Vedette

bailler (v. trans.)

Définition

Donner.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
[...] et, en baissant la voix, je leur baille l'explication de cette ressemblance bien honteuse pour moi.
1996, E. Pépin, Tambour-Babel, p. 43.
[littérature]
Peut-être lors des sérénades qu'on lui baillait du temps où son corps charriait un convoi de plaisirs sous les yeux souffrants des hommes du voisinage.
2006, E. Pépin, L'Envers du décor, p. 8.
[littérature]
C'est d'ailleurs à force d'utiliser ses services, pour des aller-venir, que le monsieur commença à lui bailler de belles paroles chaudeau sucré.
2006, E. Pépin, L'Envers du décor, p. 39.
[littérature]
Il ne bailla aucune explication.
2004, E. Pépin, Cantique des tourterelles, p. 25.
[littérature]
Josia qui dit comme ça que tu nous bailles des baboules et que tu n'es jamais allé plus loin que la route de la Traversée, du côté de Pointe-Noire...
1995, E. Pépin, Coulée d'or, p. 26.
[littérature]
Je n'ai pas à te bailler d'explications. Je suis pressée; laisse-moi passer.
1944 [2003], J. Roumain, Gouverneurs de la rosée, p. 315.
[littérature]

Répartition

  • Guadeloupe
  • Martinique
  • Guyane

Origine

Maintien d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) français ancien et parlers régionaux de France (indissociable)

Historique

Type lexical présent dans les créoles de l'aire atlantique (créole guadeloupéen, martiniquais, guyanais, louisianais). Selon Thibault 2009, Revue de linguistique romane, 116-117 «dans les créoles, le type bailler a connu une fortune extraordinaire, mais seulement dans la zone américano-caraïbe (peut-être [...] en raison du décalage temporel entre la colonisation des Antilles et celle, plus tardive, des Mascareignes) où il est devenu le verbe le plus courant pour dire donner.». Il a été inventorié à tort dans Jourdain 1956, 293 parmi les héritages de Normandie, car le verbe appartenait autrefois au français général; le sens de ''donner'' est attesté dans le Thresor de la langue française de Jean Nicot (1606), le Dictionnaire critique de la langue française de Jean-François Féraud (Marseille, Mossy 1787-1788) et le Dictionnaire de l'Académie française 1e éd. (1694), 4e éd. (1762), 6e éd. (1835). J.-P. Chauveau consacre à ce mot et à sa famille un article complet dans la refonte des «B» du FEW téléchargeable à l'adresse Analyse et traitement informatique de la langue française. L'auteur affirme: «L'équivalence entre donner et bailler a été soit fatale soit bénéfique à ce dernier. En français, il devient désuet dans le courant du 17e siècle (Vaugelas le signale 'vieilli' dès 1647), pour disparaître de l'usage commun au début du siècle suivant (voir Br 3, 106; 4, 244). A la fin du 19e siècle, il se maintient dans les parlers dialectaux à travers tout le domaine galloroman, sauf au centre du domaine d'oïl et en Wallonie. Au 20e siècle, il n'est plus que sporadique dans l'Ouest du domaine d'oïl, mais, à l'est et en francoprovençal, il est encore très vivant et, sur des zones étendues, il y a évincé le représentant de DONARE. En domaine occitan, il reste très vivant, sauf en Provence où il a presque disparu et en Gascogne où se maintient bien le représentant de DARE.». Les attestations les plus anciennes en créole datent du XVIIIe siècle, cf. Hazaël-Massieux 2008: «[...] li voire ça, li ba li soufflet» (La passion de Notre Seigneur selon St Jean en Langage Negre, env. 1720-1740 [p. 64]); traduit «voyant cela, il le gifla» (G. Hazaël-Massieux, 1994, 19). - «bas li boire» (id., 66); traduit «et lui donna à boire» (G. Hazaël-Massieux 1994, 20). 1re attestation dans une source antillaise: 1944.

Étymon du FEW

bajulare 1

Bilan métalinguistique

«(arch. et région.) donner, remettre, livrer, presenter» TLF s.v. bailler; Jourdain 1956, 293; Hazaël-Massieux 1994, 64, 66; Thibault 2009, Revue de linguistique romane,116-117.

Français de référence

Remarque(s)
En français de référence, ce sens est considéré come archaïque et régional. (v. TLF s.v. bailler).

Francophonie

Renvoi(s) aux autres zones francophones
Aussi attesté dans certaines variétés de français d'Amérique (Acadie, Louisiane) ainsi qu'en France métropolitaine (Normandie, v. Lepelley 1994).
AN: 5225