Vedette

prusse (n. m.)
[pʀʏs]
Attesté aussi au féminin.

Définition

Acadie Nom commun de l'épinette.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

pruce – Voir aussi sens 01.

Variante(s) polymorphique(s)

n.m. pruste, prusque (Acadie, d'usage non uniforme : certains locuteurs les emploient à la place de prusse, d'autres ne les utilisent qu'en combinaison avec les adjectifs blanc, noir et rouge, v. Mass no 152, et BoudrAcad, s.v. pruce)
Citation(s) Référence(s)
De bois exquis [de la Nouvelle-France] je n'y sache que le Cedre, & le Sassafras : mais des Sapins, & Prus [sic], se pourra tirer un bon proufit, par ce qu'ilz rendent de la gomme fort abondamment, & meurent bien souvent de trop de graisse. Cette gomme est belle comme la Terebentine de Venise, & fort souveraine à la Pharmacie. J'en ay baillé à quelques Eglises de Paris pour encenser, laquelle a esté trouvée fort bonne.
1609, M. Lescarbot, Histoire de la Nouvelle France, p. 857-858.
[archives et textes anciens]
Il y a aussi du pin pour faire des planches, bonnes à faire les tillacts, & le sapin pour les ornemens & œuvres mortes, & doubler les chambres; il se trouve encore dans le pays des forests de petits pins, prusses, & sapins qui me fourniront le bray & le gauldron, des qualitez duquel j'ay déja parlé : j'ay un moyen certain pour en rendre la mâture encore meilleure qu'elle n'est.
1672, N. Denys, Description geographique et historique des costes de l'Amerique septentrionale, t. 2, p. 315.
[archives et textes anciens]
Les framboises, les sapins et la prusse sont les seules choses qui croissent en ce païs [...]. La prusse est une production d'arbre dont on se sert pour faire une sorte de biére assés bonne, médecinale et d'un grand secours pour le païs vû que l'eau naturelle n'y est pas même potable.
1735, Abbé Maillard, dans Collection de documents inédits sur le Canada et l'Amérique, t. 1, 1888, p. 59.
[archives et textes anciens]
Un jour, après le souper, moi et La Mariecomo avions été avec Pivaromme dans sa doré [«petite embarcation des pêcheurs de morue»] qu'rir de la clairette d'encens à mâcher. Après en avoir coupé pas mal sur lés meilleurs prusses, on est arrivé où qui avait une bouillée d' bouleaux blancs.
1974, R. Brun, La Mariecomo, p. 21.
[littérature]
(Pour la variante pruste). La parouaisse était divisée en sections, pi l'monde de c'te boute là faisait un r'posoir de branches de pruste. Le prêtre arretait [sic] et avec le soleil y dounait la bénédiction et priait pour c'te boute là d'la parouaisse.
1977, F. E. Thibodeau, Dans note temps avec Marc et Philippe, p. 17.
[littérature]

Répartition

  • Zones acadiennes

Origine

Innovation sémantique parlers régionaux de France

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis 1609 (Lescarbot). Le genre masculin, attesté de façon explicite depuis 1927 seulement (PoirÉv 243), pourrait s'expliquer par le fait que ce nom résulte, par ellipse, des locutions sapin de prusse ou arbre de prusse (voir sens 01.) où le mot principal est masculin. En Acadie, le mot s'est probablement fixé très tôt dans cet emploi. Pruste, depuis 1684, chez Lalanne : Il a examiné une autre espèce de sapin qui est différent de ce premier [...], vulgairement nommé par ceux du pays et par tous les navigateurs qui en ont employé à leur batiment, Epinette, ou Prust (d'après Mass no 152); cette variante pourrait s'expliquer par un phénomène d'hypercorrection, les finales en [st], comme dans juste, ayant tendance à perdre leur dernier élément dans les parlers populaires (v. JunPron 207-208). Prusque, depuis 1946 (Mass no 152); doit s'expliquer comme le précédent, mutantis mutandis.

Bilan métalinguistique

Mass no 152 et CormAcad.
QU: 3027