Vedette

sapinette (n. f.)
[sapinɛt]

Définition

Hist. Nom donné à l'épinette.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Outre le vin et les eaux de vies qui vienent de France la boison ordinaire du pays est une sorte de biere faite avec de l'eau et du levain bouillis parmi les quels on infuse des branches et le fruit ou pommes d'un arbre sauvage apellé du purse [= prusse] ou de la sapinette fort gommeux [...].
1716, L. Chancels de Lagrange, «Voyage fait à l'Isle Royalle ou du Cap Breton en Canada», dans Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 13, no 3, 1959, p. 428.
[archives et textes anciens]
Un détachement est allé mettre le feu à l'abbatis de la R[ivière] de la Chûte; un autre alla chercher de la pruche et de la sapinette.
1757, A.-J.-H. de Maurès de Malartic, dans G. de Maurès de Malartic et P. Gaffarel (éd.), Journal des campagnes au Canada de 1755 à 1760, 1890, p. 115.
[archives et textes anciens]
Le bois de construction est plus remarquable par la diversité des espèces que par l'excellence de sa qualité : entre autres, le hêtre, l'érable, l'orme, le pin, le bouleau, le bois blanc, la pruche et la sapinette y sont abondans.
1815, J. Bouchette, Description topographique de la province du Bas Canada, p. 372 (texte traduit de l'anglais).
[textes administratifs ou officiels]
Les plus hauts sommets à la portée de notre vue étaient généralement des rochers nus. Ceux qui les suivaient immédiatement dans l'échelle étaient couronnés d'arbres nains, d'épinette ou sapinette, raides et très branchus, dont plusieurs n'avaient pas cinq pieds de hauteur [...]. Sur ceux qui étaient encore moins élevés, la sapinette se mêlait avec le bouleau blanc et la hauteur des arbres augmentait graduellement [...].
1889, Description des cantons arpentés et des territoires explorés de la province de Québec, p. 804 (traduction d'un rapport du géologue W.E. Logan).
[textes administratifs ou officiels]

Commentaires

1. Mot utilisé au XVIIIe s. par des Français de passage dans les colonies de la Nouvelle-France pour nommer les espèces nord-américaines du Picea. 2. Au XIXe s., sous l'influence du français de France, figure aussi dans des rapports gouvernementaux canadiens traduits de l'anglais; il y est associé à l'épinette, mais parfois aussi au sapin en raison des relevés fluctuants des lexicographes de France (v. Étymologie/Historique).

Synonyme(s)

Historique

Sapinette est un mot qui a été utilisé par les Français dès la première moitié du XVIIIe s. en référence à des conifères nord-américains du genre Picea. Depuis 1765, les lexicographes de France enregistrent cet emploi dans leurs dictionnaires, mais la plupart du temps ils reprennent les données les uns des autres sans être en mesure de bien identifier les réalités en question. – Depuis 1716. Au début du XVIIIe s., certaines espèces nord-américaines du genre Picea ont été introduites comme variétés ornementales en France (v. A. Guillaumin et V. Chaudun, dans Les botanistes français en Amérique du Nord avant 1850, 1957, p. 132); il faut croire que c'est alors que ce conifère a été désigné par le terme de sapinette. Cela expliquerait que l'élite française de passage en Nouvelle-France ait recouru à cette appellation plutôt qu'à épinette, qui était le terme courant depuis la seconde moitié du XVIIe s. chez les Canadiens établis dans la vallée du Saint-Laurent, et plutôt qu'à prusse, qui était devenu usuel chez les Acadiens. Après la Conquête anglaise, de nombreux auteurs de France ont continué d'employer sapinette en parlant des conifères nord-américains du genre Picea, comme c'est le cas par exemple pour les jardiniers M. Fillassier et V.-A. Gressent, les botanistes A. Michaux et Fr.-A. Michaux (qui ont parcouru le Canada et les États-Unis pour en décrire la flore), l'agronome français Hector St. John de Crèvecœur, établi aux États-Unis, l'écrivain M. Genevoix (v. Mass no 152, et TLF; A. Michaux, dans Proceedings of the American Philosophical Society, vol. 26, no. 129, 1889, p. 73; Hector St. John de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York, t. 3, 1801, p. 152 : les masses de rochers [...] sont couvertes de noirs sapins, de sombres hemlocs [«pruches»], de cèdres et de sapinettes mousseuses). En rapport avec la flore forestière nord-américaine, sapinette est consigné dans les dictionnaires de France depuis la seconde moitié du XVIIIe s. La plupart des lexicographes associent bien le mot à des espèces de l'épinette (épicéa) du Canada ou de l'Amérique du Nord (v. FEW *sappus 11, 215a; Enc, s.v. sapin; Besch 1847-1892; Dupiney 1857, s.v. conifères; Larousse 1866, TLF, Larousse 1982-1987, PLar 1989-2000). Toutefois, au XIXe s., certains le présentent parfois comme un arbre ou un sapin du Canada (par ex. Laveaux 1820-1828, Raymond 1835, AcCompl 1842, Poitevin 1856, Littré, Guérin), ce qui explique sans doute les hésitations des traducteurs canadiens dans le maniement de ce mot à cette époque (v. Commentaires). Au XXe s., le terme est même associé à des espèces de pins de l'Amérique du Nord (v. Robert 1951 s.v. sapin, PRobert 1967-1991).

Étymon du FEW

*sappus
QU: 3079