Vedette

sardine (n. f.)
[saʀdɪn]

Définition

(Emploi critiqué). Nom donné au hareng de petite taille (Clupea harengus, fam. des clupéidés), pêché sur les côtes atlantiques et commercialisé surtout en conserve.
Une boîte de sardines.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Il y a d'autres ruisseaux, où apres l'Eplan vie[n]t le Haren avec la méme foulle ainsi que nous avons des-ja remarqué ailleurs. Item les Sardines vienne[n]t à leur saison en telle abondance que quelquesfois voulans avoir quelque chose davantage à souper que l'ordinaire, en moins d'une heure nous en avions pris pour trois jours.
1609, M. Lescarbot, Histoire de la Nouvelle France, p. 828-829.
[archives et textes anciens]
On fait dans le fleuve jusqu'à 20 ou 30 lieues audessous de Québec, une pesche très abondante de harengs et de sardines pendant le printemps et l'automne [...].
1754, N.-G. Boucault, dans RAPQ 1920-1921, p. 22.
[archives et textes anciens]
À Kamouraska, cette année, l'on s'attendait à une vaste entreprise pour la préparation de la sardine [...]. [...] la sardine est innombrable dans ces parages; elle est grasse, rondelette, piquante et prête à tous les essais, on en prend plus qu'il en faut [...]. [...] sous aucun rapport, cette sardine ne le cède à celle qui est importée de France et lui est même souvent supérieure, parce que la plupart des boîtes que nous faisons venir d'Europe ont quatre ou cinq années de vieillesse, tandis que pour avoir tout son goût et toute sa saveur, la sardine préparée ne doit compter que quelques mois.
1872, A. Buies, dans Fr. Parmentier (éd.), Chroniques I, 1986, p. 578.
[littérature]
Dans le cadre de son programme d'essai et d'expérimentation halieutiques et aquicoles, le gouvernement fédéral accorde une aide financière [...] à M. Serge Gagnon, de Sept-Îles. Il désire assurer la distribution continue de sardines fraîches. M. Gagnon construira des viviers et y conservera en mer des harengs juvéniles, communément appelés sardines, afin de les distribuer régulièrement sur les marchés.
1993, Le Soleil, 2 sept., p. B1.
[presse, journaux, périodiques]

Antomyme(s)

hareng «hareng de taille normale» (dans la langue des pêcheurs de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent)

Origine

Innovation sémantique français de référence

Historique

Depuis 1609 (Lescarbot). Par extension du sens de «petit poisson de mer (genre Sardina) pêché sur les côtes européennes», qui s'applique au mot sardine en français depuis le XIIe s. (d'abord sordine, v. FEW sardina 11, 228a). C'est sans doute dès le XVIe s. que les pêcheurs de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent ont adopté spontanément cette appellation en raison de la ressemblance entre le petit hareng et la sardine véritable. Ils ont, ce faisant, établi une distinction entre le hareng de taille normale (appelé hareng) et le hareng de petite taille (appelé sardine). Cette distinction se maintient encore de nos jours, même à Saint-Pierre et Miquelon (v. par ex. PPQ 1414, PérAtlas 199 et 200, Mass nos 503 et 504; v. aussi BrassSPM 627). Il n'est donc pas étonnant que le mot ait également été relevé sur les côtes de la France au XXe s., ce qui confirme qu'il a bel et bien circulé parmi les terre-neuviers de part et d'autre de l'Atlantique (v. L. Joubin et E. Le Danois, Catalogue illustré des animaux marins comestibles des côtes de France et des mers limitrophes, 1re partie, 1925, p. 10 : «Hareng (sur toute la côte); les jeunes sont parfois appelés : Sardines, Blanquettes, Menuises»; v. aussi Mass no 504). Cette opposition hareng/sardine participe d'une classification populaire antérieure à celle de la taxonomie scientifique moderne – laquelle commence officiellement avec Linné au milieu du XVIIIe s. – qui a d'ailleurs eu cours autant chez les pêcheurs anglophones (herring/sardine) que chez les pêcheurs francophones. C'est donc par rapport à la classification scientifique moderne que sardine, appliqué au hareng de petite taille, a pu être jugé erroné au Québec et présenté comme un terme à éviter; en revanche, aux États-Unis et au Canada anglais, le même emploi de sardine n'a pas soulevé d'objections (v. Webster 1993 et CanOD 2001; v. aussi GanPlants 238).

Étymon du FEW

sardina

Bilan métalinguistique

Emploi critiqué.

Avis et recommendation(s)

Le BNQ et l'OLF ont rejeté le mot dans cet emploi pour normaliser hareng qu'ils appliquent à tout hareng, quelle qu'en soit la taille (v. BNQPêches-2 20 et OLFAvis-4, no 807). En dépit de cette intervention, le poisson est encore vendu en conserve sous le nom de sardine canadienne, pratique que permet l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Français de référence

Remarque(s)
Comme en France, sardine s'applique aussi à la sardine véritable, petit poisson de mer (Sardina pilchardus) de la même famille que le hareng, qui est pêché sur les côtes d'Europe et d'Afrique et vendu en conserve (on trouve parfois dans la documentation sardine française, sardine de France).
QU: 3082