Vedette

morne (n. m.)

Définition

Colline, montagne.
Au pied d'un morne; au flanc d'un morne. Le versant du morne; la tête du morne.
[État des données: avancé]
Citation(s) Référence(s)
Nous descendîmes ainsi tout le sentier qui circulait du haut en bas du morne; puis nous rencontrâmes le grand chemin en tuf blanc qui charriait des femmes en robes fleuries, des hommes en pantalon blanc et bien lissés, des ânes chargés de sacs qui semblaient lourds, et de paniers remplis de légumes et de fruits.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 88.
[littérature]
[...] certains vendredis du mois, il se faisait conduire avant l'aube et par les chemins les plus sauvages, chez les vieux sorciers qui, dans leurs cabanes, sur les mornes, tiennent à la disposition des blancs et des nègres les pouvoirs de la magie noire.
1950, J. Zobel, La Rue Cases-Nègres, p. 277.
[littérature]
Au bout du petit matin, ce plus essentiel pays restitué à ma gourmandise, non de diffuse tendresse, mais la tourmentée concentration sensuelle du gras téton des mornes avec l'accidentel palmier comme son germe durci, la jouissance saccadée des torrents et depuis Trinité jusqu'à Grand-Rivière, la grand'lèche hystérique de la mer.
1983, A. Césaire, Cahier d'un retour au pays natal, pp. 14.
[littérature]
L'après-midi penchait lentement sur la mer, puisqu'ici le jour commence derrière le morne, apparaît sur le morne, descend le morne jusqu'à la mer sur laquelle il glisse à la suite du soleil, qui reste longtemps à vous regarder fixement en laissant bouger des couleurs tout autour, et cht! n'y est plus.
1978, J. Zobel, Les Mains pleines d'oiseaux, p. 69.
[littérature]

Répartition

  • Haïti
  • Martinique
  • Guadeloupe
  • Guyane

Origine

Emprunt d'un lexème, d'un syntagme, d'une expression (avec son sens) espagnol

Historique

Le mot apparaît à tort sans marque diatopique dans TLF, qui donne 1640 comme première attestation et précise : «Mot du créole des Antilles qui s'est répandu ensuite aux créoles de la Réunion, d'Haïti et de la Martinique [sic], d'orig. incertaine (cf. FEW t. 21, p. 15a).» Il faudrait en fait préciser qu'il appartient au français des Antilles, du Canada (att. dp. 1866 dans le fichier lexical en ligne du TLFQ; cf. encore ALEC 673, p 1, 2, 4, 109, 154 [Côte-Nord, Îles-de-la-Madeleine]) et de l'Océan Indien. Partout où il est employé, il entre dans la formation de nombreux toponymes. Son existence au Canada montre que, malgré ses origines tropicales, il devait faire partie de l'usage courant des voyageurs et des marins à l'époque coloniale. - L'étymologie de Bloch / Wartburg, reprise timidement par TLF («Peut-être issu, par altération, de l'esp. morro "monticule, rocher") mais non par FEW 21, pose des problèmes phonétiques qui restent à ce jour inexpliqués.

Bilan métalinguistique

«Les régionalismes dans La Rue Cases-Nègres (1950) de Joseph Zobel», dans A. THIBAULT (coord.), Richesses du français et géographie linguistique (vol. 2), Bruxelles : De Boeck / Duculot, 2008, pp. 282-283. – André Thibault, "Français des Antilles et français d'Amérique: les diatopismes de Joseph Zobel, auteur martiniquais", dans Revue de linguistique romane 2008, p. 119.

Francophonie

Renvoi(s) aux autres zones francophones
Aussi connu au Canada et dans l'Océan Indien.
AN: 5364