Vedette

épinette rouge (loc. nom.)
Parfois au masculin dans la langue populaire.

Définition

(Dans une nomenclature populaire). Nom donné au mélèze laricin (Larix laricina, fam. des pinacées), conifère de l'est de l'Amérique du Nord dont l'écorce et le bois sont d'un brun rougeâtre; bois, écorce, rameau de ce conifère.
Lambourde, madrier d'épinette rouge.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

Voir sens 01.
Citation(s) Référence(s)
L'Epinette rouge est d'un bois plus ferme & plus pesant, & fort propre à bastir; elle se dépoüille de ses fueilles en Automne, & les reprend au Printemps : ce qui n'arrive point aux autres sapinages. L'escorce en est rouge; il ne rend point quasi de gomme, tout au contraire de l'Epinette verte [c'est-à-dire tout conifère du genre Picea] qui en a quantité.
1664, P. Boucher, Histoire veritable et naturelle, p. 43.
[archives et textes anciens]
Epinette rouge du Canada est un veritable meleze ou laryx qui fait un grand et bel arbre [...]. Le bois de cet arbre etant resineux resiste a la pourriture, on l'emploie surtout pour faire des soliveaux qu'on met sur la terre dans les granges et dans les caves. C'est le seul arbre des coniferes ou sapinages en Canada qui quitte ses feuilles l'hiver.
1749, J.-Fr. Gaultier, ANQQ, ms. «Description de plusieurs plantes du Canada», fos 255-256.
[archives et textes anciens]
L'hiver, aux chantiers du Lac Gravel, nous habitions tous deux avec un dénommé Demeules un petit campe de bois rond couvert de branches d'épinette et de sapin. Après le souper, pendant que nous fumions alentour du petit poêle de tôle noire qui réchauffait la cabane, je disais à Demeules : «Cinquante bons billots d'épinette rouge encore aujourd'hui; c'est de l'argent ça, pour le printemps!»
1925, D. Potvin, La Baie, p. 55-56.
[littérature]
Elle [une barge] était charpentée en épinette rouge, un bois qu'on voyait plus souvent dans nos parages autrefois qu'aujourd'hui. C'est pas pourrissant, ça durcit sans bon sens à l'âge, c'est pas tendre au sel de mer, mais comme tout bois, faut pas l'ensoleiller des années de temps. Ce qui avait pas résisté, sur ma barge, c'était justement les places trop exposées à du soleil de grève, et qui avaient été montées en d'autre bois que l'épinette rouge.
1970, Y. Thériault, Le dernier havre, p. 77-78.
[littérature]

Commentaires

1. Cette dénomination s'est d'abord inscrite dans un système de classification populaire qui s'est développé sous le Régime français et qui s'est maintenu dans la langue commune au moins jusqu'au XXe s.; elle ne s'appliquait qu'au mélèze laricin, seule espèce du genre Larix dans tout l'Est nord-américain, et s'opposait à épinette blanche, qui a d'abord servi à désigner toutes les espèces du genre Picea de cette même zone (v. Étymologie/Historique). 2. Épinette rouge, dans cet emploi, a été critiqué par les spécialistes de la botanique, notam. par Marie-Victorin et par l'ethnobotaniste J. Rousseau, qui le considéraient comme impropre (v. frère Marie-Victorin, Notes pour servir à l'histoire de nos connaissances sur les Abiétacées du Québec, 1926, p. 457, et J. Rousseau, dans Le Canada français, vol. 22, p. 584); les botanistes recourent plutôt à mélèze laricin, et ils réservent le terme épinette rouge à une des espèces du genre Picea.

Synonyme(s)

mélèze (qui concurrence de plus en plus épinette rouge dans la langue courante); mélèze laricin (chez les botanistes)

Origine

Innovation lexématique, syntagmatique, phraséologique français du Québec

Historique

Pour l'origine de la forme épinette, voir sens 01. – Depuis 1664 (Boucher); d'après la couleur de l'écorce ou du bois du conifère. Cette appellation s'opposait à épinette blanche, servant anciennement à désigner toutes les espèces de Picea de l'Est nord-américain.

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.

Francophonie

Commentaire(s) intrazone
En Acadie, on emploie d'autres mots pour désigner ce conifère, dont violon.

Données encyclopédiques

L'épinette rouge, qui est le seul représentant du genre Larix dans l'est de l'Amérique du Nord, donne un bois dur, lourd et résistant à l'humidité. En raison de ces qualités, on l'a souvent employé pour en faire des pavés dans les granges et les étables, et on l'a préféré au chêne dans la construction navale. Dans les années 1870, l'espèce fut presque complètement décimée par un insecte défoliateur, la mouche à scie; seules les jeunes pousses survécurent à ce fléau et permirent sa régénération.
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