Vedette

appartement (n. m.)
[apaʀtəmã]
Attesté parfois au féminin. – Employé fréquemment au pluriel, notamment dans les documents anciens.

Définition

Vieilli Dans un bâtiment, chacune des parties d'une certaine superficie isolées de cloisons.
– (Dans un lieu destiné à l'habitation). Logement de deux (trois, etc.) appartements. Un deux (trois, etc.) appartements. Avoir deux (trois, etc.) appartements. Grand, petit appartement. Appartement double, fermé. Appartement chauffé, meublé, éclairé. Faire le ménage d'un appartement. – (Dans un lieu destiné à un usage autre que l'habitation, par ex. un bâtiment de ferme, une boutique, un édifice public, etc.). Une étable en deux (trois, etc.) appartements. Les appartements de la laiterie. QU_e173
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

apartement et appertement (dans les documents d'archives); au pluriel, la finale -mens était fréquente anciennement
Citation(s) Référence(s)
Les appartements seront separées par une cloison tirée despaisseur[ , ] enbouvetez et blanchi des deux costés seulement dans le premier estage et le second [ ... ].
1683, Québec, «Documents sur Louis Jolliet», dans Le Canada français, vol. 33, 1945, p. 71.
[archives et textes anciens]
Le dit étage séparé en quatre pieces ou appartemens, dont l'une est une cuisine qui a fourneaux et four [ ... ].
1767, La Gazette de Québec, 16 juillet, p. 3.
[presse, journaux, périodiques]
[ ... ] deux grenier qui servent de hengard, et en outre deux autres appartemans plus haut dont un sert a mettre divers minuties et un autre de pigeonnier.
1800, Kamouraska, ANQQ, gr. B. Duberges, 16 mai.
[archives et textes anciens]
Alors, passez par ici, dit-elle, en ouvrant une porte qui donnait dans un petit appartement généralement nommé dans les campagnes, bas côté.
1837, Ph. Aubert de Gaspé (fils), L'influence d'un livre, p. 69-70.
[littérature]
À l'arrière, se trouvait une espèce de hangar (shed) divisé souvent en trois parties : une laiterie ou «dépense», un appartement à bois de chauffage et une pièce à dîner l'été : le «fourni».
1965, Saint-Benjamin (Dorchester), AF, M. Boucher, ms. 70, p. 27.
[enquêtes]
Quand on arrive, on se déshabille pis on rentre tu-suite dans l'appartement ousqu'on va jouer [ au bingo ]. Des fois, c'est le salon que la femme a vidé, des fois, aussi, c'est la cuisine, pis même, des fois, c'est une chambre à coucher.
1968, M. Tremblay, Les belles-sœurs, p. 55.
[littérature]

Origine

Maintien d'un sens français ancien et parlers régionaux de France

Historique

Depuis 1683 au pluriel, depuis 1694 au singulier (RJ 64, p. 220 : son petit appartement); depuis 1748 en parlant d'un lieu destiné à un usage autre que l'habitation (Montréal, ANQM, gr. A. Souste, 18 mars : un grant etable en deux arpartemans [ sic ]). Héritage de France. Emprunté à l'italien appartamento au XVIe s., mais peu usuel avant le XVIIe (v. BW-5), appartement était souvent employé au pluriel à l'époque classique pour désigner un ensemble de pièces dans une demeure luxueuse (v. GougFr-1, p. 175). Mais le pluriel appartements pouvait s'appliquer, déjà au XVIIe s., à un ensemble de locaux ordinaires, aménagés sans luxe aucun (utilisé en 1659 par Marie de l'Incarnation en parlant du logement des religieuses de sa communauté, v. sa Correspondance, 1971, p. 614 : dans nos apartemens). C'est à partir de cet emploi que s'est développé le sens de «chacune des parties isolées de cloisons (d'un bâtiment)», qui paraît attesté dès 1673 dans un document de la Bretagne française : le grenier et autres appartements de la maison (v. L'HeurMoul 39). Ce n'est toutefois qu'à partir du milieu du XVIIIe s. que les lexicographes enregistrent en France l'emploi singulier d'appartement au sens de «pièce, chambre», généralement déconseillé dans les dictionnaires de DesgrGasc 1766 (p. 64, s.v. chambre) à Besch 1892 (v. en outre Gattel 1797, Landais 1853, Littré, et GLLF qui le relève chez Flaubert). Cet emploi est signalé en Normandie, en Saintonge, en Bretagne, en Haute-Loire et en Provence (v. FEW pars 7, 672b; DavTrad, s.v. apartment, citant F. Boillot ; RLiR 42, 1978, p. 156; LepNorm 141). On trouve en outre en Saintonge le sens de «compartiment dans la grange, dans le grenier» (v. FEW id.). L'influence anglaise n'est donc pas à l'origine de cet emploi, contrairement à ce qu'on a prétendu dans le passé. Le fait qu'on retrouve le mot en créole réunionnais (v. ChaudRéun 683) avec les mêmes valeurs qu'en français québécois confirme encore la filiation française du mot au Québec (v. en outre PoirAngl 55-56).

Étymon du FEW

pars

Français de référence

Équivalent(s)
pièce, compartiment, division, local, salle
Remarque(s)
De nos jours, le mot tend à désigner exclusivement comme en France une partie de maison, d'immeuble, composée de plusieurs pièces, qui sert d'habitation.
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