Vedette

argents (n. m. pl.)
[aʀʒã]
Le genre féminin, qui était courant et neutre jusqu'au milieu du XXe s., est de nos jours familier et peut même être perçu comme populaire dans certains emplois. Voir Étymologie/Historique.

Définition

(Emploi critiqué). Argent, somme d'argent, crédits, fonds.
Voter, allouer, fournir des argents. Demander, obtenir des argents. Dépenser, distribuer des argents. Les argents perçus, recueillis.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[aʀʒẽ] (vieilli)
Citation(s) Référence(s)
Mr Valières [ ... ] nous fait passer par dessus toutes les règles de la Chambre pour lui voter et à plusieurs autres personnes à la suite, des argens [ sic ] qui avaient été précédement refusés [ ... ].
1825, L.-J. Papineau, dans RAPQ 1953-1955, p. 228.
[archives et textes anciens]
Ils mirent dans l'entreprise le produit de fortes hypothèques sur leurs terres, outre quelques argents tenus jusque là en réserve.
1872, Ch. Ameau [ pseud. de B. Sulte ], «Sans tambours ni trompettes. Scènes canadiennes de la vie réelle», dans Album de La Minerve, 1er février, p. 47.
[littérature]
Ruiné, Jolliet ne se voulut point avouer vaincu. L'été suivant, il s'occupa de relever son habitation, ses magasins. Des amis, des associés, un bourgeois de Québec, Vienney-Pachot, lui avaient procuré les premiers argents.
1933, A. Grandbois, Né à Québec..., p. 244.
[littérature]
«[ ... ] Nous sommes pour un gouvernement qui administre les argents du peuple pour le peuple, par le peuple.»
1944, M. Duplessis, cité dans Le Devoir, 9 août, p. 3.
[presse, journaux, périodiques]
Plus de 80 % des argents recueillis vont directement aux deux centres de grands brûlés [ ... ], 20 % sert à payer les divers frais d'administration.
1990, Journal de Rosemont, Montréal, 21 août, p. 5.
[presse, journaux, périodiques]

Commentaires

Surtout dans le vocabulaire administratif ou politique.

Origine

Maintien d'un sens français ancien et parlers régionaux de France

Historique

Voir sens 01. – Depuis 1767 (La Gazette de Québec, 17 déc., p. [2] : pour accelerer la rentrée des argens qui nous sont dûs). Condamné comme un calque de l'anglais moneys dès la première moitié du XIXe s. (par Maguire, puis par Gingras, Tardivel, Manseau, Buies, etc.), argents, au pluriel, au sens de «somme d'argent, fonds» a pourtant cours en France depuis le XVIe s. (v. Huguet; Féraud 1787 : «le peuple dit quelquefois : Il est venu retirer ses argents : il faut dire, son argent»; Boiste 1834; F. Brunot, La pensée et la langue, 1922, p. 96; encore signalé chez divers auteurs du XXe s., comme Mirbeau, Céline et Malraux (d'après ARTFL); v. aussi GeoffrZigz-1, p. 6-10, qui relève des exemples dans des publications de France dans les années 1920); il se maintient, de nos jours, dans la langue populaire (v. Robert 1985 qui souligne que le mot au sens de « monnaie» est «toujours singulier (l'argent, de l'argent), sauf dans quelques emplois populaires»). Cet emploi pluriel est également relevé dans des parlers régionaux en France, en Belgique et en Suisse (v. FEW argentum 25, 195b; v. aussi HécRouchi-3 qui relève au XIXe s. la locution montoise lever dés argens «prendre de l'argent à intérêt»). Toutefois, en dépit de cette origine française évidente, il est possible que cet usage ait été renforcé sous l'influence de l'anglais moneys qui, aujourd'hui, relève le plus souvent du vocabulaire juridique ou administratif (v. OED, s.v. money, sens 04; Harrap 1985 et Cobuild 1993, s.v. money), comme c'est le cas pour l'emploi de argents en français québécois actuel.

Étymon du FEW

argentum

Bilan métalinguistique

Emploi critiqué.
QU: 352