Vedette

abrier ou abrier (s'~) (v. trans. ou v. pron.)
[(s)abʀije]
Le mot se prononce toujours avec un [j], quel que soit le temps ou la personne.

Définition

Vieilli Mettre à couvert, abriter (contre le vent, la pluie, les éléments).
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

abriller
Citation(s) Référence(s)
Nous voila donc logez à une pointe de terre exposée à tous vents, nous mettons nostre canot derriere nous pour nous abrier, & comme nous craignions la pluye ou la neige mon hoste jette une meschante peau sur des perches, & voila nostre maison faicte.
1635, dans RJ 7, p. 200.
[archives et textes anciens]
A méme temps que cecy se passoit, sa femme accoucha toute seule sa[n]s ayde d'aucune personne, elle accoucha le matin, & sur le midy je la vey travailler, elle s'estoit retirée sous une mécha[n]te écorce qui ne l'abrioit d'aucun vent [...].
1640, dans RJ 16, p. 106.
[archives et textes anciens]
(Pour la variante abriller). Ceux qui passaient à la porte étaient les bienvenus dans leur maison. Ils mettaient tous le même empressement à tirer la meilleure chaise près du poêle. – Entrez donc vous abriller un peu. Y va mouiller! On est en chaleur dans la maison.
1934, M. Le Franc, La rivière solitaire, p. 171.
[littérature]

Commentaires

Encore relevé au cours d'enquêtes linguistiques dans les années 1970 (v. Lavoie 100).

Origine

Maintien d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) français ancien et parlers régionaux de France

Historique

Abrier, depuis 1635 (mais dès 1609, pour le dérivé abrié). Héritage de France. Cet emploi a eu cours en français du XIIIe jusqu'au XVIIe s., époque où son concurrent abriter l'a supplanté; il a été relevé dans les parlers du Nord, du Nord-Ouest, de l'Ouest et du Centre de la France (v. FEW apricare 25, 55b-56a). Besch 1847 écrit : «Ce verbe est perdu pour nous; nous l'avons remplacé par abriter, que ne connaissaient point nos pères, et qui est plus dur en même temps qu'il dérive moins naturellement d'abri. En beaucoup de provinces, surtout en Normandie, on dit encore vulgairement [...] s'abrier pour se mettre à couvert». Voir enfin TLF : «Le mot dans ce sens n'est plus usité au XXe s., excepté comme régionalisme ou comme mot de pat[ois]». L'emploi pronominal est attesté en français des XIVe et XVIe s., de même que dans les parlers manceau, poitevin, tourangeau et bourguignon (v. Godefroy, et FEW id., 56b).

Étymon du FEW

apricare
QU: 3181