 'Épinette blanche des champs' est une forme où les cônes sont oblongs, jaunâtres, dépourvus de résine, faciles à ouvrir, à déhiscence précoce comme ceux du Pin blanc. Enfin, l''Épinette à bière' paraît être la forme que revêt l''Épinette grise' quand elle s'avance dans les lieux mouillés.» Toutefois, l'éminent botaniste n'en était probablement qu'à une étape de sa réflexion sur l'interprétation des noms populaires puisque, en 1935, il croyait qu'ils pouvaient aussi révéler une conception populaire de l'espèce basée sur les états successifs des mêmes individus, donnant pour exemple qu'une même épinette pouvait d'abord être appelée épinette grise, et plus tard épinette jaune. – Frère Marie-Victorin, Les Gymnospermes du Québec, 1927, p. 13; id., Flore laurentienne, 1935, p. 6; J.-Chr. Langelier, Les arbres de commerce de la province de Québec, 1906, p. 37.
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