Vedette

bâdrant, ante (adj.)
[bɑdʀã, ãt]
Parfois substantif.

Définition

Fam. (En parlant d'un être animé). Qui dérange, importune par sa présence, son comportement, ses propos.
[État des données: avancé]

Variante(s) graphique(s)

badrant
Citation(s) Référence(s)
Je dis au domestique du cardinal : – Y a-t-il longtemps que vous avez eu des nouvelles du comte Mercier ? – On a été six mois sans en entendre parler. Je vous dirai qu'il a été bien bâdrant pour mon maître. Il achalait le cardinal cinq ou six fois par semaine pendant qu'il était à Rome.
1892, Le Loup-Garou Montréal, 20 février, p. 2.
[presse, journaux, périodiques]
– Bonjour Narcisse, t'as l'air ben caduc, à matin. [...] - Ousque tu vas de c'train là, don, Narcisse ? lui cria, de son côté, le vieux Lanoix, se dirigeant vers l'écurie. [...] – Y vont y m'fouter la paix ? mâchonna entre ses dents le pauvre garçon impatienté. I sont plus bâdrants que des jeteux de sorts.
1904, R. Girard, Marie Calumet, p. 72-73.
[littérature]
– Vous n'êtes pas occupé ? J'ai cru voir dans le corridor une foule de personnes... – Ce ne sont que des Canayens, faut pas s'en occuper. Des achallants, des badrants. Je les sortais sur la tête, quand j'étais à l'hôtel de ville.
1932, Le Goglu, Montréal, 9 sept., p. 5.
[presse, journaux, périodiques]
– T'as eu une vraie bonne idée de venir nous voir comme ça, dit Florian. [...] – T'es pas venue avec mon oncle Raoul ? demanda Jacqueline pour dire quelque chose. – Parle-m'en pas de celui-là. Il était devenu assez bâdrant! Et pis je suis pas venue vous rendre visite : je suis revenue pour tout de bon.
1951, R. Viau, Au milieu, la montagne, p. 84.
[littérature]
– Oh! je sais ben, Armand, mais regarde comme c'est plaisant de voir un enfant. Regarde comme il est beau quand il dort sur l'épaule de son père. [/] Et Armand, farouche célibataire, clôt la discussion d'un seul jet : – Les enfants, sa mére, c'est aussi bâdrant que c'est plaisant.
1980, J. O'Neil, Cap-aux-Oies, p. 142.
[littérature]
– Mina : Ah... y a-tu faite assez chaud à vot'goût, c't'été ? – Rosalie : Assez qu'les enfants en ont faite d'la fièvre. C'est l'temps qu'çà fraîchisse, là, parce que moé, j'vas y laisser ma peau. Y sont pas t'nables : bâdrants pis rouspéteux, entends-tu...
1981, M. Laberge, C'était avant la guerre à l'Anse à Gilles, p. 75-77.
[littérature]
«À un moment donné, il nous avait conseillé, à moi et au maire, de ne plus lui en parler. Il nous avait laissé entendre que ce serait plus efficace et c'est ce qui est arrivé», confirme le retraité, qui parle de l'ancien député comme d'un homme disponible et «pas bâdrant», toujours prêt à donner un coup de pouce aux citoyens du Bas-Saguenay.
1998, Progrès-Dimanche, Chicoutimi, 8 nov., p. A46 (cité d'après Biblio Branchée).
[presse, journaux, périodiques]

Synonyme(s)

Origine

Innovation lexématique, syntagmatique, phraséologique français du Québec

Historique

Depuis 1892. Dérive sans doute de bâdrer. Dans DFQ 1985, on fait un rapprochement entre le français québécois bâdrant et le mot badren qui a été signalé au début du XXe s. dans un glossaire patois de la Picardie et qui paraît avoir une signification voisine; l'auteur commentait le mot comme suit : «Une mère dira à son enfant : Veux-tu te taire, badren ? quand celui-ci lui fera des questions auxquelles elle ne voudra pas répondre.» (Voir HaignBoul). Compte tenu que l'auteur du glossaire suggère une autre explication (il voit dans badren un diminutif d'un mot du parler local) et à la lumière de ce qui a été dit sur l'origine de bâdrer, il paraît plus plausible de voir dans bâdrant un dérivé québécois de bâdrer.
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