Vedette

prusse (n. f.)
[pʀʏs]

Définition

(Sous le Régime français). Nom donné à la pruche.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

Voir sens 01.
Citation(s) Référence(s)
Il y a une autre espece d'arbre, qu'on nomme Epinette [...]. Il y a encore une autre espece que l'on appelle Prusse; ce sont ordinairement de gros arbres qui ont trente ou quarante pieds de haut sans branches : ils ont une grosse écorce & rouge : ce bois ne pourrit pas si facilement que les autres; c'est pourquoy on s'en sert ordinairement pour bastir. Ce qu'il y a de mal dans ce bois, c'est qu'il s'en trouve quantité de roüillé [= roulé «atteint de roulure»], ce qui le fait rebuter. De celuy-là il en vient par tout, en bonne & mauvaise terre; il ne produit point de gomme.
1664, P. Boucher, Histoire veritable et naturelle, p. 42-44.
[archives et textes anciens]
Le long des côtes des bassins des rivières et de la mer, il y a quantité de belles matures de pin blanc et rouge, d'espinette et de prusse aiséez a transporter a cause de la proximité de l'eau on en peut trouver même communément de 35 et 38 pouces de diametre.
1688, V. Saccardy, ANQQ, Archives des colonies, Correspondance générale (Acadie), vol. 2, fo 136.
[archives et textes anciens]
L'epinette blanche est un autre bois gommeux [...]. La prusse quoique gommeuse ne produit point de cette matière, il y en a de fort grosses, on a remarqué quelle dure longtemps en terre, pour servir de clotures. Les taneurs se servent de lécorce pour taner les cuirs et les sauvages en font de la tinture couleur tirant sur le turquin pour faire leur broderie. Les terres qui les produisent sont la plupart argilleuses et peut propres a produire des grains.
1712, G. de Catalogne, dans Le Bulletin des recherches historiques, vol. 21, no 9, 1915, p. 258.
[archives et textes anciens]
L'arrangement des feuilles [du sapin] differe de celui de l'if en ce que ce dernier ainsi que la Prusse de Canada n'a qu'un rang de feuilles sur chaque côté au lieu que le sapin en a deux et quelquefois trois.
1749, J.-Fr. Gaultier, ANQQ, ms. «Description de plusieurs plantes du Canada», fo 8.
[archives et textes anciens]
La cause de ces accidens [les feux de forêt] si étranges pourroit bien provenir, de ce que les bois d'icy ne sont composez que de petits pins, de prusses, & d'épinettes, tous arbres onctueux, dont la séve, sortant dehors, les enduit d'une gomme gluante, & visqueuse, qui rend une forest entiere, aussi susceptible du feu, que seroit un Navire, par la poix & par le goudron dont il se defend contre l'eau.
1662, dans RJ 46, p. 278.
[archives et textes anciens]

Commentaires

Employé au cours des XVIIe et XVIIIe s. par les Français de passage dans la colonie laurentienne, dont les missionnaires, les botanistes, les fonctionnaires du roi.

Synonyme(s)

pruche (chez les Canadiens, à la même époque)

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis 1662, mais probablement plus ancien (pour des explications, v. l'article pruche; v. aussi AugFor 76, qui le date de 1641, d'après un contexte tiré des Relations des jésuites dont on ne peut savoir à quel conifère le mot s'applique). Au cours du Régime français, on observe dans la colonie laurentienne un usage parallèle des variantes prusse et pruche : la première se retrouve sous la plume de Français (dont J.-Fr. Gaultier et R.-M. Barrin de La Galissonnière, qui l'ont communiquée au naturaliste suédois Pehr Kalm lors de son voyage au Canada); la seconde, la seule qui se rencontre dans les actes notariés, s'est imposée et s'est maintenue dans l'usage des Canadiens jusqu'à nos jours. Après la Conquête, on ne relève qu'une seule occurrence de prusse (1824) dans un document du fonds de la Commission des biens des Jésuites : Pour le transport de deux pièces de Prusse de douze pieds de longueur chaque, pour la réparation du pont proche le moulin banal de l'ancienne Lorette (où il est clair qu'il s'agit bien de l'arbre du genre Tsuga); comme ce document a été rédigé en présence des jésuites, on peut croire qu'il s'agissait de leur mot (ANQQ, série Biens des Jésuites, Administration générale (1800-1883), 24 déc. 1824).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
QU: 3026