Vedette

dépanneur (n. m.)
[depanœʀ]

Définition

(Par métonymie, du sens 01.). Petite épicerie de proximité offrant une gamme limitée de produits d'alimentation et de consommation courante, destinée surtout aux courses rapides ou de dernière minute.
Dépanneur du coin. Dépanneur licencié, détenteur d'un permis l'autorisant à vendre de la bière, du vin et du cidre. Dépanneur ouvert 24 heures. Propriétaire de dépanneur. Vol dans un dépanneur. Aller chercher du lait, de la bière au dépanneur, chez le dépanneur.
[État des données: avancé]

Variante(s) morphologique(s)

(par abréviation, surtout dans la langue des jeunes) dep, dépanne n.m.
Citation(s) Référence(s)
Restaurant et dépanneur avec logis 5 pièces, loyer $95.
1972, La Presse, 14 avril, p. C8 (annonce).
[presse, journaux, périodiques]
Et puis, essayez donc de trouver un paquet de cigarettes, un article d'épicerie, ou de l'aspirine, durant la nuit! C'est une expérience des plus amusantes, vous verrez. Même ces comptoirs abusivement nommés «dépanneurs» ne consentent à vous aider que si vous êtes en panne avant onze heures du soir; après, nenni!
1979, Perspectives, 24 nov., p. 14.
[presse, journaux, périodiques]
J'espère qu'ils vendent d'la bière au ciel, j'me disais j'y ai tellement pris goût ici-bas j'espère qu'y a un dépanneur ouvert vingt-quatre heures j'espère qu'ils vendent d'la bière au ciel.
1980, J. Corcoran, La tête en gigue, 2002, p. 92 (chanson).
[littérature]
– Parce que c'est pas l'ambition qui me manquait. Gros pas gros, j'avais le cœur assez gros pour réussir n'importe quoi, moi, si la Grosse m'avait aidé au lieu de m'écraser. – Tiens, j'aurais aimé ça, m'occuper du magasin à plein temps. «Têt» ben qu'au lieu d'un dépanneur, on aurait une grosse épicerie aujourd'hui. Mais non.
1982, B. B. Leblanc, Tit-Cul Lavoie, p. 46-47.
[littérature]
J'l'ai rencontrée au dépanneur A s'achetait une grosse liqueur J'ai dit pourquoi du Pepsi A dit c'est parce que j'm'appelle Julie.
1993, A. Fortin, «Julie», disque Les Colocs (chanson).
[source orale]
Nous possédions [...] un dépanneur familial qui était en fonction depuis près de 50 ans. Nous étions au tout début une épicerie de quartier et nous étions pas les seuls. Beaucoup de ces petites entreprises familiales survivaient et ne se faisaient pas de concurrence déloyale, comme le font plusieurs commerces présentement. [...] Je vous pose la question, que reste-t-il aux épiceries de quartier (qui sont devenues des accommodations ou des dépanneurs) avec cette concurrence déloyale qui permette [sic] aux grandes surfaces de vendre leurs bières en dessous de [sic] prix coûtant (au dépanneur indépendant)?
2001, Le Soleil, 10 juillet, p. A11 (lettre).
[presse, journaux, périodiques]
Dans ce royaume de la poutine On s'complait dans' médiocrité Bien satisfaits de notre routine Et du bonheur pré-fabriqué «Prendrais-tu un p'tit gratteux?» Me dit l'caissier au dépanneur «Enweye le gros, sors ton p'tit deux Être millionnaire c'est le bonheur[.]»
2002, J.-Fr. Pauzé, chanson «En berne», disque compact Break syndical des Cowboys fringants (chanson).
[source orale]
(Pour la variante dep). Ce week-end, on soulignera le deuxième anniversaire du Dépanneur Sylvestre avec plusieurs activités dont une soirée portes ouvertes, samedi, où plusieurs artistes mettront leur talent au service du «Dep», qui a grandement besoin d'appui financier.
2004, Le Droit, Ottawa-Gatineau, 30 janvier, p. 14.
[presse, journaux, périodiques]

Synonyme(s)

Origine

Innovation sémantique français du Québec

Historique

Depuis 1972. Résulte d'un emploi métonymique du sens 01. Ce québécisme est passé dans l'anglais des Anglo-Québécois depuis au moins la seconde moitié des années 1980 (v. par ex. The Toronto Star, 30 juillet 1988, p. F7: Quebecers pop in to the depanneur for a bottle of wine and case of beer [titre]; cité d'après Biblio Branchée); ils l'écrivent sans l'accent aigu (depanneur) et l'abrègent souvent en dep (v. J. Dion, dans Le Devoir, 30-31 août 1997, p. A10, article consacré aux particularités de l'anglais des Anglo-Québécois: la propension de l'anglais à abréger les mots joue: la Société Radio-Canada devient Radcan, le dépanneur devient un dep, et le terme anglophone, nom comme adjectif, devient anglo; v. aussi Le Droit, Ottawa-Hull, 28 juillet 1997, p. 4). Dep, depuis 1999 (enq., FTLFQ). Abréviation empruntée à l'anglais (v. ci-dessus). Dépanne, depuis 1999 (enq., FTLFQ). Abréviation de dépanneur.

Avis et recommendation(s)

Mot recommandé par l'OLF (v. OLFAvis-4, no 538).

Données encyclopédiques

Avant les années 1990, les dépanneurs étaient les seuls établissements du secteur de l'alimentation qui se prévalaient du droit d'ouvrir leurs portes tous les jours de la semaine et en dehors des heures d'ouverture habituelles. C'est en 1969 que le Québec a adopté une première loi régissant les heures et les jours d'ouverture des établissements commerciaux. Cette loi stipulait qu'aucun client ne pouvait être admis dans un commerce certains jours de l'année (par exemple, les jours de fêtes) et certaines heures de la journée (par exemple, après 18 h les lundis, mardis et mercredis, après 21 h les jeudis et vendredis). Toutefois, plusieurs types de commerces n'étaient pas soumis à ces dispositions, dont ceux du secteur de l'alimentation qui pouvaient exercer leurs activités en dehors des heures et des jours autorisés pour les autres commerces, mais à condition que leur fonctionnement ne soit assuré dans ces cas que par un maximum de trois personnes en même temps. En pratique, ce sont donc surtout les dépanneurs (dont le fonctionnement est possible avec un personnel limité) qui ont pu se prévaloir de ce droit, ce qui explique le grand succès qu'ils ont remporté pendant plus de deux décennies. À partir des années 1990, à l'exemple des dépanneurs, les grandes épiceries et les supermarchés ont également entrepris d'ouvrir leurs portes au public tous les jours de la semaine et de prolonger leurs activités au-delà des heures usuelles. Comme pour les dépanneurs, ces établissements se sont vus soumis à une restriction selon laquelle il leur est interdit d'avoir plus de quatre personnes pour poursuivre leurs activités dès la fin des heures habituelles et en tout temps en dehors des jours habituels. Cette restriction s'applique indistinctement à tous les types de commerces de l'alimentation et elle vise à créer un équilibre relatif entre eux dans leur recherche de parts de marché. – «Loi des heures d'affaires des établissements commerciaux», dans Lois du Québec, 1969, chap. 60, p. 419-423; «Loi sur les heures et les jours d'admission dans les établissements commerciaux», dans Lois du Québec, 1991, chap. 30, p. 711-721.
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