Vedette

épinette (gomme d'~) (loc. nom.)
Parfois au masculin dans la langue populaire.

Définition

Résine durcie de l'épinette, utilisée autrefois comme encens, gomme à mâcher et dans la préparation de remèdes pour soigner différentes affections.
Ramasser de la gomme d'épinette. Une mâchée de gomme d'épinette.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

Voir sens 01.
Citation(s) Référence(s)
[...] je nay pas voulu metre dedans [le petit quart], une Gôme d'epinet rouge dont les propriété sont merveilleuse pour toutes sortes de douleur, et meme de mal de poitrine et destomac, en sen servant comme dembrocation, ont la dissous au feu avec de lhuil dolive et cela fait une espece donguent claire dont on se frote, et ont aplique un papier brouillard imbibé sur les parties avec un linge, cela est fort estimé et recherché en ce pays [...] outre cela je vous envoye avec ce paquet de Gôme rouge qui pèze environ 2ll une bouteille de Beaume du paÿs [...].
1749, Mère Geneviève Duplessis de l'Enfant-Jésus, dans Nova Francia, vol. 6, no 2, 1931, p. 109-110 (dans ce passage, il faut interpréter Gôme d'epinet rouge comme une gomme d'épinette qui est rouge, et non comme une gomme provenant de l'épinette rouge, puisque le mélèze, que désignait à cette époque l'appellation épinette rouge, ne fournit pas cette résine durcie; d'ailleurs, la religieuse emploie un peu plus loin Gôme rouge).
[archives et textes anciens]
Je n'ignorais rien des joies simples dont elle s'était toujours souvenue : la cueillette des fruits sauvages, la chasse aux marmottes, le ramassage de la gomme d'épinette qu'elle adorait mâcher, la construction de forts de neige en hiver.
1985, D. Bombardier, Une enfance à l'eau bénite, p. 184.
[littérature]
Les quêteux ne jouissaient pas du même prestige, mais ils exerçaient une influence presque égale à celle des voyageurs de commerce. [...] Quelques-uns, en plus de mendier, offraient en vente des menus articles : aiguilles, fil, peignes. Joncas, lui, avait une spécialité populaire : il vendait des ciroines, sortes d'emplâtres de gomme d'épinette guérissant les tours de reins.
1989, G. Filion, Fais ce que peux, p. 12.
[littérature]

Origine

Innovation lexématique, syntagmatique, phraséologique français du Québec

Historique

Pour l'origine de la forme épinette, voir sens 01. – Depuis 1749 (J.-Fr. Gaultier, ANQQ, ms. «Description de plusieurs plantes du Canada», fo 13).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.

Données encyclopédiques

La médecine traditionnelle a fait grand usage de la gomme ou résine durcie qui se forme sur l'écorce des différentes espèces de l'épinette. Dès le Régime français, cette gomme servait à faire des onguents et des emplâtres destinés à soigner certaines maladies telles que le rhumatisme et la goutte et à nettoyer et désinfecter les plaies. On estimait également que cette gomme – qui se dégageait de l'écorce quand on la mâchait – était excellente pour nettoyer les ulcères de gencives. C'est peut-être de là qu'est venue l'habitude de s'en servir comme gomme à mâcher que l'on pouvait se procurer dans le commerce, voire directement des mains des forestiers. Ces derniers la vendaient telle quelle ou la traitaient en la faisant bouillir dans de l'eau jusqu'à ce qu'elle ne colle plus au palais, puis ils la filtraient, la laissaient refroidir dans de l'eau et l'étiraient pour en faire des «mâchées de gomme d'épinette». Vers les années 1870, la gomme d'épinette connut un regain de popularité parce qu'elle entrait dans la préparation d'un sirop qu'offraient les pharmaciens à leur clientèle incommodée par le rhume, la toux, l'asthme ou d'autres affections des voies respiratoires. Ce produit de la pharmacopée traditionnelle fut commercialisé – au moins jusque dans les années 1940 – sous des noms tels que sirop de merisier composé, sirop Gauvin pour le rhume, sirop de gomme d'épinette rouge de Gray, sprucine. – J.-Fr. Gaultier, 1749, ANQQ, ms. «Description de plusieurs plantes du Canada», surtout fos 18-19; les renseignements donnés par mère Geneviève Duplessis de l'Enfant-Jésus, dans l'exemple de 1749, pourraient avoir été communiqués par Gaultier lui-même.
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