Vedette

atoca (n. m.)
[atɔkɒ]
Généralement au pluriel.

Définition

Arbuste nain à tiges rampantes (fam. des éricacées) qui pousse principalement dans les tourbières et qui produit des baies rougeâtres à saveur acidulée; ces baies (général. servies en confiture ou en gelée comme accompagnement de la volaille).
Aller aux atocas. Confiture(s), gelée, marmelade aux atocas, d'atocas. Dinde, poulet aux atocas. Tarte, pouding aux atocas.
[État des données: avancé]

Variante(s) phonétique(s)

[atokɑ] (dans la langue soignée)
[atakɒ]

Variante(s) graphique(s)

ataca; variantes graphiques anciennes : attoca, at(t)ocat, atocas, atoka; attaca, atouca, otoka (1757)
Citation(s) Référence(s)
Dieu nous do[ n ]na un petit fruict sauvage qu'on nomme icy Atoka; La jeunesse en alloit ramasser dans les prairies voisines, & quoy qu'il n'eust presque ny goust ny substance, la faim nous le faisoit trouver excellent : il est presque de la couleur & de la grosseur d'une petite cerise.
1656, dans RJ 43, p. 146.
[archives et textes anciens]
L'Atoca est un Fruit à Pepins, de la grosseur des Cerises. La Plante, qui est rampante dans les Marais, produit son Fruit dans l'Eau. Ce Fruit est âcre, & on en fait des Confitures.
1744, Fr. X. de Charlevoix, Histoire et description générale de la Nouvelle France, t. 3, p. 163.
[archives et textes anciens]
– Vous sauriez ? s'écria Robin qui devint rouge comme un atocas. – Oui, je sais que vous aimez une belle jeune fille, tyrannisée par ses parents et que vous êtes en train de faire un voyage de deux mille lieues pour l'enlever.
1861 (1889), H.-É. Chevalier, La Huronne, p. 277.
[littérature]
L'atocas moderne est plus gros, plus juteux et plus savoureux que la baie connue des Indiens. L'atocas cultivé produit un fruit plus doux, plus luisant et de couleur plus brillante que l'atocas sauvage.
1956, Le Lac-St-Jean, Alma, 20 déc., p. 8.
[presse, journaux, périodiques]
De toutes façons, vous étiez bien contents tous de venir vous empiffrer chez-moi [ sic ] pour le réveillon de Noël, de venir vous gaver de tourtières, d'atocas, de dindes et d'oies arrosées de sauces au vin [ ... ].
1970, P. Châtillon, Le journal d'automne de Placide Mortel, p. 82.
[littérature]

Synonyme(s)

airelle et canneberge (dans la langue savante ou soignée). Appellations régionales, v. Encyclopédie.

Origine

Emprunt d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) amérindien

Historique

Depuis 1656. D'origine iroquoienne; relevé dans la langue huronne sous les formes atoxa et toxa «petit fruit rouge» (où x rend une prononciation [kh], v. PotHuron 285; v. également ChambInd-1, p. 221). La variante toxa est attestée déjà en 1632 chez le père Sagard, sous l'orthographe toca, mais comme mot de la langue huronne : «Il y a aussi d'autres graines rouges, nommees [par les Hurons] Toca ressemblans à nos Cornioles; mais elles n'ont ny noyaux ny pepins, les Hurons les mangent crües & en mettent aussi dans leurs petits pains.» (Le grand voyage du pays des Hurons, p. 328); c'est donc à tort que cette attestation a été considérée comme étant la première du mot atoca dans l'histoire du français (v. par ex. OLFCan et Robert 1985); cp. par ailleurs tokware «atoca, canneberge, airelle coussinette» dans la langue iroquoise (v. CuoqIroq 50). Atoca a été relevé dans les parlers franco-américains de la Nouvelle-Angleterre et du Missouri (v. par ex. LockeBr 189 et McDermMiss, s.v. ataca et otoka). Il a pénétré en outre en anglais canadien où il est cependant désuet de nos jours (v. DictCan).

Données encyclopédiques

1. Sous le nom de atoca, on désigne deux variétés d'éricacées du genre Vaccinium dont les noms scientifiques sont airelle canneberge et airelle à gros fruit. L'airelle canneberge (Vaccinium oxycoccos) est répandue dans le nord de l'Amérique, de l'Europe et de l'Asie alors que l'airelle à gros fruit (Vaccinium macrocarpon) est particulière à l'Amérique du Nord, où elle fait l'objet d'une culture commerciale. La coutume de servir des atocas en accompagnement de la dinde à l'occasion de l'Action de Grâces et de la période des fêtes est originaire des États-Unis, mais déjà à l'époque de la Nouvelle-France on appréciait ces fruits en confiture ou en gelée. 2. Dans certaines régions du Canada français, l'airelle canneberge et l'airelle à gros fruit portent des noms distincts : dans Charlevoix et au Saguenay–Lac-Saint-Jean, la première variété est connue sous le nom de atoca de cran et la seconde sous celui de atoca de savane; en Acadie, on les appelle respectivement mocauque et pomme de pré.
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