Vedette

Bas-Canadien, ienne (n. pr.)
[bɑkanadjẽ, jɛn]

Définition

Hist. Habitant du Bas-Canada, nom officiel que porta le Québec entre 1791 et 1840.
Les Bas-Canadiens et les Haut-Canadiens.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Le Canadien, sans Etre riche, n'est pas pauvre : sa terre le nourrit : tout homme qui veut travailler, vivra [...]. Le bas Canadien Est si attaché à son pays que rien n'est capable de le lui faire abandonner. Il le Croit le plus beau du monde; Et il est d'observation que tous les Etrangers qui s'y fixent finissent par L'aimer singulièrement.
1793, lettre publiée dans RAQ 1966, p. 148.
[archives et textes anciens]
L'Union politique des deux provinces [du Haut et du Bas-Canada] paraît un parti décidément pris en Angleterre; et notre nouveau gouverneur en a parlé sur ce ton à la Législature du Haut-Canada. Ce projet me semble très dangereux, en lui-même [...], parce qu'il sera accompagné d'injustices criantes, s'il oblige le Bas-Canada à payer les dettes de la Province supérieure, si l'on transporte dans le Haut-Canada le siège du Gouvernement, si l'on défranchise les Bas-Canadiens, si l'on rend les Canadiens Français politiquement inférieurs à ceux de l'autre origine [...], comme on le propose dans la province d'en haut.
1839, lettre de Mgr Lartigue, dans L. Groulx, Notre maître, le passé, 3e série, 1944, p. 213.
[archives et textes anciens]

Commentaires

1. Même si le territoire du Bas-Canada a officiellement changé de nom en 1840 (v. Encyclopédie), l'appellation Bas-Canadien a subsisté dans l'usage jusqu'à la fin du XIXe s.; après quoi, elle fut récupérée par les historiens. 2. Au XIXe s., Bas-Canadien était surtout employé par les administrateurs de la colonie anglaise et les voyageurs européens de passage au Bas-Canada; le mot était d'usage restreint au sein de la population en général, qui employait plutôt les appellations Canadien ou Canadien français.

Origine

Innovation lexématique, syntagmatique, phraséologique français du Québec

Historique

Depuis 1793. Mot formé à partir du toponyme Bas-Canada et du suffixe -ien.

Français de référence

Réalité propre
Emploi qui réfère à une réalité propre au pays ou à la région de la variété de français, ou qui en provient.

Données encyclopédiques

Au lendemain de la Conquête anglaise, la Proclamation royale de 1763 redéfinit les frontières de la Nouvelle-France qui porte désormais le nom officiel de Province de Québec ou Province of Quebec. En 1791, la couronne britannique adopte l'Acte constitutionnel, par lequel elle divise la Province de Québec en deux entités : le Haut-Canada (qui correspond à la portion méridionale de l'actuelle province d'Ontario) et le Bas-Canada (qui s'étend du Labrador jusqu'à la rivière des Outaouais, correspondant en partie à l'actuelle province de Québec). Les deux territoires s'inscrivent d'emblée dans un rapport d'opposition : la population du Haut-Canada est presque exclusivement composée d'anglophones détenteurs d'un pouvoir économique et politique considérable, alors que le Bas-Canada est constitué d'une très forte majorité francophone qui se sent brimée dans l'exercice de ses droits politiques fondamentaux et qui cherche à s'affranchir de l'Angleterre. Les tensions opposant Bas-Canadiens et Haut-Canadiens ne cesseront de s'accentuer au cours des décennies suivantes; ces dissensions aboutiront avec fracas, en 1837 et en 1838, aux insurrections des Patriotes. Au terme de ces rébellions et à la lumière du rapport-choc de lord Durham, l'Angleterre en vient à la conclusion que la seule solution pour ramener l'ordre dans la colonie passe par l'assimilation et l'anglicisation des Bas-Canadiens. C'est précisément dans cette optique que s'inscrit l'Acte d'Union, sanctionné en 1840, mesure entraînant la fusion du Haut et du Bas-Canada en une seule entité politique à laquelle la couronne britannique donne le nom officiel de Canada-Uni. Dans cet État nouvellement créé, l'anglais s'impose à présent comme la seule langue officielle, ce qui place les Canadiens français dans une position précaire et les contraint à poursuivre avec une ardeur décuplée leur combat pour la survivance de leur culture.
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