Vedette

touladi (n. m.)
[tuladi]
Parfois au féminin (de truite touladi).

Définition

Omble de grande taille (Salvelinus namaycush, fam. des salmonidés) indigène des eaux froides de lacs profonds et de rivières du nord de l'Amérique du Nord, à peau foncée (de grisâtre à noire) parsemée de petites taches pâles, à nageoire caudale fourchue.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[tuʀadi] (vieilli ou région.)

Variante(s) graphique(s)

touradi (vieilli ou région.); touladis et touradis (au singulier, parfois, avant les années 1930); touladie (plus rarement ); toradi (région., vieilli); tourédi (vieilli, rare); tuladi (vieux, rare, voir Étymologie/Historique). Pour une étude des prononciations et des orthographes du mot, v. LanthAmér 107-109.

Variante(s) polymorphique(s)

truite touladi (en apposition)
Citation(s) Référence(s)
(Pour la variante touradi). Les poissons les plus communs de nos lacs et rivières, sont la truite saumonée, la truite commune, le maskinongé, le touradi, le poisson blanc, qui sont de très-larges espèces, le brochet, la perche, et une foule d'autres : l'éturgeon [sic] qui atteint une longueur de plusieurs pieds habite quelques endroits du fleuve.
1855, J.-Ch. Taché, Esquisse sur le Canada, p. 97 (l'italique pourrait indiquer ici l'entrée récente du mot dans la langue; cp. maskinongé, écrit en normal).
[études scientifiques]
(Pour la variante touradis). Chez le touradis, la couleur varie suivant l'âge ou la taille. Les forts adultes, du poids de quinze à vingt livres, sont d'une couleur brune, terre de Sienne sur le dos, d'un brun jaunâtre sur les côtés, et le ventre d'un blanc sale. [...] Lorsqu'il est plus jeune, le touradis fait comme nous, il soigne davantage sa toilette. Plus élégant, plus mince, sa robe se nuance, sur les flancs, d'une belle couleur rose ou orange, piquée de rares petits points noirs; sa bosse occipitale, qui, plus tard, lui donne une allure lourde, est aussi bien moins prononcée. Du reste, même forme caudale, même [sic] goûts voraces : on voit déjà que petit poisson deviendra grand.
1876, A.-N. Montpetit, «Neuf jours chez un trappeur», dans L'Opinion publique, Montréal, 29 juin, p. 308.
[littérature]
En juillet, ainsi ceinturé de fleurs brillantes, le lac Témiscouata perd son air farouche et ses allures précipitueuses et c'est d'un œil assuré que l'on regarde toutes les nuances du vert se mirer dans ses eaux mortes sous lesquelles glissent silencieusement le touladi et le pointu.
1918, Frère Marie-Victorin, dans MSRC 12/1, p. 57-58.
[études scientifiques]
Le meilleur moment de l'année pour récolter des truites grises ou «touladis», c'est évidemment le printemps. Ce poisson, qui est à l'aise dans une eau à température très froide, se retrouve près des rives lorsque part la glace.
1989, Le Soleil, 20 avril, p. SS3.
[presse, journaux, périodiques]
Le touladi est très populaire auprès des pêcheurs québécois, et cette popularité est probablement due au fait que cette espèce offre beaucoup de sensations à ceux qui désirent l'affronter. Cette pêche est très captivante, et la plupart des amateurs de pêche à la grise rêvent de combattre des truites géantes, ce qui s'avère un défi de taille.
2001, Sentier Chasse-Pêche, juillet, p. 37.
[presse, journaux, périodiques]

Commentaires

Figure dans des noms de lacs et de rivières du Québec (v. RTQ 1987).

Synonyme(s)

Origine

D'origine obscure

Historique

Mot d'origine incertaine qui a connu plusieurs variantes de prononciation et d'orthographe avant que l'une d'elles ne s'impose. En français du Québec, on relève d'abord touradi (depuis 1855), puis la variante courante actuelle touladi (depuis 1861, voir J.-Ch. Taché, dans Les Soirées canadiennes, vol. 1, p. 28). Le mot est toutefois attesté de façon indirecte dès 1846, d'après un texte écrit en anglais qui permet de reconstituer une variante *toulédi, laquelle est à mettre en relation avec tourédi : The Toledi, (pronounced by the French Two Lady) has given the name to a very considerable river, whose lake abounds with that fish, and which emptys into the great Tamasquatta Lake. (C.L. Hatheway, The History of New Brunswick, p. 61). Il est attesté plus anciennement encore dans des noms de lacs et de rivières de la région du Témiscouata où l'on pêche effectivement le poisson ainsi nommé; la première mention (Tuladi Rivers) remonte à 1814 (v. First Statement on the Part of Great Britain, according to the Provisions of the Convention Concluded between Great Britain and the United States, on the 29th September, 1827, 1829, p. 41; v. aussi BlaisTop, qui relève Lake Touladie et Touladie River sur une carte de l'arpenteur J. Bouchette en 1836). Le mot est généralement considéré comme issu de l'amérindien, mais son origine exacte est incertaine. On l'a attribué à des langues comme le huron, le montagnais, le micmac et l'abénaquis, sans toutefois prouver ces affirmations (voir A.-N. Montpetit, «Neuf jours chez un trappeur», dans L'Opinion publique, Montréal, 29 juin 1876; ChambInd-16, p. 99; Clapin; ChambOuan 135). Comme il est associé depuis longtemps à des toponymes du Témiscouata et qu'il a circulé chez les forestiers du Nouveau-Brunswick et du Maine en contact avec des Amérindiens de ces régions (v. Craigie, s.v. tuladi), il se rattache peut-être à une langue des Algonquiens maritimes. Du français canadien, touladi est passé à l'anglais nord-américain (avec l'orthographe tuladi, aussi touladi en anglais canadien); il paraît toutefois peu usité au Canada anglais et être d'un usage régional aux États-Unis (v. DictCan, SenDict 1979, Gage 1997, Nelson 1997; Funk 1909 'Local, U. S.', Mathews, Random 1983 'Canadian', et Webster 1986).

Bilan métalinguistique

PPQ 1410B (pour la variante toradi), SPFCNGl-8 et PPQ 1410B (pour la variante tourédi), Dionne (pour la variante tuladi).

Avis et recommendation(s)

L'appellation a été normalisée par le BNQ et l'OLF (v. BNQPêches-2 45, et OLFAvis-4, no 1560).

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.
QU: 3095