Vedette

achaler (v. trans.)
[aʃale]

Définition

Fam. (Sujet animé). Déranger, importuner (qqn).
Achaler qqn avec ses problèmes. Achaler qqn pour venir faire un tour. Se faire, se laisser achaler par des vendeurs. Arrête de m'achaler! Viens (donc) pas m'achaler! Arrête (donc) de m'achaler. Commence pas à m'achaler.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

achaller

Variante(s) morphologique(s)

enchaler (rare)
Citation(s) Référence(s)
Je descendis donc le village, pour voir le prisonnier en question [...]. Il était alors dans un waggon, devant la porte du Dr. Nelson. Le Dr. Nelson empêchait le monde d'entrer, en disant : «n'entrez pas ici pour l'achaler
1839, Procès politique : la Reine vs Jalbert, accusé du meurtre du lieutenant Weir, p. 6 (Corpus Dulong).
[archives et textes anciens]
S'il croit que je vais me faire achaler tous les jours par son monsieur Galt, il se trompe joliment.
1880, Le Vrai Canard, Montréal, 4 sept., p. 2.
[presse, journaux, périodiques]
La société nous met toute sous les yeux; toute ce qu'y a de beau sous les yeux. Mais allez pas croire qu'a fait rien que nous le mettre sous les yeux. Ah! non. A nous conseille d'acheter aussi. On dirait qu'a peur qu'on soye pas assez tentés. Ça fait donc qu'a nous achale pour qu'on achète ses bebelles. Ouvrez le radio un petit brin; et qu'est-ce que vous entendez ?
1945, G. Roy, Bonheur d'occasion, p. 75.
[littérature]
(Pour la variante achaller). [...] comme j'peux rien faire pour lui, j'vas prier la sainte Vierge ben fort pour qu'à l'aide. A va être obligée de l'aider, j'vas te l'achaller assez!
1948, A. Giroux, Au delà des visages, p. 58.
[littérature]
«Hé! C'est la grève de la construction, descends de là», ont crié les grévistes au peintre. «Achalez-moi pas ou bien je vais vous vider ma chaudière de peinture sur la tête», a répondu le peintre toujours occupé à frotter son pinceau contre la maison.
1970, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 29 juillet, p. 3.
[presse, journaux, périodiques]
On va la prendre d'assaut, la Toune. [...] On va s'imposer, plus d'affaire de s'offrir au bout d'une perche longue. On va déranger, ennuyer, solliciter. On va l'achaler jusqu'à tant qu'elle abandonne et s'abandonne. On va l'user. On va la suivre partout, occuper tout le temps toute la place à côté d'elle; on va jouir d'elle malgré elle.
1973, R. Ducharme, L'hiver de force, p. 171.
[littérature]
Mais est toujours comme ça, madame Brouillette. A commence toujours à nous conter des affaires, pis à les finit jamais. Est pas capable, on dirait. A nous en dit jamais assez pour qu'on soye capables de la consoler. «Excusez-moé, j'voulais pas vous achaler avec ça...» «Ben voyons donc, madame Brouillette, vous nous achalez pas pantoute.»
1973, M. Tremblay, C't'à ton tour, Laura Cadieux, p. 48.
[littérature]
Il gardait ses rancœurs pour lui et n'en disait rien à Mathilde. «J'ai pas d'affaire à l'achaler avec mes affaires de famille.»
1992, B. Renaud, Un homme comme tant d'autres, t. 1, p. 178.
[littérature]
Avec une rare unanimité, les deux grands partis politiques et les organismes culturels de tous ordres célébraient la naissance d'un Conseil des arts et des lettres (CALQ) et d'une Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) qui soutiennent désormais les projets culturels grands et petits sans égard aucun à leur capacité de servir de «vitrine». La ministre n'achale pas le monde avec des drapeaux – heureusement – et il serait très mal vu de tenter de définir d'en haut des images de la culture québécoise.
1997, L. Bissonnette, dans Le Devoir, 4-5 janvier, p. B3.
[presse, journaux, périodiques]
Je n'ai rien contre les squeegees. Même que je les trouve plutôt sympathiques. La première fois que j'en ai vu un, j'étais presque excité. Je trouvais ça cool. Branché. Ça faisait New York. Mais là, ça ne m'excite plus. Ça fait Brossard. Bref, je suis comme tous les automobilistes, je n'ai rien contre les squeegees, en autant qu'ils ne viennent pas m'achaler, moi. Qu'ils achalent les autres automobilistes, c'est parfait. Mais pas moi. J'ai pas le goût. J'ai pas le temps.
1999, St. Laporte, dans La Presse, 26 sept., p. A5.
[presse, journaux, périodiques]

Synonyme(s)

Origine

Maintien d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) parlers régionaux de France

Historique

Pour l'origine de la forme, voir sens 01. – Depuis 1839. Cet emploi vient des parlers du Nord-Ouest, de l'Ouest et du Centre de la France, où il a été largement répandu (v. DuPAng, VivNant, MontMaine-3, DudPerch, VerrAnj, LalPoit s.v. achalai, MinVienne-1, DavTour, LepBNorm; v. aussi FEW calère 2, 82b où devrait figurer également achaler «ennuyer qqn», classé par erreur, avec quelques autres mots de la même famille, sous l'a. frq. *skala, v. FEW 17, 82b). Il découle du sens d'«échauffer», bien attesté dans les parlers du Nord-Ouest et de l'Ouest (v. FEW 2, 82b-83a). Bien qu'il figure dans certains dict. généraux au XIXe s. (v. Laveaux 1820 «Ce mot n'est pas ou n'est plus français», Boiste 1834, AcCompl 1836, Raymond 1835 «vieux», Landais 1853 «vieux t[erme] encore usité dans l'ouest»), ce dialectalisme n'a jamais appartenu à la langue commune; il ne s'agit donc pas vraiment d'un archaïsme comme on l'a suggéré dans certains ouvrages québécois (v. SylvLitt 212, ChantProbl 52, BélHomme-1 72). La variante enchaler, depuis 1971 (PPQ 2275; dès 1946, en Acadie, Mass no 1780).

Étymon du FEW

calere

Bilan métalinguistique

(Pour la variante enchaler) PPQ 2275, Mass no 1780 (Acadie) .

Français de référence

Équivalent(s)
tanner

Francophonie

Renvoi(s) aux autres zones francophones
Encore usuel dans le français régional du Nord-Ouest de la France (v. DRF).
QU: 3145